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Société
Par Jalal Kahlioui

Seule face à 300 néo-nazis, elle s’oppose avec son poing levé

Poing levé face à 300 néo-nazis en marche dans le centre-ville de Borlange en Suède, Tess Asplund a voulu montrer aux extrémistes que la rue ne leur appartient pas.

C’est une photographie où tous les protagonistes portent le crâne rasé, mais pas pour les mêmes raisons. Le temps semble s’être arrêté dans ce face à face où seul le poing levé de Tess Asplund semble pouvoir venir à bout du silence. En se mettant sur le chemin de leur marche du groupe néo-nazi « Nordic Resistance Movement » le premier mai dernier, cette femme ne pensait pas être à l’origine d’une image devenue virale dans toute la Scandinavie, et désormais dans le monde entier.

Dans la ville de Borlange, cité industrielle historiquement de gauche, l’extrême-droite est devenue depuis quelques années très active. Récemment, l’autorisation par la police du rassemblement du « Nordic Resistance Movement » (connu pour des actes de violences lors de manifestations anti-racistes à Stockholm en 2013) avait suscité de nombreuses réactions en Suède. Lié au parti d’extrême-droite des « Démocrates Suédois » qui axent leurs discours sur la lutte contre l’accueil de réfugiés notamment.

Tess Aplund, activiste de 42 ans, confie ne pas avoir prémédité son geste, inspiré par Nelson Mandela.

«Je me suis juste dit : vous ne devez pas être là. Puis l’un d’entre eux a commencé à me dévisager, et je n’ai pas baissé le regard. Il n’a rien dit, et moi non plus. Puis la police est venue m’écarter » a-t-elle dit à l’édition suédoise de The Local.

David Lagerlof est le photographe qui a saisi le cliché. Sur sa page Facebook, il raconte les dessous de cette photographie. «Je me suis demandé mais à quoi pense-t-elle ?», ajoute le photographe qui, raconte cette «bataille de regards».

Une image forte qui n’est pas sans rappeler certains clichés entrés dans l’histoire de la résistance citoyenne. En 1968, Tommie Smith et John Carlos avaient surpris le monde entier en levant leur poing gantés lors de l’hymne américain après la remise de leur médaille d’or et de bronze pour l’épreuve du 200 mètres des Jeux Olympiques de Mexico. Il s’agissait, à l’époque, d’un geste de soutien aux Black Panthers aux États-Unis en pleine lutte pour les droits civiques.

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Le cliché des deux athlètes engagés saisi par le photographe John Dominis. 

Des années plus tard, le 5 juin 1989 en Chine, un inconnu tenait tête aux tanks de l’armée chinoise à Pékin après la très forte répression subie par le mouvement démocratique. Incarné par celui que l’on nomme toujours « l’homme de Tiananmen », il était mené entre autres par les étudiants chinois qui avaient été confrontés à une intervention militaire l’avant-veille, dans la nuit.

4431319_6_a2cd_le-cliche-le-plus-celebre-a-ete-pris-par_1c1784f8c404b44dfb824bf81e581ae6-2C’est le photographe Jeff Widener qui est à l’origine de cette image devenue légendaire. 

Pour de nombreux Suédois, le courage de Tess Aplund rappelle une image restée célèbre, celle prise par le photographe Hans Runesson : « La vieille dame et son sac ». Photographie sur laquelle on peut voir une dame armée de son sac à main frapper un néo-nazi lors d’un rassemblement en 1985.

originalLe skinhead attaqué par une Suédoise, une image inscrite dans le patrimoine suédois.

En ce qui concerne Tess Almund, elle s’est dite très surprise par la couverture médiatique de son geste.
Photographie à la Une © David Lagerlof

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