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Le Gros Journal avec Grand Corps Malade : « Pourquoi dans un centre d’accidentés, on vient tous des milieux plutôt populaires ? »

Ce soir dans le Gros Journal Mouloud Achour reçoit Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade et Mehdi Idir alias Minos à l’endroit où ils ont fait leurs débuts, au Réservoir. Le slammeur et le réalisateur, qui ont déjà collaboré sur plusieurs projets, présentent aujourd’hui leur premier long-métrage Patients, adapté du témoignage de Fabien Marsaud sur son année passée en centre de rééducation à la suite de son accident, et sur les amitiés qu’il y a nouées.
Après un « Gros Pitch » du film, Grand Corps Malade et Mehdi Idir expliquent la démarche de ce film qui « n’est pas un biopic ». Le film Patients sort en salle mercredi, le 1er mars.


Le Gros Journal avec Grand Corps Malade et… par legrosjournal
Mouloud Achour : Vous allez bien ? Moi aujourd’hui c’est “Gros Corps Mouloud”.
GCM : Oui je l’ai déjà vue sur ton compte Twitter, j’avais beaucoup aimé.

C’était une dédicace à toi, un peu fine.
GCM : J’avais pris la dédicace avec grand plaisir.

Le film « Patients », je vous le dis tout de suite, c’est une bombe atomique. Pour que les gens comprennent à quel point c’est important, on va faire le gros pitch du film. Donc c’est un mec qui se réveille à l’hôpital et qui se rend compte qu’il ne peut plus bouger. Donc on lui apprend qu’il a quoi ?
GCM : Qu’il est tétraplégique. Cela veut dire qu’il ne bouge absolument aucun muscle en dessous du cou. Le tronc et les quatre membres sont paralysés.

A partir de là, il se retrouve dans un hôpital avec des gens de sa génération. C’est des gens de notre génération parce que tout le monde est habillé comme nous on était habillés à l’époque.
On est dans les années 90.

Et qui est-ce qu’il rencontre ?
Il rencontre d’autres accidentés de la vie, il rencontre des potes d’infortune qui ont eu les mêmes galères que lui. Petit à petit, il va se mettre au fauteuil, il va sortir de sa chambre et ils vont réapprendre à vivre tous ensemble. Du coup, on passe du film sur des handicapés au film de potes. On va voir cette bande de potes qui apprend à survivre, et qui va beaucoup se vanner.

 

Dans le premier plan – je m’adresse à Mehdi le réalisateur – tu as tout de suite choisi la caméra subjective. C’est-à-dire qu’on voit les yeux qui s’ouvrent et on est tout de suite, on a l’impression d’être nous-même handicapés.
Mehdi : Cette idée c’était que tout de suite, dès les premiers plans, on se mette à la place de notre personnage. Parce que tout de suite on est saisi par le handicap. C’est-à-dire qu’il y a un côté claustrophobique dans la salle, on sent que toute la salle au début s’attend à golri, et tout de suite on est saisi par autre chose. On voulait que la caméra suive l’évolution physique de notre personnage. C’est pour ça qu’au tout début on a des plans très serrés, désaxés, il n’y a aucun mouvement de caméra. On joue juste sur la profondeur de champs et la composition de plans.

Composition de plans, profondeur de champ. En fait je rigole parce que Mehdi, pendant longtemps, c’était le premier réalisateur de Clique, et il fait du cinéma maintenant. Il a réussi sa life lui. Eminem a fait « 8 Mile », Grand Corps Malade a fait « Patients », mais ce film pour moi a un point de comparaison avec un seul film qui est La Haine. C’est-à-dire que le film se passe à la même époque, et c’est la même génération. Le trio de La Haine c’est trois mecs enfermés dehors et vous c’est des mecs enfermés à l’intérieur, de la même génération. Est-ce que ça a été pensé ça ?
Enfermés à l’intérieur et même enfermés dans leur propre corps, c’est ça aussi qui est très particulier. On n’a pas cherché vraiment de références, on a essayé d’être le plus juste possible, sur une époque qu’on connaît bien. Tu as vu la bande son, on s’est fait un peu plaisir, c’est rare dans le cinéma français qu’on entende Lunatic, Nas, The Roots, NTM.

