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Photo du groupe Isaac Delusion en contre jour avec le ciel derrière (crédit Valentin Boudet)Musique
Par Laura Aronica

QUI ES-TU… Isaac Delusion

À la sortie de Midnight Sun, en 2012, on a cru à un accident musical. Aérien, épuré, presque lunaire, le premier EP d'Isaac Delusion était si réussi que l'on y a vu une prouesse isolée, impossible à reproduire. Heureusement, la prédiction était mauvaise : trois ans, un album et bientôt un Olympia plus tard, le talent du groupe a su grandir avec sa notoriété. Rencontre avec Loïc, chanteur, et Jules, aux machines.

Qui êtes-vous ?
Loïc : On est Isaac Delusion, un groupe qui fait de la musique souvent appelée « électro pop », même si nous on pense que ça va un peu plus loin. Ici présents, on a Jules, qui est aux machines, et moi, qui suis à la voix et à la guitare. On compose les morceaux à deux en général, et après on les fait tourner au reste du groupe. On est quatre, Nicolas est bassiste, et Bastien est multi-instrumentiste. Il joue des percussions, du clavier, de tout.

Aux machines, pour les non-initiés, qu’est-ce que ça veut dire ?
Jules : Je n’ai pas du tout de formation musicale. J’ai commencé à faire de la musique avec une guitare, d’ailleurs avec Loïc on se connaît depuis le collège, on a commencé un peu ensemble.

Isaac-Delusion-—-5-(crédit-Valentin-Boudet)

Lui a commencé à chanter, a développé son jeu de guitare, pendant que moi, je me suis mis à la musique électronique. Techniquement, j’envoie des signaux dans la boîte à rythmes, des effets sonores. La construction du morceaux, c’est moi qui la gère. Depuis peu, je fais du piano et de la guitare aussi.

Comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble ?
Loïc : Ça part d’une amitié. On s’est rencontré au collège à Vincennes, on allait jouer de la guitare au bois et faire du skate à la mairie…. On s’est un peu dirigé naturellement vers l’artistique. Jules a pas mal voyagé, il a fait beaucoup de vidéo. Moi pendant ce temps-là j’ai eu un groupe de folk, j’ai découvert la scène comme ça. On s’est retrouvé un jour, il y a quelques années, et on a décidé de mélanger nos univers musicaux respectifs, qui sont très différents.

Moi je suis plus folk, Jules, lui, écoute énormément de musique africaine, brésilienne, beaucoup de rap, beaucoup de hip hop.

Avec cette alliance d’influences, on essaye de faire quelque chose d’assez nouveau.

Au départ, vous composiez dans votre chambre. Comment s’est passée la transposition de vos morceaux à la scène ?
Jules : Une semaine avant notre premier live, on n’avait absolument rien. On a essayé d’adapter, au début c’était très simpliste, minimaliste. C’était une configuration presque hip hop, où il y a un DJ et un mec qui rappe-chante par-dessus.

Ça se fait de plus en plus, mais à l’époque on avait l’impression qu’on était un peu les seuls à faire ça. Ensuite on a pris des musiciens, et ça a tout changé. La musique qu’on fait est beaucoup plus live, plus énergique, vivante, maintenant qu’on est quatre. On n’avait pas prévu de faire de la scène à la base, mais aujourd’hui on a vraiment les moyens de travailler de ça, et finalement c’est presque ce qu’il y a de plus gratifiant. On ne voit pas les gens qui achètent nos albums, qui les écoutent. Alors quand on est sur scène, qu’on est en face d’eux et qu’ils nous le rendent, c’est magnifique !

Comment appréhendez-vous ce succès ?
Loïc : C’est souvent dur de se rendre compte du chemin parcouru quand on a la tête dans le guidon.

Si on prend du recul sur ce qu’on a fait pendant deux-trois ans, c’est vraiment vertigineux. On a fait une tournée aux US, on est allés en Inde, on passe à la radio, à la télé, on va faire l’Olympia.

