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Musique
Par Ilyass Malki

Jul, petit prince de Facebook

Ce 15 septembre, Jul sort son nouvel album gratuit. Il sera disponible dès 19h30 sur ses deux chaînes YouTube. Pour l’occasion, Clique republie cet article signé Ilyass Malki, ôde à sa proximité avec ses fans, à son naturel et à sa gentillesse sans pareils sur les réseaux sociaux. #Teamssssang. 

Jul est plus qu’un rappeur. C’est un gourou qui a sorti quatre disques de platines en indépendant, et a su s’imposer en deux ans comme une figure essentielle du rap français. Tout ça en montant discrètement une armée de fidèles prête à prendre les armes pour le Marseillais, la #TeamJul, plus motivée que celle de Léonidas. Un génie admiré de l’équipe de France, validé par Rihanna et qui a même réussi à forcer le respect de Booba.

On va laisser de côté l’aspect musical. Chacun se fera son avis, même chez Clique les nôtres sont partagés. Personnellement, je pense qu’un artiste qui reprend Barbie Girl ne peut faire que des titres historiques. Mais, vraiment, la musique n’est peut-être pas l’aspect le plus intéressant dans le personnage de Jul.  Ce qu’il y a de fascinant est à chercher au-delà. Au-delà des chiffres de ventes, du disque de platine en trois semaines, des millions de vues sans réelle présence médiatique, au-delà même de son clash avec sa maison de disque. Ce qui fait de Jul le petit prince qu’on aime, c’est son compte Facebook qui nous le révèle.

On ne devrait pas laisser les rênes d’un compte Facebook à tous les rappeurs.

JoeyStarr en est la plus belle illustration, avec ses hashtags gênants, ses pétages de câble, et ses images sorties de vieux groupes que la décence a désertés en 2009. Le plus sage est souvent de laisser son agent s’en occuper. Entre partages d’articles et de clips, photos promo avec une punchline en légende et hashtag hasardeux pour annoncer des projets, les pages Facebook des rappeurs sont du coup souvent chiantes, mais font le travail. Quelques bonnes surprises peuvent en sortir bien sûr. Mais majoritairement, c’est loin d’être la joie.

Jul lui, comme toujours, se démarque singulièrement. Pourquoi ? Parce qu’il semble avoir complètement oublié qu’il interagissait avec autant de personnes. Ses fans sont 654 200 à l’heure où cet article est écrit, et ne font qu’augmenter. Le rappeur marseillais ne semble pas s’en rendre compte, et s’adresse à sa communauté comme aux premiers jours. Premier exemple :

Orthographe

Jul ne fait aucun effort sur l’orthographe, ça le fait cordialement chier, et il veut juste se faire comprendre. Du coup quand on lui demande pourquoi il écrit aussi mal, il répond poliment. Tout simplement. C’est là son secret. Il répond à ses fans. C’est déjà une différence énorme avec le reste des rappeurs. Il a les mains libres sur son compte, il y fait ce qu’il veut, apparemment sans réel contrôle. Ses réponses sont sans filtre, et souvent super mignonnes.

Réponses aux fans

Mais s’il ne s’agissait que de répondre aux fans sur Facebook, Magali Vaé aurait encore une carrière. Non, Jul ne fait pas que répondre, il poste aussi beaucoup. Et pas que des clips. L’un de ses plus beaux posts est récent, et il nous emmène derrière le rideau, dans l’engrenage de la machine, voir un peu comment on fabrique des disques d’or et de platine.

La cabane

Cette photo de sa cabane et ces commentaires, c’est la marque d’une sincérité naïve que les néophytes trouveront peut-être décontenançante. Il faut se laisser conquérir. Jul aime partager des petits moments de sa vie sur les réseaux sociaux. Il revient sur ce qui a changé dans sa vie, n’oublie jamais de remercier ses fidèles.

Sapetitevie

Jul pousse la complicité avec ses fans jusqu’au bout, quitte à les insulter, toujours dans un bon esprit, comme la fois où il s’est fait engueuler pour avoir porter le maillot de l’AS Monaco.

Mailllots

Il y a eu ce super moment où il a accompagné ses paroles de petits emojis bien sentis.

Emoji

Et bien sûr, les vidéos en Y, qu’il est le premier à liker.

En Y

Le public est peu habitué à se sentir aussi proche d’un artiste. Il y a souvent une distance entre la personne publique, en représentation, et les fans. DJ Khaled en a fait un business à part entière sur Snapchat. Chez Jul, la barrière est brisée. On ne suit pas son Facebook comme celui d’un artiste. Plutôt comme celui d’un pote du lycée qui a percé dans le rap, mais qui continue à placer des joyeux Noël « pour ceux en prison ou aux foyer fille ou garcon ». Jul ne s’est pas contenté de bousculer toute l’industrie du rap, il a aussi redéfini sa communication. Il n’est peut-être pas encore tout à fait sur le trône, mais c’est vraiment un prince.

Mercé.

Cet article a été publié le 20 janvier 2016.

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