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Société
Par Jalal Kahlioui

Claire, prof de maths, enseigne la géométrie avec le dab de Paul Pogba

Au collège Gabriel-Peri, à Aubervilliers (93), les élèves de 4e ont dû tester leur connaissance du théorème de Pythagore devant le triangle formé par le dab de Paul Pogba. Dans le même contrôle, ils ont aussi calculé leur niveau de swag et fait face aux triangles SCH et PNL. À l'origine de cette évaluation un peu spéciale, il y a Claire, 24 ans, professeur de mathématiques depuis deux ans. Pour Clique, elle revient sur cette évaluation, sa vision de l'Éducation nationale et nous livre ses morceaux du moment.

Un contrôle avec pour illustration le thème de Paul Pogba… Comment t’est venue cette idée ?
J’étais avec des amis et ils m’ont proposé de m’aider pour préparer ce contrôle. Quand on a commencé à réfléchir au sujet, on s’était dit qu’on allait tenter quelque chose de drôle. En imaginant les propositions, on est parti dans un délire :  l’image du dab a fait son apparition, et l’idée de le représenter par Paul Pogba est venue assez naturellement.


Paul Pogba, représentant officieux du Dab.

Est-ce que tu as hésité avant d’imprimer les sujets ?
Forcément, au départ ,je me suis demandée si j’allais l’assumer jusqu’au bout, et puis finalement je me suis dit que le résultat final était plutôt marrant et que j’allais quand même le soumettre aux élèves.

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« Le dab de Pogba est-il parfait ? »

Dans d’autres exercices, les collégiens ont pu aussi retrouver les triangles au nom des rappeurs SCH et PNL notamment. Est-ce qu’ils font partie de tes références ?
Pour tout avouer, je n’écoute pas tellement SCH ni PNL, mais je sais que pas mal de collégiens les écoutent. Ce contrôle était l’occasion de leur faire un petit clin d’oeil.

Comment est-ce que les élèves ont réagi devant l’énoncé ?
Ça les a fait surtout rire lorsqu’ils ont découvert le problème. Mais ils se sont ensuite vite concentrés sur leur travail, comme d’habitude.

Quelle relation tentes-tu d’instaurer avec tes élèves en proposant ce genre de contrôle ?
Honnêtement je n’avais pas de plan précis en tête lorsque j’ai décidé d’écrire ce contrôle.

Je savais que ça les ferait rire. Je ne me suis pas dit : « Alors il faut que je prenne telle référence, pour créer telle réaction, pour qu’ils se disent que la prof est en train de se rapprocher de nous … », ce n’était vraiment pas mon but.

Exo 2 Clique.tvUn autre exercice du contrôle de mathématiques des 4èmes du collège Gabriel-Peri d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). 

Quels ont été les retours de vos collègues, des autres membres du collège?
Mes collègues ont vraiment trouvé ça drôle. À la fois le sujet sur le dab, mais aussi le fait que ça soit autant médiatisé. Autour de moi, je n’ai eu absolument aucun retour négatif, bien au contraire.

Ce n’est pas la première fois que l’on voit des références à la culture hip-hop dans l’enseignement. Dans des énoncés de sujet de lycée qui font référence à PNL, ou des manuels d’histoires qui se servent des textes de Médine. Qu’est-ce que cela t’inspire ?
Je trouve ça cool, tant qu’on peut le faire ! 

Il y a des sujets qui sont difficilement liés aux sujets de conversation des collégiens. Mais je pense que si l’on peut le faire, ça peut donner des résultats vraiment intéressants.

Ils sont de toute façon plus accrochés quand ils se sentent plus concernés.

Tu utilises beaucoup les réseaux sociaux, et notamment Twitter, et tu as été surprise par les clichés encore tenaces sur l’éducation nationale, notamment quand elle concerne la banlieue …
Ça ne m’a pas tant étonnée que ça. C’est vrai que le 93 et les ZEP (Zone d’éducation prioritaire) devenues REP (Réseaux d’éducation prioritaires) ont toujours eu une réputation très compliquée. Mais finalement quand on y travaille, on se rend compte qu’il y a beaucoup de choses très positives. Certains commentaires m’ont atterrée aussi parce que je me suis rendue compte que les gens ont toujours quelque chose à dire sur l’Éducation nationale.

Les gens qui s’autorisent des commentaires, souvent n’y connaissent pas grand chose, et c’est l’origine de grandes confusions voire de propos insultants à la fois pour les élèves et les professeurs.

L’image des professeurs et des enseignants a beaucoup évolué ces derniers temps dans l’imaginaire collectif français, et pas forcément en bien. Qu’en penses tu ?
Ces derniers temps, dans les médias et la parole politique, les enseignants sont dénigrés.

Nous sommes souvent vus comme des flemmards, des gens qui ne veulent pas travailler ou évoluer. De ce fait les métiers de l’enseignement deviennent de moins en moins attractifs, notamment à cause de cette image peu valorisante.

Et comme on manque déjà de professeurs, les niveaux demandés au concours sont amenés à baisser. C’est comme ça qu’on entre comme ça dans un cercle vicieux, selon moi.

Comment as-tu choisi le métier d’enseignante ?
Ce n’était pas une vocation. L’attrait pour l’enseignement s’est développée au fil de mes études. J’ai fait des études de mathématiques qui m’ont passionnée, et c’est venu naturellement.

Comment ça se passe, maintenant que tu es de l’autre côté de la classe ?
Çe métier me plaît énormément. Ce n’est ni facile ni rose tous les jours, mais je continue à l’aimer.

Outre PNL ou SCH, est-ce qu’on peut connaître la playlist d’une prof de maths de 24 ans ?
En ce moment je n’ai pas de préférences particulières. Je suis en train de découvrir Kendrick Lamar, et j’aime vraiment bien ce qu’il fait. Sinon, en général, j’écoute de tout mais surtout beaucoup de reggae : j’adore ce que fait Naâman. J’adore aussi la musique classique.

La playlist de Claire :


Kendrick Lamar – « Alright ». 


Chinese Man – « I’ve Got That Tune ». 


Naâman – « Skanking Shoes ».

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