J’ai ramé avec mon ancien groupe pendant trois-quatre ans, on jouait dans des petits rades à Paris, avec des gens qui n’écoutaient même pas. Et là, en si peu de temps, un condensé de tellement de choses. Je n’arrive même pas à réaliser, en fait. Il y a un moment où tu perds un peu la naïveté que tu as au début, t’oublies de te dire « merde, c’est un truc de ouf ce qui m’arrive ! Pince-moi ! ».

Isaac-Delusion-—-4-(crédit-Valentin-Boudet)

Jules : C’est quand même trois ans où on a tout arrêté pour la musique, du jour au lendemain.

Ça ne s’est pas fait dans la violence mais au jour le jour il y a aussi des phases où il ne se passe rien, où tu ne fais pas de concerts et tu doutes

Il y a eu des moments qui ont pu paraître difficile, mais ce n’est rien par rapport à ce que d’autres vivent.

Loïc, toi qui as connu les deux, le fait de ramer et un succès plus rapide, comment expliques-tu le fait que ça ait marché aussi vite avec Isaac ?
Loïc : C’est une corrélation de plein d’éléments favorables. Déjà, il faut être créatif, mais il faut aussi que les gens te comprennent. Si tu arrives à te faire aimer via ta créativité, c’est un premier pas. Il faut avoir des gens qui sachent vendre ta musique, te présenter, te lancer. C’est ce qui s’est passé avec Cracki Records de toute évidence. C’est un « label-collectif » de musique indépendante, avec qui on a évolué pendant presque trois ans et demi quatre ans.

Là, on arrive à la fin d’un cycle, on pense à changer de dynamique. Mais c’est eux qui nous ont écoutés en premier, nous ont encouragés, nous ont fait rencontrer Giulio Callegari de Nova, qui nous a poussés aussi.

Il faut des gens comme ça pour démarrer, pour passer la masse opaque de groupes à Paris qui végètent un peu dans le même univers.

Passer le pas du statut de « futur groupe » à celui de groupe. Je pense qu’on sort un peu de ce cocon-là maintenant, et qu’on va pouvoir révéler aux gens le vrai potentiel de nos musiques.
Jules : On faisait de la musique dans notre chambre, et on a eu la chance que ce soit la musique qui plaisait au petit microcosme qui nous a lancés à ce moment-là. C’est une des très grandes chances qu’on a eues. Même sans le vouloir, il faut être un peu dans l’air du temps. Si on sortait Midnight Sun aujourd’hui, peut-être que personne ne l’écouterait.

Isaac-Delusion-—-6-(crédit-Valentin-Boudet)

Comment on fait pour s’extraire de l’air du temps et durer ?
Loïc : Il faut mélanger ce que toi tu as envie de faire avec ce qui marche. C’est un question d’osmose bien dosée. James Blake, il ferait du piano voix ce serait un peu « crooner lover », du Elton John. Mais il sait arranger ça à sa sauce avec des arrangements électro hypers modernes, un peu minimalistes, et ça marche.
Jules: On se pose pas la question, parce que ce qui s’est passé on ne l’a jamais cherché. C’est mortel, ça plaît aux gens, on continue.

En trois ans, votre musique a beaucoup évolué ?
Loïc : Oui. Au départ, c’était très simple. Sample, basse, voix. On a continué comme ça jusqu’à l’album, qui était l’apogée de ce qu’on savait faire en terme de production. C’est des morceaux très denses, très riches.

On retourne à quelque chose de plus simple, de plus dépouillé. Moins d’artifices, plus direct.

On revient à l’essentiel. La suite de l’aventure, c’est de se recentrer sur un son particulier, un son à nous.
Jules : On continue jusqu’à juin, on est programmés au Printemps de Bourges, c’est notre première programmation en festival ! Et puis on commence déjà à enregistrer des titres pour notre prochain album. Il sortira sûrement en 2016.

Isaac Delusion sera en concert le 24 février prochain à l’Olympia, à Paris.

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