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Société

La tendance des lives PNJ, une nouvelle manière de contrôler le corps des femmes ?

“Hum ice cream so good”, si vous connaissez cette phrase, c’est que vous avez déjà entendu parler des lives PNJ (personnage-non jouable) et plus précisément de la TikTokeuse Pinky Doll. On revient avec vous sur cette trend qui fait gagner des milliers d’euros par jour à ces utilisatrices.

En jouant aux jeux vidéo, on s’est tous déjà retrouvé devant ces personnages qui ne servent à rien. Et bien, il s’agit des personnages non-jouables. Ces derniers ne sont pas contrôlables par celui qui est aux manettes, ils ont des gestes pré-déterminés par le jeu et sont généralement dociles (gardez bien en tête ce mot pour la suite).

Vous ne voyez toujours pas où on veut en venir ?

Depuis quelques semaines, des femmes et des hommes imitent en live des PNJ inlassablement pendant des heures sur TikTok. On reconnaît ces lives addictifs par leurs paroles répétitives et leurs gestes robotiques. Des actions qui ne sont pas le fruit du hasard, étant donné qu’il s’agit d’une réponse aux dons offerts par leur audience. Des présents allant d’une rose virtuelle valant quelques centimes à une centaine d’euros pour les cadeaux les plus chers. Les TikTokeuses répondent à ces présents en y associant des actions et des paroles, comme le fameux “Ice cream so good” de Pinkydoll ou “So spice” de Cherry Crush. Cette pratique étrange est plus que juteuse puisque ces influenceuses peuvent gagner jusqu’à 3000 dollars par live et 7000 dollars par jour (de quoi tout plaquer pour s’y mettre).

Une pratique pas si innocente

Dans ces lives, les influenceuses sont contrôlées comme des poupées. Des poupées, c’est exactement ce qu’elles sont, puisqu’elles concentrent tous les stéréotypes d’un jouet. Quant à leur aspect physique ? La plupart de ces femmes sont minces, ont des traits fins et une allure assez juvénile. Dans leur attitude et vestimentairement parlant, on peut les qualifier de “kawaï”, ce mot japonais qui définit une esthétique d’origine japonaise évoquant l’univers de l’enfance (couleurs pastel, personnages imaginaires, etc.).
Cette esthétique est cruciale puisqu’elle rappelle l’enfance, l’innocence, mais également l’impuissance. Ces lives de femmes “programmées” cumulent plus de 12,3 milliards de vues sur le réseau social chinois, et même si il n’est que virtuel, ce contrôle constitue une sorte de fétichisme. Cette volonté de contrôler le corps d’autrui et de la femme peut s’assimiler à un rapport de force sexuel qui comprend un dominant et un dominé.

Un business lucratif pour les influenceuses, mais pas que…

Cette trend n’est pas anodine étant donné qu’elle vient rappeler le business des camgirls, cette pratique tout droit venue des années 2000 avec l’arrivée d’Internet. Bien que cette dernière soit beaucoup plus explicite sexuellement, le principe reste le même. Des femmes sont payées pour assouvir les désirs d’internautes qui les observent à travers une caméra. Le contrôle de l’autre étant une forme de fétichisme sexuel, TikTok ne serait-il pas devenu une nouvelle plateforme de services sexualisants ? On peut aussi évoquer le choix des cadeaux émojis par TikTok, un des plus populaires est une glace, mais il y a aussi des aubergines ou encore des hot-dogs, ce qui peut renvoyer à une connotation sexuelle. À savoir que tout le monde y trouve son compte étant donné que TikTok empoche 50 % de commissions des sommes récoltées lors des lives. La plateforme n’aurait donc aucun intérêt à ce que cette activité “innocente” cesse. Une donnée intéressante lorsqu’on sait que le réseau social interdit en principe les services sexuels sur sa plateforme.

Bien que ces femmes soient totalement libres de faire ce qu’elles veulent de leur corps, TikTok devrait peut-être envisager une régulation en ce qui concerne le contenu qu’elle héberge sur sa plateforme. Son audience étant jeune, voire mineure, l’application se doit de protéger ces derniers de contenus sexualisants, mais également de potentiels comportements addictifs, proches des mécaniques de jeux d’argent.

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