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Musique

Beendo Z : « Je n’ai pas le droit de flancher »

Après la mixtape L'Élu et un single de platine pour le morceau "Pas bête" en 2022, Beendo Z a su prouver à coups de millions de streams que sa science de la rime pouvait séduire un large public. Il est désormais l’heure de la confirmation pour le rappeur du 95, symbolisée par De la fontaine, un nouvel album sorti le 13 octobre dernier. Entre célébrité naissante, trend TikTok et remodelage de sa musique, interview avec l’un des grands espoirs du rap français nouvelle génération.

Comment tu te sens pour la sortie de De la fontaine ?

Là ça va dans tous les sens dans ma tête. Il y a un peu de stress, un peu d’excitation.. On attend beaucoup de cet album, je l’ai travaillé pendant un an et demi voire deux ans. J’ai beaucoup appris en studio, j’ai travaillé avec de bons compositeurs, un super ingé son, le fait d’apprendre tout ce que j’ai appris ça m’a permis d’améliorer ma musique, d’avoir de meilleurs rendus. Sur tout un projet, j’ai hâte de voir ce que ça va donner, j’espère que ça portera ses fruits.

« Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne sais pas si je pourrai faire mieux que De la fontaine un jour, franchement. »

Sur quel point de vue as-tu amélioré ta musique ? 

J’ai essayé de m’ouvrir, on a sorti “Pas bête” dans L’Élu, il n’était pas censé sortir, je voulais le garder pour l’album et malheureusement ça a fuité, mais c’était dans cette direction artistique qu’on voulait aller. Comme « Pas bête” a pété, on a pu se permettre de prendre plus de risques, faire des sons chantés etc, mais toujours dans notre domaine. Il y a plus de prises de risques sur les prods aussi, le directeur artistique a ramené de vrais musiciens en studio pour que ça soit vraiment sur-mesure, comme sur “IFR 6” par exemple, il y a du saxophone, de la guitare électrique…


« J’ai fait beaucoup de sons qui ne sont jamais sortis. Je suis arrivé à un stade où je n’aimais plus les prods, j’arrivais pas à trouver l’inspiration dessus. » 

A quel point la prod c’est important pour toi ? 

J’ai fait beaucoup de sons qui ne sont jamais sortis. Je suis arrivé à un stade où je n’aimais plus les prods, j’arrivais pas à trouver l’inspiration dessus. Du coup j’ai décidé de composer directement avec le producteur, j’ai des instructions, des choses qui reviennent à chaque fois, dans ma tête j’ai des presets. Je sais que si tu mets un triple clap ça marche bien, je veux que la prod ne soit pas trop chargée, que ça me laisse de la place pour rapper. Même le mix, ça prend trois ou quatre heures avec l’ingé son, je lui donne mes instructions. J’ai appris à utiliser les logiciels pour m’améliorer, je sais quels effets je veux placer à certains endroits, les cuts, les reverbs… que des petits détails. C’est important de connaître ça, c’est comme ça que tu façonnes ta musique à ton image.

À quel moment as-tu compris que ta musique pouvait marcher auprès des gens ?

Y a eu le Covid. Je ne faisais rien de ma vie, j’étais que dans le foot, il fallait que je trouve un moyen de sortir de l’argent. À la base le rap c’était un délire, mais les frérots m’ont poussé à continuer, ils ont cru en moi. Je n’avais pas trop confiance, j’avais déjà fait du son mais c’était claqué. En 2021, j’ai sorti “Miami”, un son même pas mixé. Les gens ont bien aimé, c’est le premier son où j’ai sorti la gimmick “connu pour extorsion et vol à mains armées”. Je me souviens, j’étais parti au bled, et Genius avait partagé le morceau. C’est là où j’ai compris qu’il y avait quelque chose à faire, et ça a marché.

« ‘ Pas Bête’ c’est ma fierté. […] C’est un morceau que je vais chanter toute ma vie. »

Le son “Pas bête” a explosé sur TikTok, c’est là où un plus grand public te découvre. J’imagine qu’on t’en parle encore beaucoup, est-ce que c’est quelque chose qui te soûle ?

Non, “Pas bête” c’est ma fierté. Ce son, tout le monde peut l’écouter. Le fait qu’il ait explosé, ça m’a rendu fier, ça ne me soûlera jamais. C’est un morceau que je vais chanter toute ma vie. La seule chose qui me soûle c’est les gens dans la rue qui arrivent vers moi en chantant “T’as vu Beendo il est pas bête hein”, ils ne disent même pas bonjour ! (rires). Moi je suis de l’intérieur, je ne vois pas trop ce qu’il se passe autour de moi. Je n’utilise pas TikTok par exemple ! Mais si ça fait rire les gens, si ça les inspire, c’est une bonne chose. Tant que ça fait parler, c’est bien. 

