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Société
Par Noé Michalon

CLIQUE TALK – Djibril Cissé : « Les Africains ne font pas d’attentat » CliqueMali

Djibril Cissé partage autre chose que son nom et son prénom avec le célèbre joueur de football. À l’instar de l’attaquant à la crête, c’est aussi un grand voyageur. Originaire de Mopti, dans le centre-Nord du Mali, ce soudeur chevronné d’une bonne quarantaine d’années a quitté son pays natal pour rejoindre la Côte d’Ivoire à la fin des années 1980, puis la France en 2009.

Alors qu’il a réalisé le rêve de nombreux jeunes Ouest-africains, vivre en Europe, ce père de famille est lucide : « L’Europe, c’est bien, mais uniquement pour se former ». Même si son homonymie avec le buteur de Liverpool lui a facilité bon nombre de démarches, les discriminations et l’envie de revoir sa famille l’ont convaincu de mettre un terme à son aventure française en février dernier, après 5 ans ininterrompus sur le Vieux Continent.

Au moment où les Éléphants ivoiriens gagnaient la Coupe d’Afrique des Nations, il connaît lui aussi le succès. Moqué par certaines personnes de son entourage pour ce retour atypique, « avec seulement quelques euros en poche », Djibril Cissé a rapidement fait taire les rumeurs. Ses nombreux emplois d’intérim en France lui ont forgé un talent ultra-compétitif, dans la soudure, mais aussi la charpente ou le travail en hauteur.

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Après huit mois en Côte d’Ivoire, l’élégant entrepreneur n’a jamais été aussi riche avec ses deux voitures et téléphone en collant sa tablette à l’oreille. Ses amis maliens le regardent avec admiration lorsqu’il parle de sa voix grave, attablé au bord d’une rue commerçante de la capitale économique ivoirienne.

Mais les huit derniers jours ont été pénibles pour lui. Les attentats du 13 novembre à Paris ont inquiété cet ancien habitant du XXème arrondissement, qui vivait « à deux pas de la rue de Charonne ». « Je prenais mon café le soir à deux cents mètres de là », raconte-t-il, las. Vendredi 20, c’était au tour de Bamako de saigner, avec un attentat frappant un hôtel de luxe.

« J’étais un peu inquiet pour la famille à Bamako et à Mopti, avec les nouvelles. J’étais pas vraiment content », témoigne, plein de sobriété, ce passionné d’Ali Farka Touré.

« Je vais souvent à Bamako, témoigne-t-il. J’en ai une image positive, c’est une ville en construction, les immeubles poussent partout, même si les investisseurs ont peur à cause de la guerre. La famille là-bas me manque. Mais en une journée, en partant d’Abidjan, on arrive à Bamako, j’espère passer les fêtes avec eux au Mali ».

Faisant briller son médaillon à l’effigie de Che Guevara sur la poitrine, « parce qu’il défendait des idées fortes », Cissé ne peut pas croire aux médias occidentaux qui lui racontent que son pays est divisé. « Ce sont les journaux et la télé qui attisent les tensions. Nous, on vit en paix. Les Africains ne font pas d’attentat ».

De quoi réveiller les débats sur Charlie Hebdo. « Tous ces gens qui tuent, là, ne sont pas musulmans, rappelle-t-il. Personne n’a pris en photo mon prophète, donc qui va le reconnaître sur un dessin ? Il n’y a pas de quoi tuer, je sais bien que les dessins ne représentent pas mon prophète, je pardonne ! »

A côté de lui, son ami Lacina Oullah maîtrise son inquiétude. « Si des attentats peuvent même arriver dans la grande France bien surveillée, ça peut nous arriver partout. Mais quelle que soit la taille de la marmite, on arrive toujours à trouver un couvercle. »

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Il y a environ 2 millions de Maliens en Côte d’Ivoire.

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