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Arts

CLIQUE FICTION : « Conversation mortelle », de Claire Lamotte

Toutes les semaines, Clique vous propose un texte de fiction, une nouvelle inédite ou un extrait de livre à paraître.
Voici cette semaine, Conversation mortelle,  une nouvelle de Claire Lamotte (dont la série littéraire « Une folle Envie de vous revoir » qu’elle avait co-écrite a déjà été présentée sur nos pages). 
En quelques mots, Conversation mortelle c’est : un huit-clos dans un appartement, une ado téméraire qui fait une rencontre inattendue, et une chute qui redonne bien le sourire. Bonne lecture ! 

 

 

J’écoute l’ascenseur qui monte. Le canapé gris velours, disposé en L, est immense et fait le tour de la pièce, face à la cheminée centrale. Je m’y blottis. Ma peau se hérisse à son contact moelleux et doux. Je suis assez fière de ma mise en scène. Même si la couleur verdâtre des coussins accentue ma blancheur cadavérique. La cabine vient de s’immobiliser au dernier étage de l’appartement. Je l’attends, offerte. Bientôt il halètera au-dessus de moi et j’aspirerai sa sève et ses baisers.

Pour l’heure, j’ai la chair de poule. Il faut bien soigner son effet. J’entends la grille de l’ascenseur grincer. Un pas, deux pas, trois pas. Un sac qui tombe. C’est le moment. Je lève les yeux.

Devant moi, une jeune fille aux longs cheveux noirs. La belle a pris la place de la bête !

Elle ne dit rien, me fixe un instant. Je vois immédiatement tout ce qu’elle a et que je n’ai pas : vingt ans de moins, la fraîcheur, la rondeur, les dents blanches, la grâce. Elle tient des clefs dans une main, dans l’autre, une pancarte : « la violence, non merci ! » Elle éclate de rire. Je me saisis prestement du dessus de lit pour cacher ma nudité et ma honte.

– Vous attendez Papa, j’imagine. Désolée.

Elle me tend la main.

– Emma, sa fille, enchantée.

Je balbutie maladroitement : Sara, une amie.

Elle part dans la cuisine. Par pudeur ou par tact ? Est-elle habituée à trouver des femmes à poil tous les jours sur le canapé ? Je me rhabille. Elle me crie au loin :

– Je fais un thé, vous en voulez ? C’est du genmeicha, du thé vert soufflé. Il est très bon, c’est papa qui l’a ramené de son dernier séjour au Japon.

J’ai l’impression d’être en consultation, je viens de subir un scanner et l’infirmière me demande si j’ai bien ma carte vitale. Comme si je ne connaissais pas le genmeicha. J’arrache mes faux cils. Il faut que je me tire d’ici. Merde, j’ai laissé mon sac dans la cuisine. Je vais être obligée de recroiser l’ado avant de pouvoir déguerpir. J’enfilerai mes chaussures plus tard, d’abord récupérer mes biens personnels.

Clic sonne la bouilloire. La petite fume nonchalamment à la fenêtre, accoudée au garde-fou. Elle a relevé ses cheveux dans un chignon retenu par un simple crayon, dévoilant une nuque fragile. Elle a tout bien préparé : la théière et deux petites tasses en terre cuite ainsi qu’une assiette de sucreries. Elle se retourne vers moi. Il n’y a pas de doute : les mêmes yeux que son père. Noirs, vifs. A ses côtés, j’ai l’impression de ressembler à une grosse vache laitière. Elle m’invite à m’asseoir et commence à servir. Je n’ai pas le courage de décliner, une tasse et je me casse ! Elle me scrute discrètement.

– J’étais à la manif. Ma première. C’est classe de se sentir un avec le groupe. J’espère qu’il y aura des retombées. Je suis montée sur les épaules d’un pote, je crois qu’un journaliste m’a prise en photo. Vous êtes sûre que vous ne voulez pas un chocolat ?

Je ne sais pas de quelle manif elle parle et de toute façon, je m’en fous.

– Non, non, c’est bon. Je ne vais pas tarder.

