Oops! Aucun résultat
John TrubyLe Gros Journal

Le Gros Journal avec le scénariste John Truby : sa recette universelle pour réaliser un film à succès

John Truby est un « script doctor » de référence, un des consultants en script les plus pointus d’Hollywood. Son rôle : redresser le scénario d’un film qui faiblit, ou dénouer l’intrigue d’une série mal ficelée. Les sociétés de production et de studios américains (dont HBO, Disney, Sony Pictures, la Fox ou la BBC) se l’arrachent. Il a travaillé sur plus de 1 800 productions. Il enseigne également dans le monde entier l’art de la narration ou « l’anatomie du scénario », pour reprendre le titre de son manuel, dont la nouvelle édition est sorti le 19 janvier dernier. Sa recette fonctionne… elle fonctionne tellement bien que c’est pour la 14ème édition de son séminaire qu’il s’est trouvé à Paris en janvier dernier.

 


John Truby – Le Gros Journal du 28/02 – CANAL+ par legrosjournal

Mouloud : Salut
John Truby : Content de vous voir

Bienvenue à Paris !
Ça fait du bien de revenir.

J’ai une question simple pour vous : quel est votre métier ?
Je suis essentiellement consultant en écriture, un docteur en écriture. Ce travail consiste à …Lire des scénarios déjà écrits, et on me consulte surtout parce que je suis un expert du récit, je sais comment raconter des histoires. Je lis le scénario et je donne des conseils pour le modifier et améliorer l’histoire.

Autre question très simple : quel est le meilleur scénario de tous les temps ? Quelle est la meilleure histoire que vous ayez lue ? La Bible ?
La Bible fait certainement partie des meilleures. L’histoire qui a changé ma vie, celle qui m’a fait entrer dans le cinéma, c’est celle des Sept Samouraïs, un film japonais. J’ai vu le film et il m’a bouleversé. Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire et que je voulais faire partie de ce monde.

Êtes vous d’accord avec moi si je vous dis que Rocky de Sylvester Stallone, est un grand scénario ?
Mais c’est un grand scénario. Absolument. Il est étonnamment bon. Les gens le regardent et se disent qu’il ne s’agit que d’une simple histoire de boxe sur un type qui est…un peu taré.

Pour moi, il y a tout dans le scénario de Rocky : le drame, la tension, le rythme…
Ce qui me semble intéressant, c’est…Quand on l’étudie en profondeur, on s’aperçoit qu’il est un peu plus complexe qu’il n’y paraît car ile ne s’agit pas d’une simple histoire de sport. C’est en fait une combinaison de deux genres : une histoire de sport et une histoire d’amour. Si ce n’était qu’une histoire de boxe, ce ne serait pas génial. Si ce n’était qu’une histoire d’amour, pareil. Mais imbriqués ensemble d’une manière totalement nouvelle et c’est ce qu’il a fait, ça donne un grand film.

En tant que docteur en scénario, beaucoup de scénaristes font appel à vous. Quel est le problème qui revient le plus souvent ?
Le plus gros problème que je retrouve chez les scénaristes du monde entier quand ils créent un scénario, c’est qu’ils ne donnent pas à leur héros un but fort. Donner un but fort, une idée claire de ce que cherche le personnage dans cette histoire est l’élément le plus important pour écrire une histoire qui plaît. Pas juste une bonne histoire mais une histoire qui plaît. Car le désir du personnage, son but, est l’épine dorsale sur laquelle repose le récit. C’est la colonne vertébrale du récit. Tous les autres éléments de l’histoire découlent de cette colonne vertébrale. Si elle n’est pas assez solide, tout s’effondre.

