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Musique
Par Elena Amalou

Hommage à Pierre Boulez, l’homme moderne de la musique classique

Ce mercredi 6 janvier, le monde de la musique classique est endeuillé. Pierre Boulez, compositeur, chef d'orchestre et fondateur de nombreuses institutions, est décédé suite à de lourds problèmes de santé à l'âge de 90 ans.

Pour tous les musiciens, Pierre Boulez incarne l’une des figures du génie musical. Compositeur et chef d’orchestre, il est l’homme qui, avec son regard profondément avant-gardiste, a composé une musique contemporaine unique et a dirigé d’une main de maître de nombreux orchestres à travers le monde.

Ses 27 Grammy Awards ne sauraient décrire l’importance du personnage. Issu d’une école de musique comme on l’entendait à l’époque, il va très vite, grâce à son talent et à son exigence inquantifiables, se détacher de cet enseignement et casser certains codes de la musique afin de la recréer. Cela lui ouvrira les perspectives d’une musique qu’il va développer d’une manière inédite.

Pierre Boulez est aussi et peut-être avant tout un chef d’orchestre. En 1965, il dirige l’orchestre de Cleveland et livre sous sa direction des versions d’oeuvres proches de la perfection. Son oreille décrite comme l’une des plus fine du monde et sa très grande rigueur lui apportent une renommée internationale. Il participe ainsi au rayonnement de la France à l’étranger.

Pierre Boulez est un scientifique de la musique. Il va la décortiquer et s’intéresser à ses angles inexplorés, enrichissant le répertoire des musiciens classiques. Caractérisée par sa vision mathématique des choses, sa musique est extrêmement complexe. Étudiée dans toutes les écoles de musique dès lors que l’on pousse un peu son apprentissage, la musique de Pierre Boulez est difficile à comprendre pour une oreille non avertie. Son travail sur le timbre des instruments livre des oeuvres uniques où les sonorités sont mises à l’honneur. Lorsqu’un journaliste demande à Pierre Boulez si sa musique est élitiste, sa réponse (qui est une paraphrase de Jean Vilar) est représentative de ce qu’il incarne : la rigueur et l’ouverture d’esprit.

« Ma musique est élitiste, mais je veux que cette élite soit la plus large possible. »

Son influence unique, il la gardera jusqu’à sa mort. Pierre Boulez, qui incarne l’homme de la modernité musicale, deviendra fondateur et grand penseur des avancées culturelles musicales françaises. D’André Malraux à Georges Pompidou, les personnes les plus haut placées dans la société, ne l’entendent pas toujours, mais l’écoutent attentivement. La Philharmonie de Paris, la Cité de la Musique, ou même l’Opéra Bastille ont été construit sous son œil avisé.

Pour autant, Pierre Boulez n’est pas un tendre avec tous. « L’Opéra de Paris est un ghetto plein de merde et de poussière » est le genre de phrase qu’il est susceptible de dire simplement. Son côté colérique en fait l’un des polémistes principaux du paysage musical. Pourtant, ce n’est pas comme cela que ses élèves se rappellent de lui. Il a consacré une grande partie de son temps à transmettre son savoir grâce à de nombreuses années dédiées à la pédagogie. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup de tendresse que les privilégiés qui l’ont eu comme professeur s’en souviennent.

Les musiciens savaient que ce maître de la composition et de la direction était très malade. Même à 90 ans, il restait pour autant un créateur intouchable dans les esprits. Apprendre son décès aujourd’hui, c’est perdre la lumière d’un grand homme qui a dédié sa vie à la musique. Il a nourri et construit grâce à son savoir un patrimoine culturel qui nous est cher. Pierre Boulez était le dernier grand compositeur vivant du XXème siècle. Il n’emporte pas avec lui sa musique, qui sera encore jouée à jamais par les musiciens du monde entier.

Merci pour tout, Monsieur Boulez.

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