La nouvelle trap française a de quoi faire peur

Après avoir été éclipsée courant 2020 par la toute-puissante drill, la trap redore son blason avec une nouvelle génération qui a la hargne. Le style le plus emblématique et bankable du rap post-2010 revient en force en France, et surtout à ses bases posées dans chaque traphouse d’Atlanta et Memphis. Tour d’horizon de la nouvelle trap française.

Le rap sans la trap, c’est tout de même vachement moins savoureux. Popularisé dans les années 2010 en France par la pierre angulaire qu’est Or noir de Kaaris, le style se veut agressif, brut jusque dans son mixage. Du rap qui “tâche” comme on dit, susceptible de faire fuir les non-initiés.

Gapman, l’essence de la trap

Depuis peu, une nouvelle scène française se construit, avec un certain Gapman en tête de file d’une trap française qui se la joue ricaine. Des chaînes diamantées, des cups, des accords de piano simples mais transperçants, des 808 qui tabassent, des hats et des snares typiques des meilleures heures d’Atlanta, on se croirait dans le Sud des États-Unis. Pourtant, on est bien au Nord, et même à Lille plus précisément. Pas de quoi choper froid, “je crois que j’ai brûlé le stud’, faut appeler les pin-pon”.

Skefre, l’efficacité redoutable

Faites place aussi à Skefre, propulsé par un feat avec le prodige La Fève en avril dernier, qui manie la langue de Molière aussi bien que les vannes potaches. Armé de refrains bouillants et d’une certaine science de la punch qui fait mouche, Skefre incarne une trap salace, violente et pourtant légère dans son interprétation, parfois à la limite du dissonant.

TH, la saleté

Toujours la même recette : des pianos maudits, des mélodies entêtantes, des drums sobres mais rentre-dedans. TH surfe sur la prod comme s’il était né pour le faire. Adepte des contretemps, flows saccadés et autres effets de style rapologiques, tout paraît si simple. Comment ne pas froncer les sourcils lorsque la voix rageuse du rappeur de Bondy arrive sur une instru ?

Beendo Z, l’élu

Révélé par la trend Tiktok “T’as vu Beendo il est pas bête hein” l’an dernier, le petit prince du 95 a modestement nommé son premier album L’élu et on a très envie de le croire. Revenu en trombe début septembre avec “ᚷ. INSPIRÉ DE FAITS RÉELS #6”, une démonstration de force avec 3 beat switches et produit par la crème des producteurs actuels (Meel B, OZCQN, Exodus le Magnifique…), Beendo impose sa recette. Une trap chargée calibrée pour casser des nuques, contrecarrée par un flow, toujours le même, quasi en dilettante. Preuve de son statut de futur grand : “Différent” a déjà dépassé la barre des 500k vues sur YouTube en seulement dix jours.