Pourriez-vous me parler du mythe de « l’ange voyageur » ? Qu’est-ce que c’est ? L’histoire de « l’ange voyageur »… Car vous dites que c’est la clé universelle pour réaliser un film à succès.
Le principe de l’histoire de « l’ange voyageur » met en scène un groupe de personnes en difficulté. Par exemple, une petite ville ou même une famille. L’ « ange voyageur » vient de l’extérieur. C’est un personnage parfait, en quelque sorte. Il débarque dans la ville et aide tous les habitants à remédier à leurs problèmes personnels avant de partir dans une ville. « L’ange voyageur » est une forme de comédie. Il s’avère que les Français maîtrisent cette forme mieux que quiconque dans le monde. À chaque fois qu’un Français écrit un tel scénario, ça donne un film de renommé international. Par exemple, Amélie Poulain, Chocolat

Intouchables…
Intouchables. Même Bienvenue chez les Ch’tis. Je ne sais pas pourquoi les Français sont les meilleurs dans ce domaine-là.

C’est parce que les Français ont Omar Sy et pas les Américains ! Certes, il est aux Etats-Unis…mais on a Omar Sy.
Intouchables est un parfait exemple. C’est le scénario « d’ange voyageur » réussi le plus récent de France. Il illustre parfaitement ce que je disais sur le fait de reprendre un genre et d’en tordre les règles pour créer quelque chose de totalement nouveau. Cette combinaison est incroyablement puissante.

Comment expliquez-vous que les Star Wars, dont on peut penser qu’ils ont un scénario foireux, soient grandioses ? À chaque fois qu’ils disent quelque chose, on les adule.
Le phénomène Star Wars est assez complexe, même si, comme je l’ai dit, ça fait partie de ces histoires…

Êtes-vous d’accord avec moi ?
Absolument.

Car si vous racontez qu’il y a une princesse et qu’un mec va la sauver…OK. Mais à chaque fois qu’ils disent un truc ça semble tellement profond !
Star Wars est vraiment la genèse de ce mouvement mondial dont je parle. C’est le tout premier film. Ce qu’il a fait, c’est qu’il a repris plusieurs mythes et des genres du monde entier comme l’histoire des Sept Samouraïs, et il en fait une seule histoire. C’est le premier à l’avoir fait. Les studios ont compris, avec ce film, que si on mélange plusieurs genres qui ont un attrait mondial, notamment ces mythes qui transcendent les barrières culturelles, le film aura un succès mondial. Depuis lors, Hollywood n’a plus voulu faire de films ciblant uniquement le public américain. C’est un public important mais pas aussi grand que le public mondial.

Donnez-moi votre top 5 !
Top 5 ?

Des meilleurs films…
De tous les temps ?

Oui.
Je dirais…Les Sept Samouraïs. Je dirais…Usual Suspects. Fantastique. Pour moi, c’est la meilleure histoire criminelle de ces 20 dernières années.

Je suis d’accord.
Il est excellent. Je dirais Le Parrain.

Le premier, le deuxième ou le troisième ?
Le premier. Beaucoup de gens préfèrent le deuxième mais je pense que le premier est meilleur.

Personne ne cite le troisième.
Personne ne cite le troisième. Un film dont je parle beaucoup dans mon cours : American Beauty. Je pense que c’est un chef d’œuvre à lui-seul en matière de scénario. Un autre classique dont je parle beaucoup : Sueurs froides.

Dernière question : un film français ?
Le film français qui m’a fait le plus d’effet : La Grande Illusion. Aussi un chef d’œuvre, un chef d’œuvre de scénario.

Je suis d’accord. Merci beaucoup.
C’était un plaisir.

C’était un plaisir aussi. C’était une légende du scénario. Je vous conseille d’aller lire son livre. Vraiment, vraiment, vraiment. Si vous voulez comprendre un film et écrire une histoire, il faut lire son livre, revoir cette interview sur Clique.tv en version longue. On se retrouve demain, à la même heure sur Canal+. C’était le Gros Journal avec John Truby et je peux dire que je suis très fier. Thank you very much.
Thank you.

Précédent

LE CLIP DU JOUR : "Grand Paris", Médine ft. Sofiane, Lino, Lartiste, Alivor, Seth Gueko, Ninho et Youssoupha

Dj Snake entame sa troisième collaboration avec Yellow Claw

LE SON DU JOUR : Yellow Claw ft. DJ Snake & Elliphant, "Good Day"

Suivant