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Arts

Bad Bunny est-il devenu la plus grosse popstar mondiale ?

Depuis 2016, Bad Bunny a enregistré cinq albums, cumulé des milliards de streams et mis une large partie de la planète à ses pieds avec des morceaux qui, bien que politiquement engagés, n’en oublient jamais d’être dansants. Alors que son nouveau projet "Nadie sabe lo que va a pasar mañana" a été streamé plus de 145 millions de fois le jour de sa sortie, retour sur l’ascension complètement folle de l’homme qui a su prendre le trône de Drake au sommet des charts mondiaux. 

« Il n’y a jamais eu quelqu’un comme moi avant. Nous conquérons le monde ». En avril dernier, sur la scène de Coachella, Bad Bunny apparaissait totalement lucide. Un poil prétentieux, peut-être, mais clairement conscient d’une mainmise sur l’industrie musicale qu’il est possible de résumer en quelques informations : artiste le plus écouté au monde sur Spotify depuis trois ans, lauréat de sept Billboard Latin Music Awards 2023, des tournées à guichets fermés dans les stades du monde entier, des collaborations avec Drake, Cardi B ou Travis Scott, etc.

« Je veux que tout le monde se sente à l’aise avec ma musique, avec mes clips, dans mes concertsJ’essaie de créer un espace où tout le monde se sent bien »

Si Bad Bunny se permet d’affirmer un tel propos, c’est aussi pour une autre raison. Après tout, des mega-stars, il y en a déjà eu et il y en aura encore après lui. Non, ce qui singularise son parcours, son succès, voire même sa démarche, c’est aussi bien son ancrage géographique (Porto Rico) que stylistique. Depuis Diles, en 2016, l’homme est en effet devenu le représentant officiel du reggaeton, ce genre musical que la critique musicale a longtemps adoré détester, voire ignorer, auquel l’artiste voue une passion pleine et entière.
Aucune description de photo disponible. 50 nuances de reggaeton

Pour comprendre comment Bad Bunny est parvenu à un tel statut, il faut remonter à décembre 2016. Le Portoricain a alors 22 ans, chante dans la chorale de l’église, travaille au supermarché de Vega Baja et publie à intervalles réguliers quelques-uns de ses morceaux sur Soundcloud. Parmi eux, « Soy Peor », un titre où le Portoricain clame son amour pour les femmes et les grosses cylindrées. Classé à la 19ème place du Hot Latin Songs Chart, ce single sera toutefois le dernier de Bad Bunny à s’inscrire dans une telle esthétique. Dès 2017, il change de manager, signe sur un nouveau label et nourri désormais ses textes de réflexions sociales.

« Je veux que tout le monde se sente à l’aise avec ma musique, avec mes clips, dans mes concerts, dit-il dans une interview au Daily Show. J’essaie de créer un espace où tout le monde se sent bien ». C’est la première chose qui frappe avec sa discographie objectivement impressionnante, locomotive toute trouvée pour le renouveau reggaeton qui bouleverse actuellement l’industrie musicale. Tout y est pensé pour défendre la culture hispanique (Bad Bunny refusant presque systématiquement de chanter ou de donner des interviews en anglais), pour représenter les minorités (quand « Solo de mi » dénonce les violences domestiques, « Andrea » dresse le portrait de femmes indépendantes) et pour que l’on soit séduit par ce qui mérite d’être aimé : un refrain accrocheur, une position politique, un clip où Bad Bunny se joue de l’ambiguïté sexuelle, loin des codes machistes longtemps affiliés au reggaeton.

Aspirateur de tendances

Avec Nadie sabe lo que va a pasar mañana, streamé plus de 145 millions de fois le jour de sa sortie, 13 octobre dernier, le Portoricain continue de décloisonner le genre. Il y a déjà ces samples de Charles Aznavour et de Madonna sur « MONACO » et « VOU 787 ». Il y a aussi tous ces titres qui, entre jersey club (« CYBERTRUCK »), R&B (« LOS PITS ») et électro taillé pour faire vriller les dancefloors (« HIBIKI »), témoignent d’une autre facette de Bad Bunny, d’une indéniable faculté à s’accaparer les tendances pour mieux les reformuler dans des morceaux qui osent faire des infidélités à la rythmique typique du reggaeton – seuls « PERRO NEGRO » et « UN PREVIEW », placés en fin d’album, peuvent ici s’inscrire dans une telle esthétique.

Enfin, il y a ces velléités introspectives, à l’image de cette introduction de six minutes « NADIE SABE » (« vous ne savez rien », en VF) où, porté par des violons dramatiques, Bad Bunny revient sur son parcours, s’en prend à celles et ceux n’ayant pas cru en lui à ses débuts, et rappelle l’essentiel : « No soy trapero, ni reggaetonero ». En clair, le Portoricain n’est ni un rappeur, ni un chanteur de reggaeton : c’est une star. Potentiellement la plus grande que l’époque ait en réserve.

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