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Clique, l'émission

François Molins, ex-procureur de la République : les pires cas terroristes qu’il a vécu

À la tête du parquet de Paris de 2011 à 2018, François Molins a été le visage national de la lutte contre le terrorisme. Dans Clique, le procureur le plus célèbre de France livre son analyse des meurtres de Nantes et de La Grand-Combe, raconte de l’intérieur les attentats qui ont frappé la France et transmet un message de tolérance entre communautés.

L’ex-procureur face à l’actualité

Le 24 avril, un lycéen Nantais a attaqué plusieurs de ses camarades au couteau, tuant une élève et en blessant trois autres. Les réactions abondent et une multitude de motifs sont prêtés au coupable présumé. François Molins se méfie de cette surenchère : “la victime a reçu 57 coups de couteau, mais cet acharnement ne prouve pas grand chose. Il peut autant indiquer une préméditation que des troubles psychologiques majeurs.” Après quelques heures de garde à vue, les experts psychiatres ont déterminé que l’état psychique du suspect était incompatible avec la détention. La question de sa maîtrise de son geste reste en suspens. Pour l’ex-procureur, ce cas soulève une question mal traitée : celle de la santé mentale des jeunes. “Il faut parfois attendre 8 à 10 mois pour un rendez-vous. C’est l’occasion d’attirer l’attention sur un sujet qui mérite plus d’efforts des pouvoirs publics.

Dans le cas du meurtre d’Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée du Gard, certains qualifient déjà le drame d’attentat terroriste. Pour François Molins, “la notion de terrorisme est utilisée à toutes les sauces : écoterrorisme, narcoterrorisme… Ça n’est pas aux hommes politiques de qualifier l’acte, l’enquête est conduite par un procureur.” Il tient à dénoncer cette bataille sémantique, qu’il juge contreproductive. “Chacun veut s’exprimer très vite, si possible être le premier, et trouver la formule choc qui va résumer un événement dont on ne sait rien.” Inutile de se quereller éternellement sur des mots, alors que “le caractère anti-musulman et islamophobe du crime est évident.” 

La lutte contre le terrorisme

François Molins fait autorité en matière de terrorisme : entre 2012 et 2016, il a eu à se saisir des cas les plus dramatiques de l’histoire de France. Comme lors des attentats perpétrés par Mohammed Merah, qui a tué plusieurs militaires avant de s’en prendre à une école juive en 2012 : “il aurait pu être arrêté plus tôt, mais les services de renseignements l’ont sous-estimé. Ils savaient qu’il était parti au Pakistan pour se former et pensaient pouvoir en faire un indicateur.” Cet échec a été fondateur dans la lutte contre le terrorisme en France. “Les services de renseignements ont été profondément réorganisés. L’année suivante était créée la DGSI, qui s’est montrée bien plus efficace.” Par la suite, “plus d’une dizaine” de projets d’attentat ont été déjoués.

Certains attentats échappent encore à la vigilance des services de renseignements. C’est le cas en 2015, d’abord le 7 janvier avec l’attentat de Charlie Hebdo. Le rôle de François Molins est aussi un rôle de terrain : pour récolter des informations, il se rend sur la scène du crime. “Ce qui me reste en tête jusqu’à aujourd’hui, c’est l’odeur du sang et de la poudre.” Le 13 novembre, les attentats de Paris confirment que la menace terroriste est omniprésente. “À l’époque, la France est la cible numéro 1. Elle fait partie de la coalition contre Daech, est traversée par le débat autour du voile… Les victimes sont ciblées du seul fait de leur appartenance à la communauté Française.” François Molins se rend au Bataclan le soir du drame. “On ne s’en remet pas, on vit avec. Ça vaut pour tous ceux qui sont intervenus. On n’est plus le même après avoir vu ça.” 

Malgré tout, l’ex-procureur n’a jamais fait l’erreur de traiter le terrorisme comme une question religieuse. “Ce ne sont pas les religions qui suscitent le terrorisme, mais la manipulation des religions par des extrémistes. Cette version de l’islam est à l’opposé de sa réalité.” L’objectif : diviser, attiser la haine entre communautés et instaurer un climat de guerre civile. Dix ans plus tard, le meurtre d’Aboubakar Cissé doit nous alerter. “Les actes commis pour des raisons ethniques ou religieuses se multiplient. Il faut réapprendre à vivre ensemble, à respecter la religion des autres quelle qu’elle soit.” Avec le recul de ses décennies de carrière, François Molins sait que l’espoir est permis : “les attentats des années 2010 étaient encore plus graves. Pourtant, la société a résisté.

L’entretien avec François Molins est à retrouver en intégralité sur myCANAL.

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