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Société
Par Justine Paolini

« Vivement 2016 », par Justine Paolini

Retrouvez, chaque semaine, la chronique de Justine Paolini.

Comme beaucoup d’entre nous, ces deux dernières semaines m’ont épuisée. LE-SSI-VÉE même. Les quinze derniers jours ont été pire qu’éprouvants et toute notre énergie a été dirigée vers nos vies à continuer. Alors qu’en vrai, on prie juste pour que cette année de merde se finisse au plus vite, et prier, mine de rien, ça pompe de l’énergie.

Le temps ne s’est arrêté que dans nos têtes, malheureusement. Il a fallu y retourner, gaiement ou presque, ou en tous cas, essayer de faire semblant d’être plein de forces pour affronter des lendemains pas très rassurants. Le gouvernement devrait annoncer des vacances générales pour tout le monde. Sauf pour l’armée et la police, s’il vous plait. Désolée.

En vrai, on resterait bien au fond du lit toute la journée à écouter Adele. J’assume, je kiffe Adele. C’est ma chanteuse-couette, elle me réconforte tout en me tenant chaud. Et je resterais bien en position fœtale à écouter Adele me faire un câlin et à réfléchir au sens du monde jusqu’à l’année prochaine. Et me bourrer la gueule au chocolat chaud.

Mais comme ce n’est pas les vacances, j’ai dû reprendre une des obligations de mon boulot : les mondanités. Je sais, y a pire dans la vie, mais je déteste ça. Je t’assure que papoter d’œuvres d’art (auxquelles tu ne comprends rien d’ailleurs) avec des gens aux coupes de cheveux asymétriques et aux vêtements aussi bizarres qu’un pantalon-jupe (ou jupe-pantalon, au choix), n’est pas NON PLUS l’activité la plus épanouissante de la terre. Surtout à deux semaines des attaques dans Paris. Je trouve toute cette mascarade, cette foire à la flatterie, si futile que je n’arrive même pas à faire semblant de m’intéresser à l’influence japonisante d’une boule en béton rouge exposée au centre de la galerie. Je ne pense qu’à UNE chose : rentrer chez moi, couper mon téléphone, et chanter « Hello » comme une tarée dans mon pyjama en pilou.

En effet, ne comptez pas trop sur moi pour améliorer la situation les gars, ça serait dangereux :

– Je ne prendrai pas les armes, je suis une hippie à la con, la violence et tous ces trucs qui font saigner, c’est pas pour moi.

– Je n’ai pas envie de partir de Paris, parce que je l’aime, je l’ai trop quittée et que cette fois, je m’étais jurée que c’était la bonne. Et les mecs sont mignons.

– J’y connais rien en géopolitique, je ne suis pas journaliste, ni militante politique, ni éducatrice, ni institutrice, ni que dalle d’un tant soit peu utile en ce moment.

– J’ai beau chercher des réponses, je ne les trouve pas. Je cherche, vraiment, mais je n’arrive pas à trouver une bonne raison valable pour tuer des gens. Quel qu’ils soient.

Il est peut-être temps d’avouer sa propre impuissance et notre incompréhension totale. On est face à l’horreur absurde et gratuite, au nihilisme le plus total. Mais quand j’ouvre les réseaux sociaux, certains se proclament experts de l’expertise en banlieue, en science politique, en stratégies de l’armée, en théologie coranique, en conspirations illuminati, en indécence racoleuse, photos à l’appui… Mais en deuil, par contre, les gens sont moins pointus.

Au lieu de brailler dans le néant virtuel, du coup, il a fallu inventer ma propre résistance. J’ai lu un peu partout qu’il fallait sortir en terrasse, aller dans des concerts et se bourrer la gueule pour conjurer le sort. Tsss les Français… N’importe quelle excuse pour picoler. En plus, j’ai personnellement un problème avec cette consigne, même trois : je suis très frileuse, agoraphobe et j’ai arrêté de boire depuis plus d’un mois. De l’alcool, évidemment, sinon je continue de m’hydrater, mais je te raconterai un autre jour. Donc, niveau résistance face au terrorisme, je veux bien qu’on me donne d’autres tuyaux, impliquant de préférence le fait de rester chez moi en jogging jusqu’en janvier, à regarder des feel-good movies avec une bouteille de limonade au pied du canapé. Jean Moulin, toutes mes excuses.

Bon je vous laisse, j’ai « La Reine des neiges » qui va commencer. La Résistance est en marche.

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