Au-delà de tes morceaux très sombres, tu aimes faire des hits qui vont faire chanter les gens ? 

J’aime bien, mais j’essaye toujours de d’abord me faire plaisir à moi-même. Si je sais que ça me plaît, je pense que ça plaira à mon public aussi. “Pas bête”, je ne sais pas dans quelle case le ranger. Le morceau passe bien, mais je ne l’imagine pas en boîte. Le but c’est de procurer des émotions aux gens, leur faire oublier leur quotidien. 

Tu n’écris pas comme les autres, c’est quelque chose qui frappe tout de suite chez toi. Comment tu as travaillé ça ? 

Mon point fort c’est la rime, j’insiste sur ça. Par exemple en studio, on se pose, on écoute des prods, dès qu’il y a une prod qui me parle je commence à écrire, il me faut une phrase d’accroche, quelque chose pour bien entamer le morceau. A chaque fois je construis mes textes sur la même rime. Par exemple, je vais faire rimer “Karim” avec “la rime”, puis “arrive”, “Amin” etc, c’est comme ça que j’écris. 

« La Fève m’a impressionné dans son écriture. »

Depuis quand tu travailles autant tes textes ? 

Les sons de L’Élu, c’est des choses que j’avais écrit au tout début où je faisais du son. Pour De la fontaine, c’est presque que des sons que j’ai écrit au studio. J’ai beaucoup appris via les collaborations que j’ai faites, j’ai vu comment les autres bossent. Par exemple, avec La Fève on a fait 4 morceaux au studio, il a mis une heure à écrire, il m’a impressionné dans son écriture. La première fois que j’ai écrit directement en studio, c’était avec lui. Ça offre une nouvelle approche, tu ressens directement le feeling avec la prod, ça aide beaucoup. 

On parle de La Fève comme une future star du rap français, tu partages cette analyse ? 

Je ne sais pas s’il a envie d’avoir ce statut-là. C’est un artiste pas comme les autres, il ne se mélange pas trop lui non plus, il a son délire propre à lui, il ne va pas chercher le hit. Mais c’est un bosseur, il va être une star, c’est sûr. 

Cette nouvelle génération avec qui tu collabores (Kerchak, H la Drogue, La Fève…), malgré des univers parfois très différents, j’ai l’impression que vous êtes soudés, qu’il y a une vraie solidarité entre vous. Tu le ressens ?

Oui, je le ressens. Par rapport à avant, on est bien plus soudés. Ça reste du boulot, il faut sortir des feats, mais c’est plus familial je dirais. Derrière il y a bien sûr les managers, les producteurs qui se connaissent, ça crée des liens. 

Si tu avais un feat rêvé, qui ce serait ?  

Angèle, ou Ninho, on ne sait jamais…

Tu as 25 ans, tu es encore jeune, comment tu gères toute cette nouvelle célébrité ?

Feuneu, mon manager, m’a donné beaucoup de conseils au début par rapport à ses expériences, il m’a mis en garde pour me protéger. 

La célébrité pour toi est synonyme de danger ? 

Bien sûr. Les gens me rattachent beaucoup à “Pas bête” qui ne montre pas mon côté arrogant, ou démonstratif genre “j’ai trop d’argent”, donc ça va. Les gens pour l’instant sont bon délire avec moi. Mais il y a forcément des jaloux, des gens qui t’envient, qui veulent prendre ta place. On est jamais à l’abri, il faut faire attention, je reste les pieds sur terre. 

« J’ai beaucoup de famille au bled, elle compte sur moi. Je n’ai pas le droit de flancher ou de faire des erreurs. »

C’est important pour toi de rester la même personne malgré la célébrité ?

Je ne suis pas quelqu’un qui montre beaucoup ses émotions, je ne parle pas trop aux autres, je reste dans mon coin. Tout ça ne peut pas me faire tourner la tête. J’ai beaucoup de famille au bled, elle compte sur moi. Je n’ai pas le droit de flancher ou de faire des erreurs. Je dois ramener de l’argent pour faire monter la famille, que ce soit ici ou au bled, il faut avancer. 

Dernière question, si tu devais conseiller un de tes morceaux aux gens pour te découvrir, ce serait lequel ?

“Jordy”, c’est un bon son pour me découvrir. C’est un bon petit storytelling, j’y parle de ma vie, de moi depuis tout petit jusqu’à aujourd’hui. C’est tout moi, simple, on a pas enjolivé les choses. Ce son-là, je ne le fais pas écouter aux gens. 

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