Annoncé en grande pompe (et de manière cryptique) depuis quelques semaines, le treizième album de Jay-Z est enfin là. Et le rappeur revient à ce qu’il sait faire de mieux.
Quatre ans après le grandiloquent Magna Carta Holy Grail, Jay-Z revient avec 4:44. Très attendu, le rappeur de 47 ans (récemment intronisé au Hall Of Fame) a beaucoup fait parler de lui au travers de sa vie privée. Hormis la récente naissance de ses jumeaux, les nouvelles de ces dernières années ne le présentaient pas forcément sous une lumière avantageuse. De sa dispute avec sa belle-soeur Solange dans un ascenseur à l’onde de choc provoquée par le l’album Lemonade de son épouse Beyoncé (souvent considéré comme l’accusant d’infidélité), en passant par le succès timide de sa plateforme musicale Tidal, Jay Z a dû faire face à de nombreuses épreuves.
Doit-on pour autant considérer que l’artiste se retrouve au pied du mur ? Pas vraiment. Dans une industrie dominée par la trap du Sud, Migos en tête, Jay-Z revient à ce qu’il sait faire de mieux – et choisit même, si l’on s’en fie aux crédits du projet, de ré-introduire un tiret au milieu de son pseudonyme, comme à ses débuts. L’album est traversé de samples illustres (Nina Simone, Stevie Wonder, Kool And the Gang ou encore les Fugees), qui n’est pas sans rappeler l’ambiance de Watch The Throne. Côté invités, Jay-Z ne s’est pas privé non plus, comme d’habitude : Beyoncé, Frank Ocean, Damian Marley, entre autres, viennent chanter à ses côtés.
Parmi ces invités, on retrouve aussi un nom bien connu : Gloria Carter, sa mère, déjà entendue sur le fameux interlude « December 4th » du Black Album. Une présence très personnelle, symbole d’un album dans lequel Jay-Z se livre comme rarement… Depuis la sortie de 4:44, il y a quelques heures, Internet s’enflamme sur le titre du même nom, dans lequel le rappeur revient sur son adultère supposé. L’épisode, jamais vraiment confirmé (Vraie relation ? Mythologie personnelle ? Storytelling cynique pour médiatiser le couple ?) avait inspiré un album entier à Beyoncé, Lemonade… On retiendra aussi les chansons « Kill Jay-Z », une auto-critique brutale, et « The Story Of O.J. », qui revient sur l’affaire O.J. Simpson – un sujet qui a récemment inspiré deux séries exceptionnelles.
Au-delà des qualités artistiques du projet, on notera qu’une fois encore, Jay-Z utilise un album pour démontrer son business acumen incroyable et événementialiser le lancement. Après avoir annoncé sa retraite, accompagnée d’un docu et d’un concert (2004, le Black Album), s’être accolé à une sortie de film à succès (American Gangster, 2007) et avoir proposé en avant-première son album sur des smartphones (MCHG chez Samsung, 2013), Jay-Z s’associe cette fois au groupe média IHeartMedia.
Dès sa sortie, 4:44 était diffusé sur plus de 160 radios américaines et 90 web-radios partenaires. Les fans du rappeur ont pu écouter l’intégralité de l’album dès minuit, et pu profiter des commentaires audio du rappeur qui a particulièrement insisté sur l’importance du titre « 4:44 » : « C’est une chanson que j’ai écrite et qui se trouve en plein coeur de l’album, juste au centre du projet. Je me suis réveillé littéralement à 4:44 du matin pour écrire cette chanson. C’est devenu le titre de l’album, parce que c’est une chanson tellement puissante… Je pense que c’est une des meilleures chansons que j’ai jamais écrites. »