Oops! Aucun résultat
Clique, l'émission

Mai Lan Chapiron et Régis Nkissi : guérir de la violence, de la cour d’école à la maison

L’acteur Régis Nkissi et la chanteuse Mai Lan Chapiron savent que la violence n’attend pas le nombre des années. Lui, harcelé à l’adolescence, a failli en finir. Elle a été victime d’inc*ste pendant l’enfance. Dans Clique, ils racontent comment la mode et le cinéma peuvent enseigner l’amour de soi et parlent du rôle essentiel de la prévention en milieu scolaire.

Mai Lan Chapiron : prévention et dépistage des violences sur les enfants

Mai Lan Chapiron a été victime d’inceste à l’âge de 7 ans. “En guérissant de mon traumatisme, j’ai découvert les chiffres des violences sexuelles. Cela concerne 160 000 enfants par an, deux à trois par classe.” En parallèle de sa carrière de chanteuse, elle écrit un livre éducatif sur le sujet et fonde une association pour faire de la prévention dans les écoles. Il s’agit avant tout d’informer : “les enfants victimes ne savent rien des agressions sexuelles. Ils n’ont aucun récit de référence pour comprendre ce qui leur arrive, là où un enfant frappé comprend la violence.” Pour son association, il s’agit aussi de repérer les enfants victimes au sein des classes. C’est une course contre la montre. “Il faut leur faire comprendre que ce n’est pas normal, et le plus tôt possible pour que les dommages soient moindres. Plus on comprend tôt, plus on se répare vite.

Mai Lan Chapiron intervient en milieu scolaire pour raconter son vécu et répondre aux questions que lui posent les enfants. Certaines ont de quoi dérouter. “Avec la définition que j’en donne, ils finissent toujours par me demander si une fessée est une agression sexuelle. Je leur dis qu’on n’a pas le droit de les frapper, et ils tombent des nues : ‘ah bon ?’, ‘moi mon père me frappe’, ‘et si on a fait une grosse bêtise ?’” L’autrice reprend la plume et publie Interdit de me faire mal : “je me suis rendue compte qu’une information élémentaire manquait aux enfants, alors ce livre parle des violences éducatives ordinaires.” 

24% des français estiment avoir été victimes de maltraitance dans leur enfance. “Je retrouve ces chiffres sur le terrain, les enfants me le disent eux-mêmes. J’échange aussi avec les instits, tous me disent que les élèves leur révèlent des choses de ce genre.” Dans Interdit de me faire mal, Mai Lan Chapiron n’oublie pas de parler de la violence des mots : “on n’a pas le droit de leur faire mal au corps, au cœur et à la tête. On n’a pas le droit de leur faire mal, tout court.

Pour signaler la situation d’un enfant en danger ou à risque, contactez le 119.

Régis Nkissi, sauvé par la mode et Marilyn Monroe

À 14 ans, Régis Nkissi songe au suicide. La cause : le harcèlement constant qu’il subit à l’école, et qu’il cache à sa famille. “Je mettais un masque quand je rentrais à la maison : ma mère et mes sœurs me demandaient comment était ma journée, je répondais que tout allait très bien.” Le jeune Régis est au bord du gouffre : “le harcèlement a presque éteint la lumière en moi. Comme si au fond de la grotte qu’est le corps humain, il ne restait qu’une allumette.” L’acteur assure que son histoire est monnaie courante, lui qui parle du harcèlement comme d’un “classique de l’éducation nationale.

Son salut vient en partie de son héritage. Fils d’immigrés Congolais, sa famille lui transmet la philosophie de la sape : il grandit dans l’amour des vêtements. “J’ai grandi dans le 93, mais mes parents m’ont transmis le souvenir du Congo en ébullition des années 80. Ma tante y dealait des vêtements en provenance de Paris : Comme des Garçons, Jean Paul Gaultier…” Une passion salvatrice pour reprendre confiance en soi. “J’ai compris que je me sentirais mieux avec une veste à épaulettes. Que j’arpenterais le monde d’une autre manière, qu’on ne pourrait plus rien me faire.

À 14 ans, Régis Nkissi a besoin d’une idole. Il la trouve en la personne de Marilyn Monroe, dont les films déteignent sur lui et achèvent de lui apprendre à s’aimer lui-même. “Dans ma chambre du 14e étage, la lumière s’est rallumée. J’ai commencé à écrire, je mettais le même parfum Chanel qu’elle, je mettais mes plus beaux pyjamas…” Une découverte qu’il doit à sa mère. “Sans les femmes, je ne suis rien !”

Les témoignages de Mai Lan Chapiron et Régis Nkissi sont à retrouver en podcast sur SpotifyApple Podcasts et Deezer.

Précédent

Anne Akrich, la romancière sur les traces de Kylian Mbappé

Exclusif : un agent de la DGSI témoigne à visage couvert

Suivant