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Société
Par Charlotte Vautier

Amnesty alerte sur la situation des migrants en Algérie

Les migrants venus d'Afrique subsaharienne seraient près de 150 000 en Algérie selon la gendarmerie nationale. Ils viennent majoritairement du Nigéria, du Libéria, du Cameroun, de la RDC, de la Côte d'Ivoire et de la Guinée. Si l'Algérie reste souvent une étape sur la route vers l'Europe, ils sont de plus en plus nombreux à s'y arrêter. Là-bas, ils vivent une situation que certains n'hésitent pas à comparer à celle des Algériens en France, pendant les vagues d'immigration des années 60.

Amnesty International Algérie a publié le premier reportage d’une série de huit pastilles à propos des migrants en Algérie. L’association pour la défense des Droits de l’homme s’est donnée pour but d’alerter sur les difficultés que les migrants ont parfois à se faire accepter sur cette terre d’accueil. C’est Leila Beratto, journaliste correspondante de RFi en Algérie qui a recueilli les témoignages.

Depuis deux ans, elle travaille sur les migrants, et même si elle constate qu’ils sont régulièrement victimes de violences physiques et d’insultes, en répondant à Clique, elle relève que de plus en plus « les migrants ont un meilleur accès aux services de santé et à l’école grâce au travail des associations« . Un compte Instagram éloquent suit son travail à travers les photographies d’un certain Bachir, à voir ici.


Être migrant en Algérie. Reportage pour Amnesty International. Réalisation : Bachir, Leila Beratto et Baptiste Goulay.

Lors d’un reportage pour RFI, Leila Beratto avait recueilli les propos des habitants d’Alger et d’Oran, qui ressemblent étroitement aux propos que les journalistes peuvent collecter en France : « S’ils ne créent pas de problèmes, ils peuvent vivre ici. Enfin il y a quelque chose quand même, quand certains arrivent et qu’ils gagnent 70 000 dinars (570 €) alors que moi j’ai galéré toute ma vie pour moins que ça, c’est pas normal. » ou encore « Même nous, les Algériens, on travaille déjà au noir, alors comment veux-tu qu’on aide ceux qui arrivent ici ? »

Le conflit au Mali débuté en 2012 a encouragé de nombreuses personnes à venir se réfugier en Algérie. Comme le Mali, le Niger est lui aussi frontalier de l’Algérie ; l’extrême pauvreté et l’insécurité y sévissent. Parmi ces migrants, nombreux sont ceux qui décident de rester en Algérie. Il n’y a pas de guerre (contrairement à la Libye), il y a du travail (contrairement à la Tunisie) et il est possible d’y vivre convenablement avec peu d’argent. Dans une interview donnée à RFI en juin dernier, Mohammed Saïb Musette, chercheur en sociologie au CREAD (Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement d’Alger) se positionnait en faveur de cette migration : « Dans l’état actuel, nous avons besoin de la migration, parce qu’il y a un besoin de travailleurs. On a une politique en Algérie qui ne porte pas de nom mais qui ressemble à celle de la France de 1960 qui avait besoin de travailleurs. »

Dans la région de Ouargla (« celui qui est barricadé » en berbère) une ville du sud de l’Algérie, 90% des employés du BTP seraient des migrants subsahariens selon les entrepreneurs sur place. Ces derniers affirment que les Algériens ne veulent pas faire ce travail pénible. Comme dans les années 60, quand les Français laissaient le travail de manutention aux nouveaux arrivants Algériens lors de la guerre d’Algérie. Pour Leila Beratto, officiellement « l’Etat ne vient pas en aide aux migrants, car selon la loi, ils sont en situation irrégulière. En revanche, les autorités algériennes tolèrent la présence de travailleurs migrants dans les chantiers de construction et dans les exploitations agricoles. » Pour améliorer la situation des migrants, et surtout des migrantes, il faudrait leur accorder le droit de travailler officiellement, pour qu’il puissent notamment être assurés. Le 4 octobre, Amnesty International publiera un nouveau reportage. À suivre.

Image à la une © Mustapha Sellali Bab Ezzouar, Alger, octobre 2014. 

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