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Arts
Par Annabelle Baudin

CLIQUE TALK : le Paris verdoyant de Naziha Mestaoui 

Du virtuel au réel, l’artiste Naziha Mestaoui nous invite à partager l’expérience « One Heart One Tree », une application exceptionnelle à travers laquelle les battements de nos cœurs génèrent un arbre. Un pari verdoyant ! 

Spécialiste en projections visuelles et sonores, l’artiste belgo-tunisienne Naziha Mestaoui a imaginé « One Heart One Tree », une œuvre d’art spectaculaire qui métamorphosera la capitale en forêt de lumière lors de la Conférence internationale des Nations Unies sur les enjeux climatiques, la COP21 (du 30 novembre au 11 décembre 2015).

À la croisée des chemins, entre virtuel et réel, ce projet est avant tout un projet citoyen.
« One Heart, One Tree » propose de créer, via une application smartphone, un arbre virtuel qui sera projeté symboliquement sur les grands monuments de la capitale.
Chaque arbre conçu virtuellement aura un impact tangible, puisqu’il générera un autre arbre totalement unique, nominatif et surtout bien réel.
Cet arbre sera ensuite planté dans le cadre de projets de reforestation sur les cinq continents.

appli - plantation

« Cette œuvre d’art aussi éphémère soit-elle, n’est pas qu’une performance artistique puisqu’elle est associée à une action qui aura un impact pour nous tous à long terme, » précise Naziha Mestaoui animée par une soif vive d’expérimentation et de changement.  

                                                                                                               

Ce pari verdoyant, l’artiste l’a rendu possible grâce et à une application smartphone au caractère inédit et aux technologies du mapping, une technique de superposition d’images virtuelles sur un objet physique.
En nous invitant à participer à cette performance monumentale, elle nous propose d’agir de façon concrète sur l’environnement.
Une initiative vivifiante dont la campagne de financement vient de s’ouvrir sur Kickstarter.
La bonne nouvelle, c’est que l’ampleur de ce projet dépend principalement de chaque personne voulant y adhérer.

« On a entre les mains un pouvoir bien plus important que ce que l’on imagine et nous sommes tous capable de passer du  ‘je veux que ça change’ au ‘voilà comment je créé le changement’, » affirme-t-elle.

Moyennant la somme de 10 euros, chaque donateur verra son arbre projeté sur la Tour Eiffel, et celui-ci grandira au rythme des battements de son cœur enregistrés par l’application.

Pionnière des arts numériques, Naziha nous explique comment en mettant notre doigt sur la cellule photographique des téléphones mobiles, celle-ci perçoit les changements de teinte dus à la fréquence de nos battements cardiaques, et prend ainsi le pouls de chaque participant, lequel servira de tuteur à son arbre.

« Ce pouls représente le rythme naturel de la vie. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de climat, qui se sent concerné dans son quotidien par un changement de 2°C ? Il s’agit de comprendre que ces 2°C, à l’échelle de la planète, c’est comme si nous avions une forte fièvre, et lorsque le thermomètre affiche 2°C supplémentaire, c’est que nous sommes malades. »

Naziha nous enjoint à faire un premier pas, à nous mobiliser pour « être » la solution en devenant un acteur du changement. De fait, chaque participant recevra une photo de son arbre virtuel projeté avec son nom sur les monuments parisiens, et pendant trois ans, il pourra suivre son évolution dans les forêts qu’il aura générées à travers le monde entier grâce à l’application.

« Ici le réel et le virtuel ne sont plus opposés mais associés au profit d’une véritable expérimentation. Le cœur de ce projet est bel et bien d’utiliser les technologies pour nous reconnecter à la nature. »  
Cette vision inspirante du futur, c’est au cœur des connaissances et des rites ancestraux, qu’elle est allée la puiser.
Architecte de formation et passionnée par la physique quantique, l’artiste d’avant-garde est allée jusqu’en Amazonie pour séjourner au cœur des tribus de peuples autochtones afin d’élaborer une série de projets autour du patrimoine culturel immatériel de ces sociétés vivant encore dans une réalité faite de mondes visibles et invisibles.

Portrait par BARBARA VEIGA_AMAZONIA unnamed

« Ce que l’on comprend avec le quantique, c’est que la réalité n’est pas figée. Nous pouvons tous être co-créateur de nos destinées. Les sociétés ancestrales ont également conscience que tout est lié. Ce sont de vraies sources d’inspiration. »

Pour ces tribus, la déforestation est un véritable massacre.

« Ce qui m’a bouleversée, c’est leur rapport à la nature. À leurs yeux, un arbre est un autre être vivant, » confie-t-elle.

Ce sont ces valeurs fondamentales de respect et d’altruisme lui ont donné envie de re-connecter le vivant au vivant via la technologie.

interaction phone Sylvie

 

« Nos technologies sont ce que l’on en fait. Aujourd’hui le rapport que l’on a avec la nature est grandement limité au matériel. La technologie peut être autre chose qu’un outil au service d’une instrumentalisation de la nature ! »
À travers son processus créatif, Naziha réinvente l’avenir de notre société pour en créer une vision optimiste, ouvrant ainsi le voie « d’un futur conscient, générateur de sens, » et porteur de fruits.
Créée en 2012, dans le cadre de Rio +20, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, « One Heart One Tree » a déjà permis de planter plus de 15 000 arbres à travers le monde, soit 15 hectares de forêt.      

Aujourd’hui, les forêts, pierres angulaires de l’équilibre climatique font place à l’élevage de bovins, aux plantations de palme, aux agro-carburants, à l’industrie du bois et à la culture de soja dont plus des trois quart serviraient à nourrir le bétail et les volailles d’Europe. La déforestation est une sérieuse menace pour le climat et la cause majeure de la perte de la biodiversité.

« Planter un arbre c’est capturer du CO2, assainir l’air et l’eau, régénérer la biodiversité, engendrer des engrais naturels. A travers One Heart, One Tree, mon objectif est de pouvoir planter des millions d’arbres ! » 


Véritable ambassadrice d’une vision généreuse de l’art, sa démarche artistique prédit cet objectif ambitieux qui servirait à mobiliser le meilleur de nos énergies et de nos savoir-faire.
« Lors de la COP21, les représentants de 196 pays seront réunis à Paris. C’est un véritable coup de projecteur que nous avons la possibilité d’incarner ! L’art sert avant tout à relier, à stimuler l’imaginaire, et élargir le champ des possibles. La crise que nous traversons est une formidable opportunité de mettre en place des initiatives citoyennes, une chance incroyable de reprendre nos responsabilités. Si nous sommes des millions à agir, nous aurons un véritable impact. »
Un enthousiasme effervescent mâtiné de bon sens, à l’image de sa devise :

« Écouter le bruit de la forêt qui pousse plutôt que celui de l’arbre qui tombe, comme diraient mes amis les #conspirateurspositifs, nous souffle-t-elle. Je suis très confiante. »

Nous aussi, puisqu’à travers nos actes d’aujourd’hui bourgeonne déjà notre vie de demain.

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