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VIDÉO : La communauté asiatique de France prend la parole pour s’attaquer aux clichés

Au téléphone, Hélène Lam Trong est presque étonnée qu’on la sollicite. « Il y a beaucoup de médias qui m’appellent ! Je ne m’y attendais pas ! » s’exclame-t-elle. Il est vrai qu’en tant que journaliste télé, elle a plutôt l’habitude de la démarche inverse.

Mais la vidéo qu’elle a réalisée a tous les ingrédients d’une campagne virale : un message fort – un appel aux Asiatiques de France à se rendre visibles – et l’alliance de célébrités et d’anonymes bien décidés à le faire entendre :


La vidéo, postée sur la page Facebook « AsiatiquesdeFrance » ce jeudi, s’ouvre sur plusieurs personnes d’origine asiatique, qu’il s’agisse d’inconnus ou de figures publiques. Parmi ces dernières, on compte le comédien Frédéric Chau, le chef auvergnat Pierre Sang, la chanteuse Anggun, le jeune entrepreneur Paul Duan, le footballeur Alphonse Areola, l’acteur-réalisateur Steve Tran ou encore les journalistes Émilie Tran Nguyen et Raphal Yem. Ils reprennent, à voix haute et face caméra, les clichés qu’on leur appose (de « Tu dois bien savoir masser » à « Eh ben salut Bruce Lee! », en passant par « ce qui est bien avec les Asiatiques, c’est que vous êtes discrets, vous ne faites pas de vagues »).


Clique by Pierre Sang : le chef nous fait part de ses coups de cœurs culturels.

Vient ensuite un rappel à l’Histoire, appuyé par des images d’archive – celles de boat people, des combattants pour l’armée Française pendant les deux Guerres mondiales ou des victimes du génocide des Khmers rouges au Cambodge. « L’objectif, souligne Hélène Lam Trong, elle-même à moitié vietnamienne, c’est de rappeler en quelques secondes d’où viennent les Asiatiques de France. Sil y a du riz en Camargue, par exemple, c’est parce qu’on a fait venir des Asiatiques qui détenaient le savoir-faire pour le planter ».

Pour finir, les participants énumèrent leurs métiers. Ils sont footballeur, esthéticienne, expert-comptable, avocat, coiffeur, médecin… « Je trouvais l’effet d’accumulation joli, on dit tellement des Asiatiques qu’ils sont invisibles », poursuit la journaliste.

« Il s’agit juste de dire ‘Je ne suis pas discret, je ne suis pas mangeur de chien, je ne suis pas ‘tching tchong’, ‘niakoué’ ou ‘Bruce Lee’. expliquait-elle, plus tôt dans la journée, à CHEEK Magazine. ‘Je suis professeur des écoles, footballeur, médecin, agent immobilier, rugbyman, avocat, comédien, comédienne, chanteuse, étudiante, retraité, chef cuisinier, journaliste etc. Français, quoi”.

Cette envie de prendre la parole puise ses sources dans le 13e arrondissement de Paris, le quartier historique des Asiatiques de la capitale. « J’étais en train de tourner un documentaire dans le 13e sur Frédéric Chau pour France 2, et j’avais le temps de discuter avec les habitants, se souvient-elle. Ils m’ont montré une vidéo de ce type faite par des Américains d’origine asiatique et m’ont demandé de les aider à faire la leur ». Au départ, Hélène Lam Trong est réticente (« je ne suis pas réalisatrice ! »), mais ses nombreuses discussions avec le groupe l’incitent à s’emparer du projet.

La Carte Blanche de Frédéric Chau qui dénonce avec humour les clichés à propos de la communauté asiatique, diffusée en septembre sur CANAL +.

À partir de là, tout va très vite et l’initiative citoyenne – il ne s’agit pas d’une association, rien n’a été officialisé – se met en route : « Je n’ai eu à convaincre personne. Toutes les célébrités que j’ai contactées étaient hyper emballées ». Le coup de pouce de l’actrice Mélissa Theuriau, qui n’hésite pas à prêter son nom au projet, ouvre lui aussi de nombreuses portes. Et une campagne de financement participatif auprès des familles des initiateurs du projet achève de récolter les sommes nécessaires à la location du matériel technique.

« On n’a pas intellectualisé », rit Hélène lorsqu’on lui demande ce qu’elle attendait de cette vidéo, alors qu’elle comptabilise déjà plusieurs dizaines de milliers de vues. Tout juste avoue-t-elle espérer susciter des vocations. « Le racisme, aujourd’hui, est plutôt combattu en France, mais il n’est pas combattu très fort quand il s’agit des Asiatiques (…) Il n’empêche qu’il y a une génération qui a envie que ça change. Espérons que ça incite des gens un peu timides à se réunir et à tenter un truc. »

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