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Arts
Par Laura Aronica

QUI ES-TU… Théo Haggai

Qui es-tu ?
Je suis un jeune artiste français. J’ai 26 ans. Ça fait trois ans et demi que je dessine. A l’époque, j’ai rencontré Nicolas Hugo qui allait ouvrir sa galerie à Paris. Je l’ai contacté et il m’a proposé d’exposer certaines de mes pièces. Comme on a eu de bons retours, j’ai signé avec lui un contrat d’exclusivité. La première grosse exposition que j’ai faite, c’était en juin dernier à Paris.

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On y a d’ailleurs croisé Jean-Charles de Castelbajac.
Oui, il est venu voir ce que je fais, je crois que c’est Mathieu César qui lui avait montré.

Comment s’est déroulée cette premiere exposition en solo ?
Bien ! mais pour l’instant je n’en vis pas, donc je suis caissier chez Monoprix à côté. J’aime bien dire que je suis artiste-caissier : j’essaye de lier les deux, si je n’arrivais pas à tirer une inspiration de la caisse, je deviendrais fou.

Comment cela t’inspire-t-il ?
C’est le désespoir que je vois dans certains regards qui m’oblige à créer. Et j’en vois tellement, des gens désespérés. Je travaille dans un petit Monoprix de quartier, c’est comme un village dans une grande ville. Ce sont toujours les mêmes personnes qui viennent, des gens isolés. Mon oeuvre, c’est la réponse au désespoir quotidien que je vois. Je dessine des gens qui rêvent, qui s’évadent de cette routine. Mais ce n’est pas autocentré : moi j’arrive à rêver, mais eux ils n’ont rien d’autre que leurs courses. C’est eux que j’ai envie de faire rêver.

Qu’est-ce que tu dessines ?
Je travaille sur les mains, c’est une maladie, je ne dessine que ça. Je pense que c’est le truc le plus fort que j’ai créé pour l’instant, c’est ce qui véhicule le plus de sens. Je dessine aussi des personnages, les rêveurs. Ils figurent le commun des mortels qui a un rêve et qui essaye de s’échapper de sa routine quotidienne. Le rêveur s’imagine qu’il va décrocher la lune, le rêve ultime ! C’est un petit mémo : il faut pouvoir rêver. Maintenant, je lie les deux, je remplis mes rêveurs de main. Ils deviennent des combattants, ils ont besoin de conquête, de reconnaissance.

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C’est assez récent, ce travail sur les mains et les rêveurs.
Avant, je dessinais de petits bonhommes. Ils n’étaient pas très heureux, un peu comme ceux de Keith Harring, qui mettait ses bonhommes en scène tout seuls dans des situations un peu folles. Mais ça ne me correspondait pas. J’ai envie qu’on dise que mes oeuvres rassemblent. C’est ça, le message. J’aimerais bien qu’on vive tous ensemble, merde ! (rires). C’est un peu utopiste de dire ça, mais je pense que c’est important. J’aime travailler sur les thèmes de la solidarité, de l’entraide. On est condamnés à construire un monde ensemble. J’ai aussi dessiné un monde parcouru de mains qui s’entrelacent, où l’on peut communiquer et échanger sans passer par les frontières. En primaire déjà je dessinais tout le temps des cartes, je ne dessinais que le monde.

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On a très souvent apparenté ton travail aux oeuvres de Keith Harring.
C’est vrai que j’ai été beaucoup influencé par Keith Harring. C’est en m’en détachant que j’ai commencé à créer de nouvelles choses qui me correspondent plus. Je n’ai pas envie d’être influencé toute ma vie. J’ai eu une période où j’ai voulu faire de la peinture, je me suis un peu perdu en voulant imiter Basquiat. Je regarde de moins en moins d’oeuvres et de biographies de grands artistes. Du coup, je me suis concentré sur le dessin. Je suis beaucoup plus à l’aise sur des feuilles et les matières qui s’en déclinent. Je fais aussi de la photo.

C’est pour ça que tu dessines sur des photos de magazine ?
Je pense que c’est intéressant de lier les deux, le dessin et la photo. Mon travail sur les magazines, c’est plus un récréation. Je recouvre entièrement les femmes nues pour qu’on les regarde mieux. On se penche plus sur la photo, on les imagine. Ce n’est pas le même ressenti d’avoir à deviner une forme que de l’avoir clairement devant les yeux.

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Peux-tu nous décrire ta dernière oeuvre ?
C’est une collaboration avec une marque, Dymant. J’ai créé des objets en série limitée, des objets en marbre et en or. C’était presque irréel, et très interessant de pouvoir dessiner sur de nouveaux matériaux. Il y a par exemple un sablier qui fait 30 centimètres de haut, le verre est gravé avec mes dessins.

Tu comptes multiplier les collaborations ?
C’est un apport supplémentaire aux choses de base que je fais. Et tant que c’est bien fait, je pourrais collaborer avec n’importe qui, dans n’importe quel univers. Pour 2015, je réfléchis à quelque chose avec Mister No, qui a un label de musique. En solo ou pas, je continuerai à créer des choses encore plus grandes, gigantesques, sur des toiles encore plus grandes. J’ai besoin de créer en grand.

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Photos : Théo HAGGAI -Courtesy of Galerie Nicolas Hugo

 

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