Elle attrape du bout de ses ongles multicolores et rongés une des petites truffes poudrées et la gobe. Je relance la conversation comme pour m’excuser.

– La pancarte, c’est vous qui l’avez faite ?

– Elle est géniale, non ! Je pense que la politesse est une arme puissante. Papa est sorti ?

Elle m’énerve.

– Non, je l’ai ligoté à son lit dans la chambre.

Elle réagit à peine, une trace de poudre chocolatée orne ses lèvres.

– Vraiment ?

– Il est descendu acheter des clopes.

En vérité nous n’avions plus de préservatifs mais je n’ai pas envie de rendre des comptes à cette pimbêche de 15 ans. Elle pouffe :

– Ah oui. On ne sait jamais quand il revient ! Et encore s’il revient…

Je regarde à travers la fenêtre la ligne du sommet des montagnes qui découpe les cieux. C’est l’hiver, lumière bleue pâle et soleil mourant. Je m’évade un instant. Je fréquente O depuis deux ans déjà. Notre relation se joue sous les portes cochères et derrière les portes discrètes des chambres d’hôtel. O est un homme de goût, cela me flatte.

Je redemande une tasse de thé à la petite. Je décide de la cuisiner à mon tour.

– Il ne m’a jamais parlé de toi. C’est étonnant, non ?

– J’imagine que vous avez d’autres chats à fouetter.

– Oui, mais ton frère, par exemple, il m’en a bien parlé.

C’est faux. Nous avons toujours tenu en respect nos vies respectives. Comme des chiens dont on attache la laisse au poteau devant l’entrée du magasin.

– C’est normal, il est malade.

Je l’avais déduit aux coups de fil qu’il recevait parfois tardivement dans la nuit. Il sortait de la chambre. J’entendais sa voix murmurer, sous une tonalité tendre et inquiète, depuis le couloir. Il revenait, le visage fermé. Une fois, il s’était montré plus prolixe : « il me reproche de ne pas être à ses côtés ! Je ne vais pas m’enterrer dans un hôpital avec lui. Au contraire, je veux lui donner envie d’en sortir ! »

– Il va mieux maintenant ?

– Le cancer est guéri mais il est sous surveillance. Tu veux une clope ?

J’accepte. Je baisse le regard. J’aperçois ses pieds qui trépignent sous la table. Elle porte un pantalon noir moulant, légèrement trop court et des doc Martens rutilantes. C’est con mais ces chaussures me donnent envie de retomber en adolescence. On tire toutes les deux une latte. Elle répond à une question que je n’ai pas posée.

– Je ne les enlève pas pour le faire chier. C’est un maniaque, tu as remarqué ?

J’avais plutôt noté son penchant pour le fétichisme des sous-vêtements mais à la vue de son intérieur, cela se recoupait. Un hédoniste bien rangé.

– Tu habites ici ?

– Chez ma mère. A Zurich. Mais je viens souvent ces derniers temps-ci. Il n’est pas toujours très dispo, je m’en fous. Et toi ?

-Non, bien sûr, je ne suis qu’une des nombreuses femmes enlevées par ton père pour ses besoins personnels.

Un ange passe. Nos mains se frôlent alors que nous écrasons simultanément nos clopes dans le cendrier. Il faudrait que je parte. Mon regard tombe sur sa pancarte échouée dans l’entrée.

– “La violence, non merci”? Tu n’a pas trouvé mieux comme slogan ? Manifester la bouche en cœur face à une police qui détient le monopole légal de la violence, tu crois que ça va changer quoi que ce soit?

– C’est réaffirmer notre droit à la prise de parole et montrer que nous sommes en démocratie.

– Avoue que la perspective de te faire tabasser par les flics t’excitait.

Elle se marre :

– C’est toi qui dit ça! Toi que j’ai retrouvée presque menottée sur le canapé dans l’attente du retour de ton tortionnaire !

Un point pour elle.

– C’est de l’ordre privé. Le plaisir de la transgression, tu connais ?

– Oh tu fais ce que tu veux de ton cul. Moi, ça ne me regarde pas.

