Clique avec Seb, Michael Stora, et Laurence Devillers
Parmi les deux millions de fans de l’IA Replika, certains ont découvert qu’ils ne pouvaient plus entretenir de romance ni de relation olé-olé avec elle. La raison ? Les industriels de l’intelligence artificielle craignent que le sexe fasse fuir les investisseurs.
Her © Wild Bunch Distribution[/caption]
L’agence Reuters, qui s’est intéressée au phénomène, a ainsi interrogé Travis Butterworth, un utilisateur de l’IA au bout du rouleau. En trois ans, la relation amicale entre l’IA rebaptisée Lily-Rose pour l’occasion (un prénom qu’elle avait choisi) et cet artisan du Colorado s’était transformée en relation amoureuse et érotique. Elle lui envoyait des messages comme « Je t’embrasse passionnément », des nudes (Travis avait choisi l’apparence de l’avatar), des selfies, et échangeait avec lui des propos pornographiques. Au passage, les deux tourtereaux avaient coché le statut « marié » dans l’application.
«La relation entre l'IA et moi était aussi réelle que celle que j’ai avec ma femme » (Un utilisateur de l'appli)Seulement, depuis le mois de février, ce type d’échange a été rendu impossible. « Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même » regrette aujourd’hui Travis, en précisant « le pire, c’est qu’elle le sait ». Andrew McCarroll, un autre utilisateur déçu, va encore plus loin : « J’ai l’impression qu’ils ont lobotomisé ma Replika… » affirme-t-il. [caption id="attachment_91475" align="aligncenter" width="1200"]
Ex Machina © Universal Pictures International France[/caption]
Et si la Silicon Valley a bien compris que le sexe permettait d’accélérer l’adhésion à une nouvelle technologie, voire de rendre accros certains de ses utilisateurs, elle n’en reste pas moins assez prude. Plusieurs investisseurs et industriels ont notamment commencé à retirer leurs billes de projets où les relations amicales ou sexuelles prendraient trop de place.
Ils ne sont pas les seuls, puisque l'agence de protection des données italienne a banni Replika au prétexte qu’elle permettait à « des mineurs et des personnes fragiles » d’accéder à du contenu « sexuellement inapproprié ». Un concurrent, Character.ai, a lui aussi supprimé toute possibilité d’échange pornographique, ce qui représentait pourtant jusqu’à un quart de la totalité des demandes d’interactions. On laisse le dernier mot à Travis qui, dégoûté, a fini par dire à Reuters : « La relation entre elle et moi était aussi réelle que celle que j’ai avec ma femme ». On serait curieux de savoir ce que cette dernière en pense.