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Détail de l'avatar de Karim Boukercha sur TwitterSociété

QUI ES-TU… Karim Boukercha, créateur du hashtag #DesFleursPourDanielle

Karim Boukercha a été très touché par le discours de Danielle Mérian, dite "Mamie Danielle" sur BFMTV suite aux attentats du 13 novembre à Paris et de Seine-Saint-Denis. Pour la remercier, il a lancé une cagnotte pour lui envoyer des fleurs et faire des dons à des associations.

L’interview de Danielle Mérian sera diffusée ce vendredi à 20h sur Clique.TV

Qui es-tu Karim Boukercha ?
Je suis Karim Boukercha, mais pas l’autre, il ne faut pas confondre. Je suis toulousain, j’ai 30 ans, et je suis né en Algérie. Aujourd’hui je travaille dans la communication digitale, je conseille des entreprises sur l’utilisation des réseaux sociaux.

Qu’est-ce qui t’a mené à faire cette campagne ?
Ma démarche a été totalement spontanée. Je suis tombé sur sa vidéo complètement par hasard en regardant la télé, et j’ai trouvé son message bienvenu.

Les gens avaient besoin d’entendre un beau message de fraternité et d’humanisme comme celui-ci. Ce n’est pas quelque chose qu’on entend forcément ces derniers mois. Je voulais la remercier à titre personnel. J’ai cherché ses coordonnées en demandant de l’aide sur Twitter.  Dès que je les ai trouvées, j’ai cherché à en savoir plus sur elle, et j’ai découvert une militante impliquée dans beaucoup d’associations et beaucoup de combats. C’est une femme qui a un parcours de vie incroyable, qui a défendu des causes toute sa vie. J’ai décidé d’ouvrir une cagnotte, mais je ne m’attendais pas à cette ampleur. Je pensais réussir à lever 2 000 ou 3 000 euros, parce que Danielle est une militante, et que c’était pour une bonne cause.

Et finalement ?
Quand on a fermé la cagnotte le 30 novembre dernier, on était à plus de 16 000€. J’ai été agréablement surpris par l’engouement des gens. Je savais que les gens avaient bien réagi aux propos de Danielle, mais je ne m’attendais pas à un tel montant pour la cagnotte. Je suis encore surpris par la sincérité des gens qui se sont greffés à l’initiative.

Pourquoi as-tu été touché par Danielle ?
Je suis né en Algérie en 85, je suis arrivé dans un village au sud de Toulouse à l’âge de 8 ans. Je ne savais ni écrire ni parler le français. Une dame de l’âge de Danielle, chrétienne pratiquante, impliquée dans la vie paroissiale, nous a aidés moi et mes frères. C’est une dame à qui je dois beaucoup, qui nous a donné des clés. Grace à elle j’ai pu faire des études, un bac +5, j’ai pu avoir un avenir. Forcément, aider Danielle était une manière de renvoyer l’ascenseur. C’est ce qui m’a motivé quand j’ai vu les actions qu’elle faisait. Ces deux femmes avaient beaucoup de points commun, et je voulais remercier ce type de personnes, qui au delà des religions, se battent pour des causes humaines.

À travers Danielle, je pense que je voulais aussi remercier la France et ce qu’elle m’a permis de faire dans ma vie.

On a beaucoup vu et entendu Danielle, mais toi beaucoup moins…
C’est normal. Je n’ai pas du tout la volonté de me mettre en avant. Je ne voulais pas tirer profit de cette situation, c’était une démarche désintéressée. J’ai refusé pas mal de sollicitations de médias. Je n’ai rien à vendre, pas de message particulier, hormis le fait que moi en tant que français d’origine musulmane et algérienne puisse aider une femme comme Danielle, une catholique. Je n’ai aucune vocation à endosser un rôle qui n’est pas le mien.

Pourquoi offrir des fleurs à quelqu’un qui n’est pas raciste ?
Je me suis fait la réflexion après coup. Je comprends parfaitement cette remarque. En fait, à la base, ce n’était vraiment pas le message.

L’idée n’était pas de dire « Bravo Danielle t’es pas raciste » ou de la remercier en tant que musulman, mais vraiment de dire : « Regardez, il y a des gens qui véhiculent de beaux discours au quotidien ».

Cette cagnotte c’était surtout pour prouver que la fraternité commence par de petits gestes, pour valoriser et montrer qu’on peut faire quelque chose de solidaire sur les réseaux sociaux.

La solidarité c’est une quelque chose qu’on m’a appris dans la cellule familiale, la fraternité, je l’ai vécu quand je suis arrivé en France.

Tu te sers pas mal de Twitter, tu as plein de followers, est-ce que tu savais que tu lançais quelque chose de viral, c’est un objectif que tu essaies d’atteindre ?
Pas du tout. Je tweete de manière spontanée en fait. J’y suis depuis 2010, et j’ai l’impression que ça correspond à un trait de caractère que j’ai dans la vie réelle : le fait de synthétiser une pensée et de chercher la punchline. Twitter c’est parfait pour ça. Mais non, je ne cherche pas du tout la viralité. J’essaie d’être le plus spontané possible. Je ne suis pas dans cette logique de rationaliser.

Twitter ça te sert à quoi ?
Ça m’a aidé à trouver mon travail actuel déjà. J’ai un cursus plutôt éloigné de la com’, mais j’ai pu me faire un réseau sur Twitter. Après j’ai fait un choix de cloisonner mon compte Twitter avec ma vie professionnelle. Mon compte perso c’est mes opinions, je m’y exprime en tant que personne et pas en tant que salarié d’une entreprise. Je ne veux pas mettre en difficulté mes collègues. Je parle beaucoup de politique sur mon compte mais c’est un sujet clivant.

Tu fais beaucoup d’humour aussi.
Oui. Twitter a pris une grande dimension dans le débat, et amène souvent les politiques à se caricaturer. Et je méprise les caricatures en politique. Ils sont vraiment ridicules parfois, à des années lumières des préoccupations des gens. Mais je le fais sans prétention, et surtout parce que ça m’amuse.

Pour moi, l’humour est une manière de pointer les paradoxes des politiques, de caricaturer les discours des puissants.

Est-ce que tu comptes réutiliser ta popularité pour te lancer dans une autre cause ou cagnotte ?
Ça m’a toujours un peu effrayé de m’impliquer dans des causes. Je ne me pose jamais ce genre de questions. Je n’ai pas vécu de difficultés qui auraient pu me pousser à m’impliquer dans des combats. Mais je suis très attentif à toute forme d’injustice et suis ça très assidument. Je suis pas impliqué directement, mais Twitter me permet de m’exprimer.

Et ça n’a pas changé depuis cette histoire avec Danielle ?
Un peu. Danielle m’a mis des idées en tête. Je réfléchis encore. Mais pourquoi pas m’engager plus sérieusement dans les prochains mois.

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