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Clique Quote : Liza Del Sierra – « J’avais le sentiment d’être un animal de foire »

L’ancienne actrice X, aujourd’hui réalisatrice, productrice et infirmière partage son engagement pour les droits des acteurs porno, l’éducation à l’intimité numérique pour les enfants et sa volonté de toujours préserver la dignité humaine.

Habituée aux préjugés, clichés et subissant le regard des autres depuis des décennies, c’est sans apparat que l’ancienne actrice X Liza Del Sierra se présente sur le plateau de Clique pour son interview avec Mouloud Achour. 

Parfois je disais aux gens ‘jetez moi des cacahuètes puisque vous êtes au zoo!’. J’ai vraiment eu le sentiment, pendant très longtemps, d’être un animal de foire. (…) On se sent comme une merde. Les seules violences que j’ai pu vivre dans la pornographie, c’est la violence de l’État, la violence sociale.”

L’actrice s’est exilée pendant quelque temps aux États-Unis pour trouver plus de liberté mais aussi de respect et d’estime pour sa profession. De retour en France et sa carrière d’actrice arrêtée, elle s’est engagée dans la lutte pour les droits des acteurs pornographiques.

Liza Del Sierra, engagée pour les droits des acteurs pornographiques

Selon elle, Aujourd’hui l’État s’empare du “problème” mais via les positions abolitionnistes, les positions féministes anti-sexe, le fait de nier notre possibilité à consentir. Pour moi, on régresse. La pornographie est un espace de liberté, pour les consommateurs et pour les artistes qui en font. C’est devenu un espace de contraintes. Récemment on a été qualifiées de ‘poupées gonflables incapables de consentir’, par un rapport de la Commission à l’Égalité hommes-femmes. On régresse beaucoup.

Son engagement, elle le porte jusqu’au Sénat lors de la délégation aux droits des femmes en 2022, afin de faire entendre sa voix mais aussi ses droits et tenter de changer le système. Une nouvelle fois, la militante fait face à un mur cimenté par les préjugés des sénatrices.

Ma prise de parole au Sénat n’a servi à rien. Les sénatrices nous ont reproché d’être préparées. Elles pensaient qu’on était peut-être pilotées par un grand lobby du X. Je leur ai simplement expliqué que c’était un honneur d’être reçue par des sénatrices et que ça me paraissait normal de prévoir mon introduction. J’avais travaillé dur pour, en 10 minutes, expliquer à quel point moi j’avais aimé ma vie, à quel point ce qu’il s’est passé est inadmissible, humiliant et qu’il faut faire quelque chose. Pas continuer de nous écraser, de  nous nier, de nous mettre au ban de la société et d’interdire notre profession mais nous accompagner, nous encadrer, nous permettre d’avoir des agents, labelliser les productions, nous inscrire au code du travail, nous permettre de monter des sociétés qui correspondent à nos besoins, on ne peut pas être auto-entrepreneur, je vais pas facturer une sodomie !” 

D’actrice X à infirmière

 “Ils mettaient en danger les patients pour me mettre en faute »

À côté de son engagement, Liza Del Sierra retrouve son nom civil Émilie Delaunay, infirmière depuis qu’elle a construit une famille. Étudiante au moment du COVID, elle est catapultée dans un cluster de l’Oise au tout début de sa formation.

J’ai atterri dans un des clusters, dans un hôpital qui avait déjà des difficultés avant le COVID. Ma toute première nuit c’est là que je me suis dit “ça va être chaud”. J’avais 22 patients, j’étais étudiante et dans la nuit on perd 12 patients sur les 22. Le lendemain on s’est demandé comment on allait faire. On a eu des questionnements éthiques qu’on avait jamais eu avant, avec les fameuses visitesune seule personne de la famille et qui reste à la porte” alors que le monsieur a 5 enfants. Comment on en choisit un ? On a fait passer des gens par l’issue de secours. On a fait de notre mieux et on a été en confrontation avec nos cadres de notre service pour préserver la dignité humaine jusqu’au bout.”  

L’ancienne actrice garde son intégrité et ce qui relie ses deux identités c’est son désir de préserver la dignité humaine avant tout. Atterrée face au comportement de ses collègues, prêts à mettre en danger les patients pour la discréditer aux yeux de sa hiérarchie, elle démissionne : “Ils mettaient en danger les patients pour me mettre en faute. À venir détacher la ceinture d’une patiente qui est en fauteuil roulant et dire que je ne l’avais pas mise. C’est gravissime, mettre en danger le patient. Moi c’est le moment où je démissionne immédiatement. Parce que si on s’en prend au patient c’est que cela va plus loin que ne pas avoir la grille de lecture pour comprendre pourquoi j’ai fait ça. C’est vraiment vouloir me nuire.”

Militante pour l’éducation à l’intimité numérique

Aujourd’hui elle cherche des postes plus planqués, de nuit, là où elle ne croise que très peu de personnes et peut donc continuer sa vocation sans subir les discriminations et imposer l’esprit obtus de ses collègues aux patients dont elle s’occupe. 

Mère de deux enfants, elle se sent concernée par l’éducation à l’intimité numérique des plus jeunes qu’elle différencie de l’éducation sexuelle. Pour Liza Del Sierra la problématique est bien plus vaste que seulement l’accès aux films pornographiques.

Ça pose la question de l’éducation à l’intimité numérique. Il n’y a pas que le fait qu’ils vont tomber sur de la pornographie, il y a le fait qu’ils banalisent la nudité, qu’ils banalisent l’hypersexualité des jeunes filles et c’est un spectre beaucoup plus large que simplement “les jeunes regardent du porno”. Les jeunes ont vu une pub où pour vendre du gel douche ils ont vu un sein. Les jeunes ont vu une quantité de film où la femme c’est toujours la position féminine, de victime… Je pense que c’est plus vaste que ça dans l’accompagnement des jeunes.” 

Si elle a fait du X, elle est agacée par les critiques qui font d’elle la responsable de cette surexposition de la sexualité aux enfants. Sur ses réseaux, elle continue de prendre la parole afin de déconstruire les clichés autour de son ancien métier dont elle reste encore liée par ses engagements mais aussi réalisations et productions. Pour la jeune femme, fini la dissociation cognitive, elle se sent autant Émilie Delaunay que Liza Del Sierra.

L’émission est à retrouver en replay sur myCANAL et l’interview de Liza Del Sierra est disponible sur la chaîne YouTube CliqueTV.


Clique, tous les soirs en clair à 19h45 sur CANAL+. 

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