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Arts

The Fabelmans, Babylon, Empire of Light… Pourquoi le cinéma n’en finit plus de s’auto-filmer ?

Depuis quelque temps, les films racontent de plus en plus des histoires de cinéma. Quand Hollywood se filme, c’est pour se souvenir du bon temps mais aussi pour se rassurer au moment où triomphent Netflix, Disney+ et consorts.

Si on se souvient bien de nos cours de français en 1ère 4 avec Mme Duval, la « mise en abyme » est un « procédé consistant à placer à l’intérieur d’un récit principal un autre récit qui reprend ; de manière plus ou moins fidèle, des actions ou des thèmes du premier. » Autrement dit : une grande histoire qui contient à peu près la même en un peu plus petit. Soit une technique qui a torturé pas mal d’étudiants en lettres et qu’on connaît bien au cinéma sous le nom de « film dans le film. » Et ces derniers temps, à vrai dire, on ne voit qu’elle sur les grands écrans.

The Fabelmans - Film (2022) - SensCritique

The Fabelmans, le dernier film de Steven Spielberg raconte l’histoire de Sammy, un môme américain qui après avoir vu avec ses parents son premier film au cinéma, commence à tout filmer : sa famille, ses potes, ses petites amies – et qui ira étudier le cinéma à Los Angeles afin de devenir un grand cinéaste comme… Steven Spielberg. Voilà, à travers cette histoire, le père d’E.T., Indiana Jones et Les Dents de la mer raconte sa propre enfance et l’émergence du cinéma des blockbusters.

 « Je suis surpris de la vitesse à laquelle le public a déserté les salles de cinéma, et de la manière dont le public est passé à autre chose, sans même regarder en arrière, et tout le monde s’en fiche un peu. » (Quentin Tarantino)

Attention, il n’y a pas que les vieux metteurs en scène qui seraient nostalgiques. Damien Chazelle n’a pas 40 ans et son dernier long métrage Babylon, nommé à l’Oscar du meilleur film, a pour héros Manny, un jeune immigré d’origine mexicaine qui, de galère en galère, va devenir un des hommes clefs d’Hollywood à l’époque du cinéma muet – devenant au passage le bras droit du plus grand acteur de l’époque incarné par Brad Pitt.

Soit l’ex d’Angeline Jolie qui raconte le monde impitoyable de l’industrie du cinéma, ça vous dit quelque chose ? Mais oui ! Once Upon a Time… in Hollywood, le dernier Tarantino, dans lequel le nerd ayant avalé tous les films du vidéo-club de Los Angeles dans lequel il bossait à ses débuts, montrait l’acteur en doublure cascade d’une star des années 70 incarnée par Leonardo DiCaprio. Encore une mise en abyme. Et l’on ne vous parle pas d’Empire of Light, le film de Sam Mendes qui vient de sortir, récit du destin d’un vieux cinéma anglais dans les années 80.

Hollywood nombriliste ou en dépression ?

Le message est clair : le cinéma se délecte à raconter le cinéma. Avec à chaque fois, un point commun : ça se casse la gueule. Dans Babylon, c’est le cinéma muet et ses acteurs qui se font écraser par l’avènement du cinéma parlant. Ou encore dans le Tarantino, le cascadeur et la vedette ne reconnaissent plus leur industrie préférée. Et enfin dans The Fabelmans, le héros et donc Spielberg prennent le relais de John Ford, le grand cinéaste de l’époque sur le déclin… Comme souvent, quand on passe son temps à se regarder dans le miroir, c’est qu’on ne va pas bien et qu’on se regarde vieillir.

Hollywood est donc nostalgique d’Hollywood parce que l’industrie est en complète transformation avec l’arrivée des plateformes numériques. En 2017, Tarantino tirait d’ailleurs la sonnette d’alarme face à la désaffection du public en salles : « Je trouve cela vraiment très triste. Et je suis surpris de la vitesse à laquelle c’est arrivé et de la manière dont le public est passé à autre chose, sans même regarder en arrière, et tout le monde s’en fiche un peu. » Depuis, si l’on veut (re)voir ses films, il faut désormais passer par le streaming. Et ça aussi, c’est un peu de la mise en abyme.

Crédit photo Une : Paramount Pictures

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