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Cinéma

Le retour d’Hunger Games grâce à la mode du battle royale ?

Hunger Games revient sur nos écrans avec La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, un prequel de la trilogie mythique adapté du roman publié en 2020. Presque 10 ans après la dernière adaptation du roman originel au cinéma et la disparition totale des films de science-fiction teenage réalisés à profusion dans les années 2010, le genre tente une nouvelle apparition après l’avènement du battle royale.

Une disparition soudaine

L’annonce de la sortie du prequel Hunger Games a réveillé la nostalgie de nombreux fans, malgré la publication discrète du roman il y a 3 ans.
Lorsque la bande-annonce est sortie, non seulement le public a réalisé le coup de vieux face aux 10 ans écoulés depuis le premier film mais aussi combien ce genre a totalement déserté les salles de cinéma depuis.

Hunger Games, Divergente, Le Labyrinthe… Après l’explosion de Twilight et l’essoufflement de la vague vampire, les studios se sont dirigés vers ces blockbusters dystopiques. 

Les adolescents des années 2010 tombent alors dans ces univers à l’allure de fin du monde mettant en lien démocratie, science et libre-arbitre. Pour la première fois, on intègre des personnages jeunes dans des films grand public qui traitent de vrais problèmes de société avec une jeunesse présentée comme politisée. Que ce soit les systèmes de classe, de hiérarchie sociale, les critiques du capitalisme ou plus largement du conformisme, le public à qui s’adressent ces films est à un âge de construction identitaire et de rejet des normes, ce qui crée un match parfait. 

Comme le fait remarquer Adam Bros dans sa vidéo “La vérité derrière la disparition des sagas pour ados”, le visionnage de ces films intervient à la période de rébellion où le jeune public va associer de manière cathartique sa propre remise en cause de l’ordre politique, familiale ou du groupe, à celle présente dans le film. 

À une époque d’angoisse généralisée, on se demande comment le monde pourrait empirer avec tous les événements économiques, politiques et climatiques actuels. Selon l’Ipsos, en 2022, un adolescent français sur deux souffre de symptômes d’anxiété ou dépressifs. Des statistiques qui ne cessent d’augmenter et qui avaient déjà fait un bond avec 20% d’augmentation entre 2007 et 2012, pile à la grande époque de ces films. La chercheuse Sandra Hamiche a mené une enquête auprès de jeunes ayant consommé ce genre de divertissement et plus de la moitié d’entre eux y voyaient un message politique. Ces œuvres viseraient donc une jeunesse plus concernée et qui aurait besoin d’extérioriser cette crainte avec des mondes qui laissent une marge entre notre réalité et le pire. 

Face à l’engouement premier, les franchises épuisent le concept avec des films tombés totalement dans l’oublis comme The Mortal Instruments ou The Givers. Les plus grandes franchises n’ont pas de meilleur destin. En voulant surfer sur la même vague que Twilight et Harry Potter avec des derniers volets divisés en deux parties, pour plus de fan service et de rendement, les producteurs finissent eux aussi par perdre le soutien des fans. La dernière partie d’Hunger Games est celle qui a le moins bien marché au box-office et Divergente s’est même vu annuler son dernier volet.
La fin d’une ère qu’on ne pensait pas voir revenir… Et pourtant. 

Le retour de la hype Hunger Games 

Face aux derniers grands succès du mode battle royale, pas étonnant que les producteurs d’Hunger Games tentent une nouvelle percée cette année afin de relancer la nostalgie des fans et de rattraper l’engouement des non-initiés à la franchise. 

Le mode du battle royale apparaît pour la première fois dans le roman éponyme de Kōshun Takami en 1999. Le roman est adapté en manga mais aussi en un film réalisé par  Kinji Fukasaku, sorti en 2000. Repris dans Hunger Games, le concept inspire ensuite le monde du jeu vidéo avec Fornite qui crée un véritable consensus chez les gamers.


Traduction : « Quand ton coéquipier meurt dans Fortnite mais que t’as laissé sa mort se produire parce qu’il a tout le bon butin. »

Puis c’est l’avènement, non pas au cinéma mais dans les séries télévisées. D’abord avec Alice in Borderland puis, à peine un an plus tard, Squid Game s’impose comme la référence du genre et s’installe dans tous les salons du monde. Avec 1,5 milliards d’heures de visionnage, elle devient la série la plus regardée internationalement sur Netflix. Le succès est tel qu’on voit apparaître plusieurs adaptations controversées dans les mois qui suivent. MrBeast, 2ème YouTubeur au monde, sort une vidéo dans laquelle il met en jeu 456 000$ (référence aux 45,6 milliards de wons à la clé dans la série) et reproduit quasi à l’exactitude les différentes arènes de jeu de la série. La vidéo comptabilise plus de 530 millions de vues, la propulsant au top 1 des vidéos les plus regardées de sa chaîne. 

Il y a un mois a été annoncée la sortie de la télé-réalité Squid Game : le défi. La bande-annonce cumule plus d’1 million de vues sur Youtube, prouvant la curiosité des spectateurs sur le format. Controversée puisque reproduisant ce dont la série fait la critique même au fil de ses épisodes, le jeu télévisé sorti le 22 novembre 2023 se glisse sans difficulté dans le Top 10 Netflix en France. 456 concurrents volontaires du monde entier s’affrontent aux épreuves présentes dans la série dans l’espoir de gagner 4,56 millions de dollars, la somme la plus importante jamais mise en jeu dans l’histoire des jeux télévisés. 

Un cynique pastiche qui crée vite le malaise en voyant la critique devenir si rapidement et ironiquement réalité dans une société de consommation et de divertissement qui flirte dangereusement avec la dystopie.

Avec l’explosion du genre battle royale chez le public jeune adulte ces derniers temps, le cinéma semble timidement tenté de se glisser à nouveau dans la tendance avec ce nouvel opus Hunger Games. Il ne reste plus qu’à voir si la franchise parviendra à tenir sur le long terme et à garder la même hype sur les hypothétiques suites qu’espère le réalisateur Francis Lawrence.

Nouvelle arme fatale, le battle royale va-t-il permettre de relancer les films dystopiques pour ados ? 

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