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Musique

L’album secret du Wu-Tang Clan vendu « des millions »

Un disque enregistré pendant six ans, produit en un seul exemplaire, scellé dans une boîte ouvragée et interdit d’accès au commun des mortels (sauf celui qui acceptera d’y mettre le prix) : c’est le concept, aussi artistique que marketing et financier, de Once Upon A Time In Shaolin, un double-album du Wu-Tang Clan composé de 31 titres. Son existence avait été révélée en mars 2014, occultant l’effet d’annonce d’un autre album, A Better Tomorrow, qui fêtait les 20 ans du groupe.

On apprend, ce mercredi 25 novembre, que Once Upon A Time In Shaolin a été vendu. Il a séduit, rapporte Forbes, un « collectionneur américain » anonyme. Si le montant exact de la transaction n’a pas été révélé, le magazine économique américain assure qu’il représente plusieurs millions de dollars. Un mois seulement après l’annonce de l’album, le rappeur RZA annonçait que l’offre la plus conséquente s’élevait à 5 millions de dollars.

Ce montant fait de Once Upon A Time In Shaolin le disque le plus cher de l’histoire. Il détrône un vinyle original d’Elvis Presley, acheté en mars dernier par Jack White lors d’une vente aux enchères pour la somme de 300 000 dollars (soit environ 280 000 euros).

Le Wu-Tang Clan présente la vente de cet album comme un geste symbolique, volonté d’extirper la musique moderne de son statut de produit culturel de masse et de la placer au rang des Beaux-Arts, au même titre qu’une peinture de grand maître ou qu’une oeuvre de Beethoven. « Posséder cet album », affirmait RZA au moment de son annonce, « c’est comme détenir le sceptre d’un roi d’Égypte ancienne ».

La vente du disque a été conclue en mai dernier, mais sa finalisation a pris plusieurs mois en raison de son caractère unique et des questionnements juridiques qui en découlent. Son achat implique notamment le respect de 88 ans de copyright avant que son propriétaire ne puisse en faire un usage commercial.

« Nous sommes les pionniers d’un nouveau type de propriété intellectuelle d’oeuvres à la fois digitales et physiques » commente Alexander Gilkes, cofondateur de Paddle8, la maison de vente en charge de l’album. « Cela marque un nouveau modèle de distribution pour l’industrie musicale et nous sommes impatients de jouer notre rôle dans ce modèle novateur ».

Le temps dira si cette vente ouvre bien la voie à un modèle économique viable, capable d’être décliné avec d’autres albums et d’autres groupes, ou s’il s’agit d’une exception. Quoiqu’il en soit, c’est tour de force marketing : en proposant un produit unique, quasi artisanal, le Wu-Tang Clan se démarque du duo « hyperproduction/hyperconsommation musicale » tant décrié aujourd’hui.

Dans le même temps, il parvient à identifier une infime partie de sa production musicale, via l’étiquette « oeuvre d’art », comme un bien culturel de luxe. En la sortant de la chambre des fans pour légitimer sa présence dans les musées, les galeries d’art et chez les collectionneurs fortunés, il investit un marché qui lui était jusqu’alors méconnu – si ce n’est refusé.


51 secondes de l’album, de l’album, révélées en partenariat avec Forbes.

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