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Cinéma

CLIQUE REPORT : pourquoi il faut aller voir le film « Made In China »

Mettez de côté vos a priori : non, le film Made in China n’est ni un spin-off de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? ni une comédie façon Bienvenue Chez les Ch’tis, dans laquelle un héros et une communauté se transcendent au contact l’un de l’autre. Et c’est une très bonne surprise.

Clique Report : Dans les coulisses du film « Made in China », avec Frédéric Chau, Medi Sadoun et Steve Tran.

François (Frédéric Chau) est d’origine asiatique et a grandi dans le XIIIème arrondissement de Paris. Suite à une dispute avec son père il y a dix ans, il a coupé tout contact avec sa famille et assume mal ses origines. Mais Sophie, sa compagne (Julie De Bona), lui annonce qu’elle attend un enfant de lui ; il va devoir annoncer la nouvelle à ses proches et renouer avec sa double culture…

Made in China s’ouvre par une mise en abyme. Pour les extirper d’une situation fâcheuse, François/Frédéric Chau est forcé à imiter un accent chinois caricatural par son meilleur ami, le gentiment relou Bruno (Medi Sadoun). Une fois sauvés, il éclate de colère : pour lui, ces stéréotypes sont inacceptables et injustifiés. La séquence cherche volontairement à hérisser, mais surtout à donner le ton. Made in China va marcher sur le fil du rasoir et passer en revue tous les clichés sur la communauté asiatique, pour mieux les déconstruire par des personnes concernées.

Au cours de son cheminement, François va apprendre à connaître son petit frère, découvrir une partie de l’histoire de sa famille, s’interroger sur la culture à transmettre à son enfant (et assister, aussi, à une séance épique de karaoké).

Pourtant, l’enjeu et l’intérêt du long métrage ne résident ni dans son analyse des clichés ni dans son portrait – particulièrement juste – de la communauté asiatique en France. Made in China est, avant tout, une histoire très touchante de relation père-fils.

Le retour de François dans le XIIIème arrondissement est certes l’occasion de découvrir au cinéma le plus grand Chinatown d’Europe comme on l’a rarement vu : ses tours immenses, filmées au drone, semblent ajouter leur poids à celui des traditions qui écrasent les personnages. La confrontation avec la famille donne également lieu à des épisodes comiques réjouissants, dans lesquels le comédien Steve Tran s’en donne à cœur joie dans son rôle de Félix, le cousin vanneur et bien ancré dans la communauté, tout en dépeignant des cultures injustement méconnues. Mais c’est surtout les échanges bouleversants entre François et son père (Bing Yin, tout en retenue) qui marquent le spectateur.

Entre pudeur et incompréhension, affection et rejet, Frédéric Chau et Bing Yin tissent une relation père-fils complexe qui est le véritable cœur du film. Une thématique à laquelle tout le monde pourra s’identifier, quelle que soit son origine.

C’est notamment parce qu’il ne trouvait pas de rôle qui lui correspondait dans le cinéma français que Frédéric Chau a commencé à écrire ce film, il y a huit ans. Depuis, les choses ont évolué, lentement : pendant la gestation du projet, Chau a été témoin d’une libération de la parole de la communauté asiatique française, et assisté au succès d’œuvres présentant des castings et des récits entièrement asiatiques : la série Fresh Off the Boat (cinq saisons) et, surtout, le film Crazy Rich Asians, n°1 du box office américain.

Coïncidence drôle : Crazy Rich Asians et Made In China mettent tous deux en scène des couples dans lesquels l’acceptation par les parents est le plus gros challenge à relever. Il s’agit pourtant de leur seul point commun.

Car là où Crazy Rich Asians présentait une expérience typiquement américaine – dans sa démesure et sa mise en scène des communautés -, ironiquement, Made in China offre une histoire qui sent bon le Fabriqué en France : le long métrage propose un regard humain sur des personnages normaux, qui affrontent des problèmes normaux. C’est un joli film où l’émotion prime sur le spectaculaire, où les conflits se règlent autour d’une table ou d’un lit d’hôpital ; un récit à l’humour souvent juste, parfois franchouillard, et où les saillies racistes les plus dures sont celles qui sont intériorisées.

Oui, mettez de côté vos a priori : Made In China est, simplement, un joli film français, qui a le mérite de mettre en lumière, au passage, une partie de la communauté asiatique de ce pays. Et c’est déjà beaucoup.

Made In China, de Julien Abraham. Avec Frédéric Chau, Medi Sadoun, Julie de Bona, Steve Tran, Bing Yin. Sortie le 26 juin.

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