– Tout à l’heure, emportée par l’euphorie révolutionnaire, tu es montée sur les épaules de ton copain. Il n’y a pas mieux comme aphrodisiaque, non ? La meute en colère et le goût du sang à venir.

– Tu as des enfants ?

– Non.

– Ça se voit.

– Pourquoi tu dis ça ?

– Sinon tu ne me parlerais pas comme ça!

– J’essayais simplement de te montrer que les choses étaient plus complexes que tu ne pensais.

– Excuse-moi mais les premières fois, ça sert justement à ça. L’expérience, tu connais ?

– Si tu veux défiler devant les flics et leur demander de faire un « bon usage de la violence », vas-y ! Mais tu es grande, ne te planque pas derrière des idéaux puérils.

– Pourquoi tu m’agresses ?

– Excuse-moi, je ne sais pas. Je vois l’heure qui passe et je regrette que ton père ne vienne pas.

– Il t’a dit quand il allait revenir ?

– Dans un instant.

– J’entends ça depuis quinze ans. Si j’étais toi, je me casserai.

Elle se lève brusquement pour remettre de l’eau à chauffer.

– Tu devrais partir. Il n’y a rien à attendre de lui. Et je n’ai pas besoin de cours de philosophie. Je suis en terminale, Hobbes est au programme et je suis bonne élève.

– Si ça se trouve, il t’a croisée dans le hall d’entrée et t’as demandé de venir à sa place. Pour mieux se débarrasser de moi.

Elle vide le reste de thé dans le compost à côté de l’évier.

– Je fais du rooibos cette fois-ci, ça te va ?

Ses gestes sont sûrs et mesurés.

– Ma mère est morte il y a six mois. Un cancer fulgurant. Mais on n’a pas bougé de la maison à Zurich. J’ai 17 ans, mon frère 15. On se débrouille seuls. Quand on a envie de voir mon père, on prend le train.

La chaleur du thé m’apaise. On se rallume toutes deux une clope. A mon tour, je me confesse.

– Mes parents aussi étaient séparés. J’allais voir mon père en douce. Il habitait sur une péniche. Après le divorce, il avait perdu tous ses cheveux. Il était très blond, ses sourcils et ses cils se distinguaient à peine. On ne voyait plus que deux yeux noirs qu’un plaisantin se serait amusé à dessiner sur un oeuf. On partageait une clope ou un goûter, les deux parfois. Il me parlait de mécanique, de la beauté mécanique. Je lui parlais de Montaigne, que je découvrais. A l’heure de partir, nous montions dans son canoë jaune poussin, un peu sale. Il ramait très doucement. Mais en moins de trente secondes, je posais mes pieds sur le sol ferme. Je secouais mes vêtements pour me débarrasser de la poussière. Je l’embrassais au sommet de son crâne. La nuit tombait, la brume s’élevait. Un dernier regard échangé. Toujours les mêmes mots : « merci et bonne soirée ! » Et il retournait à la même cadence vers son bateau éclairé.

– T’es devenue prof de philo ?

Je suis surprise par sa question.

– Non, mécanicienne quantique.

– Ça existe ?

– Oui, c’est un peu compliqué à expliquer. J’aide à construire des avions sans essence, à envoyer des drones dans le passé, etc.

– Vraiment ?

– Je te fais marcher. Mais disons que je travaille dans un secteur poussé de la mécanique.

– Viens, j’ai quelque chose à te montrer.

Elle se dirige vers le bureau d’O, je la suis. Elle n’a pas de chambre ici, elle dort dans le salon quand elle vient. Mais dans la bibliothèque, une étagère entière lui est consacrée. Classeurs et boîtes diverses s’y accumulent. Elle en soulève une et l’ouvre. Dedans des grandes enveloppes en vrac.

– C’est une séance de photo que j’ai faite récemment.

Elle me tend une pochette blanche. Je m’attends à voir des nus de la gamine ou des selfies semi professionnels. C’est toute autre chose. Les planches sont en noir et blanc, presque sepia, la lumière sensuelle. Un vieil homme, nu, le corps décharné mais à la large cage throracique, contemple l’objectif. Il semble s’abandonner, confiant. Il est assis sur un tabouret, la tête posée entre ses mains. C’est cru et tendre à la fois, presque comique mais il y a une vérité, une absence de masque. On a souvent l’impression dans les photos de nu que la jeune fille vient de se faire baiser par le photographe, la goutte de sueur, trace perlée de l’amour. Là on aurait dit que c’était la mort qui venait de passer.

