EN ÉCOUTE : un nouvel extrait du prochain album d'Acid Arab
Contre les 1 600 kilomètres de séparation imaginés par Donald Trump, formellement désigné comme le candidat républicain à la Maison Blanche, deux artistes construisent 52 parpaings. 52 parpaings pour dénoncer les promesses de campagne insensées du milliardaire américain.
Vue d'ensemble du mur devant les grilles qui séparent les Etats-Unis du Mexique © Hyperallergic.
Le mur côté nord-américain © Hyperallergic.
"L'art peut être l'instrument du changement. Son impact est social. Cela renvoie au pouvoir de l'image. L'art est une menace (...) c'est la raison pour laquelle les gens comme Donald Trump souhaitent réduire la liberté d'expression. Parce que l'art a le pouvoir de contrer leur agenda", rappelle Mary Mihelic, l'une des deux artistes, à Clique.tv.À cet égard, leur objectif est net : influencer les urnes. Et, pour affaiblir le candidat républicain, rien de mieux que de rappeler ses propres déclarations, à la fois absurdes, xénophobes et sexistes.
L’œuvre est inachevée, mais poursuit en ce sens un but bien précis : chaque artiste est invité à apporter sa pierre à l’édifice. Alors que le favori républicain fera bientôt face aux urnes, l’art impose sa pertinence et sa force critique. Le Philadelphia Museum of Art a récemment annoncé l'ouverture prochaine d'une exposition dédiée à l'importance des beaux-arts mexicains dans l'histoire de l'art, intitulée « Peindre la Révolution : le modernisme mexicain, 1910-1950». À cet égard, l’œuvre de l’artiste mexicaine Frida Kahlo témoigne de la ligne ténue qui sépare les cultures mexicaines et américaines :« Au mois de juin l'année dernière, il qualifiait les Mexicains de 'violeurs'. Au mois d'octobre suivant il disait de la journaliste Megyn Kelly que 'du sang sortait de ses yeux, d'elle, de partout', et cet hiver il a menacé tous les musulmans de leur interdire l'entrée aux États-Unis. (...) Si l'on parvient à changer le point de vue des citoyens nous pourrons changer leur vote », poursuit Mary Mihelic.
"Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis", Frida Kahlo, huile sur métal, 1932. La tradition, incarnée par le Mexique sur le pan gauche du tableau, s'oppose ici aux machines et au progrès, situés à la droite de l'artiste, qui font référence à la culture américaine.
Pour David Gleeson, l’autre artiste à l’origine du mur miniature, l’art est encore plus nécessaire dans ces moments de troubles et de confusion. Quand la réalité est navrante, il est encore possible de s’expatrier dans l’art. C’est sûrement ce qu’a voulu exprimer Nietzsche dans La Naissance de la tragédie, quand il disait qu’heureusement, "nous avons l’art pour ne pas mourir de la vérité".
Or la réalité selon Donald Trump, c’est aussi de faire payer ses propres fantasmes de séparation par México. Les artistes, déterminés à singer le projet jusqu'au bout, se sont également emparés de l'idée, et de la facture qui va avec. 14 600 dollars, c’est le montant adressé par les deux créateurs à Enrique Peña Nieto, le président du Mexique. Le bénéficiaire en est bien sûr Donald Trump, qui lui évalue le projet réel à 8 milliards de dollars.
Finalement, après les "No-Go Zones", place aujourd'hui aux "No-Trump Zones", ces lieux d'initiatives artistiques qui poursuivent tous un même objectif : tenir le candidat républicain le plus éloigné possible de la Maison Blanche !
Photographie à la Une © Sandy Huffaker for The New York Times.