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Arts

Entre pédagogie et incohérences, comment Assassin’s Creed réécrit l’Histoire ?

Tandis qu’Assassin’s Creed Mirage approche, la série de jeux vidéo qui mêle histoire, action-aventure et infiltration s’apprête à voyager à Bagdad au 9ème siècle. Après la Renaissance, l’Antiquité ou encore les Vikings, peut-on s’attendre à une reproduction précise ?

Avec Mirage, Assassin’s Creed vise un retour aux sources au Moyen-Orient. Seize ans après la sortie du premier volet, avec la secte des Assassins à l’époque de la Troisième croisade en Terre sainte, Mirage doit rembobiner jusqu’au 9ème siècle à Bagdad, en plein âge d’or de l’Islam. Le jeu est attendu d’ici fin 2023, après une année 2022 très compliquée pour Ubisoft, entre gros soucis financiers et sorties annulées.

Assassin's Creed® Mirage bientôt sur l'Epic Games Store

Tandis que la franchise a déjà exploré la Renaissance italienne, la révolution américaine, l’univers des pirates, la Révolution française, la révolution industrielle à Londres, l’Égypte et la Grèce antiques, et plus récemment l’ère viking dans Valhalla, que peut-on espérer du contexte historique annoncé ?

Dans la bande-annonce dévoilée en septembre, on peut voir le protagoniste Basim – un voleur qui intègre la confrérie des Assassins – en train de courir dans les rues animées de Bagdad. Le tout aux préludes de la rébellion des Zanj, un épisode de soulèvement contre le pouvoir du califat, impliquant notamment des esclaves.

« La série Assassin’s Creed est plus efficace que de nombreux manuels scolaires américains pour dépeindre (…) l’évolution de l’histoire des discriminations passées » (TheGamer)

Un article publié par TheGamer s’interroge ainsi sur le degré de fidélité historique auquel les joueurs peuvent s’attendre. « Diversité raciale (…) au centre d’un empire en pleine expansion« , représentation des femmes, description de la vie quotidienne des classes populaires, soin apporté à l’architecture et aux vêtements pour éviter un « mélange ‘oriental’ générique » et fantasmé… Le défi est de taille.

Assassin’s Creed, « plus efficace que de nombreux manuels scolaires » ?

« La série Assassin’s Creed est plus efficace que de nombreux manuels scolaires américains pour dépeindre (…) l’évolution de l’histoire des discriminations passées, puisqu’elle m’a personnellement enseigné le ‘Code noir’ français après six ans d’études supérieures« , écrit l’auteure de l’article. Cette dernière se dit « impatiente » de voir comment les développeurs utiliseront « l’archéologie, les textes écrits et la poésie » mais aussi « des histoires orales et écrites » pour reconstruire une version fictive mais crédible de Bagdad. Le challenge : prendre en compte « les voix des femmes, des esclaves, de la classe ouvrière et des rebelles » pour ne pas privilégier uniquement « le point de vue des élites« .

Il faut dire que la saga, qui fait appel à l’expertise de nombreux historiens, s’est taillée une vraie réputation pour la qualité de ses reconstitutions. Dans Origins, Odyssey et Valhalla, on trouve même le Discovery Tour : un mode éducatif qui met de côté les missions classiques pour laisser place à des sortes de visites guidées immersives et pédagogiques. Ubisoft collabore aussi régulièrement avec des musées pour des expos, comme l’Ashmolean Museum pour Odyssey.

Discovery Tour par Ubisoft : Ressources de l'enseignant | Ubisoft (UK)

À noter toutefois qu’Assassin’s Creed, qui reste avant tout une fiction, prend bien sûr tout un tas de libertés créatives. Ré-interprétations, lieux compressés pour coller aux contraintes du gameplay… La saga comporte aussi de nombreux anachronismes et incohérences. Jean-Luc Mélenchon avait même critiqué la représentation de Robespierre dans Unity comme de la « propagande« , rapportait Le Monde en 2014. Au-delà de ses limites, la franchise a tout de même le mérite de « prouver que l’authenticité et le fun peuvent aller de pair« , estime Screen Rant. Comme quoi ouvrir un manuel ou allumer sa console ne sont pas forcément contradictoires.

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