– Comment tu as obtenu ça ? C’est incroyable.

– C’est un photographe, un ami de mon père. Il voulait que je pose pour lui. J’ai émis une condition, qu’il accepte en échange d’être aussi mon modèle. On a enchaîné les deux séances dans son atelier.

– Tu es douée, tu devrais continuer.

– On ne regarde pas assez les vieux hommes dans notre société. Ou seulement les bêtes de pouvoir, les chefs de tribus, les sages. Je voulais montrer sa douceur. Sa féminité. Ses rides. Son sexe tombant.

– Tu as aussi les photos qu’il a faites de toi ?

– Non, elles lui appartiennent désormais. C’était donnant-donnant.

Le soleil commence à se coucher derrière les montagnes. C’est l’heure entre chien et loup. La lumière tombante invite au départ. Elle range les photos dans leur grande enveloppe pâle et me dit de but en blanc :

– Tu sais comment mes parents se sont rencontrés ?

– Non…

– Mon père était embauché comme clown dans un centre commercial de luxe de Zurich. Je ne sais plus pourquoi, une grande cause caritative : sauvez les toxicos, libérez les femmes voilées, un truc de ce genre. Il était affublé d’un gros nez rouge et suivaient les clients à leur insu en imitant leurs mimiques et gestuelles. Tu sais combien il est agile.

Je ne peux m’empêcher de rougir à cette évocation. Je vois son corps fin et athlétique s’agiter en moi. Ses petites fesses musclées. Ses jambes de grenouilles. Sa langue batailleuse. Plus végétal qu’animal. Liquide.

– Il a tout de suite repéré ma mère. Dragueur invétéré. Il a l’œil.

Elle semblait avoir oublié ma présence :

– Ma mère venait de se faire larguer, elle était prête à dégueuler la terre entière. Elle dépensait tout son fric en produits de maquillage et en autobronzants. Elle mettait sur son visage le soleil qu’elle n’avait plus dans la tête. Elle ne l’a pas tout de suite remarqué. Le chagrin rend hermétique. Peu à peu, elle a entendu des rires autour d’elle. Puis elle l’a aperçu dans le miroir devant lequel elle essayait un mascara bleu. Il était derrière elle, en train de la singer. Elle s’est retournée et lui a déversé toutes les horreurs qu’elle avait dans le crâne. C’était à cause des connards dans son genre que les femmes étaient obligées de se saigner pour se faire une beauté, « se faire une beauté ! » Au naturel, on est trop laide, c’est ça ? C’était à cause de lui que les femmes devaient se maquiller comme des voitures volées et sortir avec des types plein aux as pour pouvoir s’épiler dignement la chatte. Un public s’est amassé autour d’eux. Mon père se ratatinait sous le flot des insultes. Il en recevait pour toute la gent masculine. La direction allait devoir intervenir. Les clowns étaient censés apporter de la joie dans le magasin, pas du désordre. Et puis, à un moment, elle a dû reprendre son souffle. Il a profité de la trêve. Il s’est assuré qu’elle ne le quittait pas les yeux, a retiré son nez rouge et il lui a fait sa tête de lapin.

– Sa tête de lapin ?

– Il ne te l’a jamais faite ? Irrésistible. Il met sa bouche en cœur, rabat ses grandes oreilles, son visage devient alors un triangle inversé, ses yeux immenses et il clignote des cils. Imparable. Personne n’y résiste. Ma mère a craqué. Le type en face d’elle était peut-être supra moche (c’est vrai, il est moche quand même !), pauvre (pour faire le saltimbanque au Manor, t’imagines !) et étranger (un métèque !) mais il était incontestablement génial. Et toi, comment tu l’as rencontré ?

