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Arts

CINÉMA : « De Bas étage », le premier long-métrage de Yassine Qnia

En mai 2019, nous rencontrions Yassine Qnia à l’occasion de la diffusion de son troisième court-métrage, F430, sur Clique TV dans l’émission Courmétrajs.
Aujourd’hui, son premier long-métrage De Bas étage, avec Soufiane Guerrab et Souheila Yacoub, sort en salles le 4 août et est présenté à Cannes, ce jeudi 15 juillet, lors de la 53ème Quinzaine des Réalisateurs.

De Bas étage, un premier long-métrage et une sincérité sans détour.

Mehdi (Soufiane Guerrab), la trentaine, est un perceur de coffres de petite envergure. Avec ses complices, il tente de s’en sortir mais leurs cambriolages en zone industrielle ne payent plus comme avant et les quelques alternatives professionnelles qui s’offrent à lui ne le séduisent pas. En pleine remise en question, il tente de reconquérir Sarah (Souheila Yacoub), mère de son petit garçon d’un an.

La bande annonce du film De Bas Étage.

Le réalisateur Yassine Qnia entraîne le spectateur aux côtés de Mehdi, un homme aussi amoureux qu’orgueilleux. Le cinéaste se focalise sur ce personnage et sur son évolution, un exercice bien plus intime à ses yeux : « Je n’essayerai pas d’avoir une vision globale sur un film comme si j’étais porteur d’un message. Parler d’une personne est, pour moi, plus profond. » Nous suivons cet homme qui se bat pour reconquérir la mère de son fils, et qui prend les mauvais chemins, les mauvaises décisions. Au plus près de lui, on assiste à ses excès de colère et d’amour, on le voit échouer, puis réessayer… « Par ses erreurs, Mehdi nous enseigne quelque chose », confie Yassine Qnia. « J’ai voulu filmer quelqu’un qui a du charisme, quelqu’un qui est beau, quelqu’un qui sait parler, qui a de la répartie. Quelqu’un dont on imagine que, s’il avait évolué dans un autre milieu, n’aurait pas la place qu’il a actuellement. »

L’endroit où Yassine Qnia a grandi, le quartier Paul Bert à Aubervilliers, traverse ses films. Plus que l’endroit lui-même, ce sont les personnes qui l’incarnent et qui y vivent qui l’inspirent le plus. À travers ses images, le réalisateur pose toujours un regard bienveillant sur la ville qu’il habite encore aujourd’hui. Comme pour ses précédents courts-métrages, il place le récit de son premier long-métrage à Aubervilliers : « Pour le film, c’était très intéressant d’ancrer la caméra dans ce quartier, parce qu’il fallait qu’il y ait aussi un changement pour Mehdi, comme si son environnement le poussait à changer, à revoir son jugement sur les choses.»

« J’avais beaucoup de choses à dire mais je n’arrivais pas à m’exprimer, alors, je me suis approprié cet outil, le cinéma. »

Le cinéma de Yassine Qnia révèle une sincérité sans détour, qui se traduit par une volonté du réalisateur de faire “simple” : « Une fois que tu comprends un peu l’outil du cinéma, tu te dis que tu peux faire des choses intéressantes. […] L’outil cinéma, c’est quand tu filmes une personne simplement. L’image et le son, tout simplement. » Dans De Bas étage, cette simplicité des images installe un cadre intimiste entre les personnages et les spectateurs, tandis que les dialogues enveloppent le film dans la pudeur. Une sobriété qui tient à coeur à Yassine Qnia et qui se traduit notamment par l’absence de musique dans ses films – « parfois, tu sens les choses sans avoir besoin d’en rajouter », explique-t-il. Pari réussi : dans ce premier long-métrage, il n’y a pas de musique et on en fait abstraction tant l’espace est occupé par les voix, les silences et les souffles des personnages.

Yassine Qnia, l’autodidacte.

Géomètre de profession, rien ne prédestinait Yassine Qnia à faire du cinéma. Et puis, en 2009, il y a eu cette phrase lancée à ses amis d’enfance, presque par défi : « il faut qu’on fasse un film, qu’on écrive des choses. » Il participe alors à un atelier cinéma de l’OMJA (Organisation en Mouvement des Jeunes d’Aubervilliers), Génération Court, parrainé par Luc Besson et Anne-Dominique Toussaint, dans lequel des jeunes qui ont envie de faire un film sont suivis pendant un an pour qu’ils puissent réaliser un film d’atelier.

C’est là qu’il rencontre Hakim Zouhani, animateur de l’OMJA et aujourd’hui producteur. C’est lui qui lui ouvrira les portes de la médiathèque. Il y aura d’abord la claque devant Les Affranchis de Martin Scorsese, puis la découverte des films de Rossellini et Pialat, qui l’ont particulièrement touché : « J’ai ainsi pu découvrir des films qui m’ont animé et m’ont donné envie de faire du cinéma, à mon tour, de manière autodidacte. »

En 2011, Yassine Qnia réalise son premier court-métrage, Fais Croquer. Il y raconte les déboires d’un jeune réalisateur, un certain Yassine, qui souhaite faire un film à Aubervilliers mais qui rencontre des complications à mener son projet à terme. Une autobiographie pleinement assumée, pour le réalisateur qui veut que « chaque film retranscrive une émotion d’un moment de la vie. » Fais Croquer obtiendra pas moins d’une douzaine de prix. En 2013, il réalisera Molii, son second court-métrage, puis F430, en 2015, qui sera diffusé sur Canal+ et Clique TV. En 2021, Yassine Qnia signe son premier long-métrage, De Bas étage.

De Bas étage, le premier long-métrage de Yassine Qnia, sera présenté le jeudi 15 juillet à Cannes lors de la 53ème Quinzaine des réalisateurs et concourt à la Caméra d’or. Le film sort en salle le 4 août 2021. 

Image à la Une : Soufiane Guerrab et Souheila Yacoub dans « De Bas étage » de Yassine Qnia

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