S'évader sans partir loin : c'est le rêve de
Goetz Schrader, un architecte allemand qui a imaginé un balcon mobile de luxe. Placé sur un monte-charge en accordéon et privatisable pour un quart d'heure seulement, son dispositif est capable de transporter ses hôtes un peu plus près du ciel.

Derrière ce balcon, il y a une vision : celle d'un quotidien qui se défait un instant de sa routine pour créer l'extraordinaire. Cette idée, il l'explore également avec son
"Brooklyn Splinter Project", un projet de jardin instantané en kit. Pensé comme un origami géant, le Brooklyn Splinter est conçu pour se déplier à l'envi sur les toits-terrasse de New-York :

Quel sens a ce projet de balcon ? "C'est une critique sociale", nous répond Goetz Schrader. "Un tel espace", selon lui, "permet de prendre du recul face aux nombre d'heures de travail qui ne cesse de croître, à la taille des appartements qui diminue toujours plus et aux prix des appartements qui, lui, augmente".
"Les gens, surtout en Europe, tendent à voyager loin pendant leur peu de temps libre" ajoute-t-il. Et de pointer un paradoxe : ceux-là mêmes qui tentent de s'exiler, connaissent-ils véritablement leur propre monde, celui qu'ils habitent ?
Photographies © Goetz Schrader
Le balcon de Schrader sert donc à s'élever un peu, au propre comme au figuré. Dommage que pour l'instant il ne soit qu'imaginaire, même si l'architecte ne désespère pas de trouver un mécène. Si cela devait arriver - et on l'espère - ce travail architectural rejoindrait, dans la série des détournements de balcons, les installations artistiques du français
Julien Berthier, échappatoires d'un instant d'un autre genre :
Photographie © Julien Berthier - Un balcon en plastique inspiré du style haussmanien attaché à une grue, et greffé pour quelques instants sur un immeuble d'Aubervilliers (2008)