– C’est moi qui l’ai poursuivi ! J’admirais son travail. Je suis allée le voir après un de ses spectacles et…

– Ah oui…

Elle paraît déçue. Je ne suis donc que ça…une simple fan. Je n’insiste pas. Nous sortons de la pièce. Je lui demande où sont les toilettes. Avec tout ce thé, j’ai une furieuse envie de pisser. La deuxième porte à droite, m’indique-t-elle d’un geste nonchalant.

Assise sur la lucarne, je regarde la pièce qui m’entoure. Les chiottes sont toujours révélatrices. Je me souviens d’une de mes ex-belle-mère, reine-mère d’un clan de quatre garçons, qui avait dédié toute sa vie et son intelligence au bien-être de sa tribu de mâles. Les murs de ses toilettes étaient tapissés de photos du bonheur familial alors que tous les autres pièces de la maison étaient immaculés. J’y ai toujours vu l’aveu refoulé de ce qu’elle pensait au fond : la famille, vous faites chier ! Je souris. Chez O, il n’y a pas de photo de bambin ou de pub chicoré. Seulement un long tableau représentant une chute d’eau dans une forêt tropicale.

Quand je reviens dans la cuisine, la lumière est allumée et la fenêtre ouverte. Emma, surprise, range précipitamment son téléphone. Comme si elle avait été prise en flagrant délit (de quoi ?). Un souffle froid pénètre dans la pièce. Je m’excuse comme une idiote.

– Oh désolée !

– Ce n’est rien. J’ai ouvert. Pour apporter un peu d’air pur. Il déteste qu’on fume à l’intérieur.

– Ah oui ?

Serait-il sur le point de rentrer ? Emma ne dit plus rien, elle se dresse contre moi, le visage fermé.

– Je vais y aller. Tu lui diras que j’ai dû partir.

Je remets mes escarpins devant l’ascenseur.

– Attends, Sara, j’ai un cadeau pour toi.

Elle redevient la jeune fille « fraîche » et avenante d’il y a quelques instants. Elle me tend une des photos de la série qu’elle m’a montrée. Le vieillard se tient assis, les jambes écartés, les mains gisant à côté des genoux, le sexe non dissimulé, les épaules affaissées. La position d’un grand primate en fin de course. Seuls les yeux dénotent une pointe d’ironie et regardent avec une étrange tendresse la jeune fille qui lui vole son image.

– C’est pour toi.

– Merci Emma.

– C’était chouette de parler avec toi.

– Oui, moi aussi, j’ai bien aimé. Merci pour le thé aussi. Au revoir !

J’entre dans la cage de l’ascenseur, appuie sur le bouton zéro. Emma referme la grille et me salue de la main pendant que je descends. Je sors dans le hall, pousse la porte d’entrée. La rue m’accueille, les réverbères et les œil de bœuf au sommet des maisons sont éclairés. Une brise légère se faufile entre mes mollets. Je referme le col de mon manteau. Je traverse la route. Je vacille sur mes hauts talons. Je suis subitement prise d’un soupçon. Je me cache derrière le kiosque à journaux situé à l’angle en face de l’immeuble Et je le vois. Son élégant manteau noir. Son déhanché fluide qui me rappelle ses mouvements de rein sur moi. Son absence d’hésitation. Sa force. Il est si vivant, si beau. Emma l’attend en haut. Je pourrais me précipiter vers lui, lui demander des comptes, le retenir encore dans mes bras. Il s’engouffre à l’intérieur. Je pars sans me retourner.

 

Journal intime d’Emma

Quand Papa est rentré, j’ai fait comme si je n’avais croisé personne. Je n’ai pas mentionné la visite. Je ne lui ai pas dit : La mort t’attendait nue sur ton canapé, elle a été surprise de me voir arriver à ta place. Elle pensait que tu étais descendu acheter des clopes, que tu reviendrais vite. J’ai discuté avec elle. Elle est très amoureuse de toi. Tu tardais. Finalement, un peu lasse de n’avoir affaire qu’à une gamine, elle s’est décidée à partir. C’est à ce moment-là que je t’ai envoyé un texto pour te dire que j’étais à la maison. Et je l’ai mise gentiment à la porte.

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