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Arts

« Orestie, Opéra Hip Hop » : le théâtre tragique grec s’associe au rap à la MC 93

Qui aurait cru qu’une mezzo-soprano allait, un jour, faire un featuring avec un beatboxer ? Et qui aurait imaginé que l’un des plus anciens mythes antiques grecs pouvait être raconté à travers un rap ? Ce mélange d’univers, de temporalités et de cultures a un nom : « Orestie, Opéra Hip-Hop ».

Teaser : Orestie, Opéra Hip Hop. 

En ce moment, à la Maison de la Culture de la Seine Saint Denis à Bobigny, se tient une pièce de théâtre assez particulière de par sa forme. L’Orestie, une trilogie dramatique écrite par Eschyle, est présentée dans la Grèce antique en 458 avant J-C pour la toute première fois lors des fêtes traditionnelles organisées en l’honneur de Dionysos.

Attendre que la justice divine soit faite ou prendre les devants et se faire justice soi-même ? La soif de vengeance, la neutralité de la justice, la responsabilité des actes, l’égalité entre les hommes… Toutes ces interrogations sont posées durant les différents actes de la pièce. Étonnamment, des siècles plus tard, les réflexions du dramaturge semblent encore d’actualité.

« On se rend compte que le débat est toujours ouvert.  L’impartialité de la justice est à questionner. Le fait de savoir si la justice est du côté du peuple, si les actes sont bel et bien jugés pour eux-mêmes ou si le fait d’être bien né rend parfois des services » explique D’ de Kabal, rappeur et metteur en scène. Il continue : « Quand le groupe se met à se questionner sur la justice, c’est déjà une sorte de réponse. C’est déjà dire que la justice vient du vivre-ensemble parce que nous venons chacun d’horizons et de pratiques différentes ».

Et parce que l’histoire de la pièce résonne dans l’actualité de notre temps, le rappeur D’ de Kabal et le comédien Arnaud Churin, notamment connu pour sa passion pour le théâtre grec, réinventent cette tragédie en y incorporant les codes du Hip-hop. Ce mariage n’est finalement pas aussi contradictoire que l’on peut l’imaginer. Le lien entre la tragédie antique et le Hip-hop peut naturellement s’établir quand on sait que ce qui relie ces disciplines, c’est cette lutte constante pour rétablir la justice. Qu’elle prenne place sur l’Agora d’une cité antique ou derrière un micro, la lutte reste bien la même.

Le dénouement d’Orestie, Opéra Hip-Hop est un feu d’artifice : battle de rap, de danse et de chant lyrique, le peuple prend tour à tour la parole pour défendre ses positions et ses convictions. Pourtant, tous se rejoignent à la fin pour répéter, en cœur, cette phrase lourde de sens et qui résonne avec l’actualité : « On ne venge pas un mort, on lui rend justice. Sans justice, pas de paix ».

ORESTIE, OPÉRA HIP-HOP
D’ de Kabal & Arnaud Churin
Jusqu’au 13 Mars
Maison de la Culture de Bobigny.

Image à la Une : Christophe Raynaud de Rage pour « Orestie, Opéra Hip-Hop ».

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