Paola Locatelli et Charlotte Vautier, la journaliste qui donne la parole aux marginaux

Humoriste et écrivain, Mourad Winter est devenu réalisateur pour adapter son roman L’amour, c’est surcoté au cinéma. Il a choisi Hakim Jemili, lui aussi humoriste, pour tenir le premier rôle. Ensemble, ils évoquent la difficulté de faire de l’humour sur les réseaux sociaux, leur définition de l’engagement et déclarent leur flamme à Laura Felpin.
Humour et réseaux sociaux
Mourad Winter et Hakim Jemili ont grandi avec les réseaux sociaux. S’ils en ont logiquement fait une tribune privilégiée pour blaguer et entretenir un lien avec leurs publics, ils y sont beaucoup moins actifs depuis quelque temps. Notamment Mourad Winter, qui avait pour habitude de tourner l’actualité en dérision. “Aujourd’hui, j’aurais l’impression d’alimenter des mauvaises ondes. L’actualité est devenue vraiment anxiogène. C’est dommage parce que ça permettait aussi de tester des blagues, mais je pense qu’il faut déconnecter.” D’après Hakim Jemili, la virulence des haters n’aide pas. “À chaque fois que je poste, je reçois des torrents de haine. Peu importe le sujet, d’ailleurs.”
Pas de quoi leur donner envie de dire adieu à l’humour : l’un comme l’autre n’envisagent pas leur vie autrement. “Ça fait peur, mais si tu arrêtes, tu donnes raison à ceux qui veulent te faire taire”, martèle le réalisateur. “Je pense qu’il faut continuer à vanner sans s’excuser. On est au pays de Charlie et il n’y a pas plus Charlie que de rire de tout, alors il faut y aller à fond.” Hakim Jemili se veut confiant. “Il faut persister, je pense que cette vague de haine va passer. Il faut continuer à écrire des textes, à s’engager tout en essayant de ne blesser personne. Je suis obligé de continuer, c’est ce qui m’a amené où j’en suis aujourd’hui.”
Internet a joué un rôle capital dans la construction de Mourad Winter. “Les années 90 et le début des années 2000, c’est la meilleure époque de l’histoire. On avait à la fois le confort des nouvelles technologies et une légèreté que je retrouve de moins en moins.” C’est sur Facebook, au début de l’ère des réseaux sociaux qu’il rode ses premières blagues. “Les réseaux m’ont permis de me tester sans avoir à monter sur scène. Ils m’ont donné un premier public et les likes m’ont fait prendre confiance en mon écriture.” À la faveur du premier confinement, l’auteur confiant prend la plume et publie L’amour, c’est surcoté en 2021. Quatre ans plus tard, il passe derrière la caméra pour adapter lui-même son œuvre à l’écran.
« Certaines friendzones se terminent en mariage »
— CLIQUE (@cliquetv) April 22, 2025
Hakim Jemili et Mourad Winter répondent à l’interview « L’amour c’est surcoté ». pic.twitter.com/DZ53j2eKV6
L’amour selon Mourad Winter et Hakim Jemili
Le roman de Mourad Winter raconte l’amour du point de vue de la jeunesse d’aujourd’hui, loin du cliché de la romcom Américaine trop propre sur elle. C’est le résultat du travail d’un auteur proche de son sujet, qui écrit à l’instinct : “j’ai écrit ce que je voudrais lire. Je ne me suis pas demandé si j’étais plus proche de Coup de foudre à Notting Hill ou de La Haine, je n’avais pas envie de mettre les personnages dans une case. J’avais juste envie qu’ils s’aiment.” Pour adapter sa romance au cinéma, il a su voir en Hakim Jemili autre chose qu’un pur comique. “Il est extrêmement sensible et tendre. Pour un réalisateur, c’est parfait.” L’intéressé a adoré l’expérience : “Je n’avais jamais joué un amoureux alors que c’est quelque chose que j’ai en moi. Résultat, c’est le film que j’ai pris le plus de plaisir à jouer.”
Tous deux trentenaires, Hakim Jemili et Mourad Winter disent avoir beaucoup évolué dans leur vision de l’amour, des rapports homme-femme et de la masculinité. Assument-ils de pleurer ? “Souvent” confesse Hakim Jemili, qui a pourtant grandi dans une culture qui le poussait à masquer ses émotions. Mourad Winter l’avoue, hors défaite en finale de Coupe du monde, il se cache encore pour se lâcher. Sur le sujet épineux de la friendzone, enfin, Hakim Jemili a appris une leçon précieuse : “La friendzone est sous-cotée, le rejet pousse à évoluer. Et puis je ne croyais pas à l’amitié homme-femme, mais je me suis rendu compte que c’est possible.”
L’interview d’Hakim Jemili et Mourad Winter est disponible en replay sur myCANAL.