C’est ce que j’allais dire, juste pour avoir mis Lunatic pour la première fois au cinéma, il faut aller voir ce film.
GCM : Après le reste, le film…
Mehdi : Le reste on s’en fout, les acteurs, les trucs…

Mais les acteurs on ne s’en fout pas, ils ont fait un travail incroyable et il faut comprendre le travail qu’ils ont fait pour préparer leurs rôles. Comment est-ce que tu diriges un mec qui raconte une histoire que tu as vécue?
GCM : Il y a un truc, c’est que ce film-là, tous les personnages du film ont existé. Toutes les scènes du film, je les ai vécues. Mais en même temps, on n’a jamais voulu, Mehdi et moi, faire une autobiographie, un biopic de ce qu’aurait été la vie de Grand Corps Malade avant qu’il ne fasse des disques.

Sinon cela aurait été chiant. Oui vraiment, je connais ta vie !
GCM : Cela aurait été chiant de ouf ! Mais en plus ce n’est pas le sujet du film, tu vois ce que je veux dire ? A la limite, dire “Ah c’était la vie de Grand Corps Malade”, cela aurait vampirisé le vrai propos. Le vrai propos c’est essayer de filmer le quotidien de ces mecs-là, qui ne sont pas autonomes, qui ne peuvent rien faire tout seul.

Mais le vrai propos du film pour moi…
Qui passent le temps à essayer de niquer des heures.

Oui mais il y a un sous-texte dans le film. Je reviens sur la comparaison avec « La Haine », l’exclusion tu la vois à l’intérieur de l’hôpital, comme à l’extérieur.
GCM : Ce film-là, leurs dialogues, leurs vies, leurs embrouilles, on aurait pu les mettre en bas d’un bâtiment. Ils ont recréé leurs univers, leurs codes et il y a cette question qui est posée “Mais pourquoi dans un centre où il y a des accidentés, on vient tous des milieux plutôt populaires ?” Moi je n’ai pas la réponse.

Tu ne l’as toujours pas ?
Non, des fois, quand on pose la question, on a fait une trentaine d’avant-premières, ce thème revient souvent. Il y a même des gens qui ne sont pas d’accord avec nous, qui nous disent “Mais non, dans les centres il y a aussi des bourgeois et tout”. En tout cas à mon époque, pas trop. Est-ce qu’il y a une injustice sociale même là-dessus ? Est-ce qu’on est un peu plus fou que les autres quand on vient de milieux populaires et qu’on a 20 piges ? Je n’ai pas vraiment la réponse.

Il y a même des conséquences de la violence dans le film. C’est-à-dire qu’il y a un patient qui est là à cause d’une embrouille dans un quartier comme il y en avait beaucoup à cette époque-là.
Oui, il s’est pris une balle dans la nuque et qui est tétraplégique, parce que la balle est allée dans la moelle épinière. Cela a existé, c’est des scènes assez surréalistes, où il y a les mecs, les potes de celui qui s’est fait tirer dessus qui ont retrouvé celui qui a tiré donc ils viennent dans la chambre en disant “Qu’est-ce qu’on fait ? Il faut se venger” Voilà j’ai assisté à des scènes assez surréalistes comme ça et du coup on a essayé de retranscrire cet univers-là, cette ambiance-là, avec cette énergie de chez nous.

On est ici au Réservoir pour le film Patients parce que ça a du sens. Vous êtes tous les deux avec Jean Rachid, qu’on embrasse, dans un collectif qui s’appelle “Ça Peut Chémar”. Vous avez fait ici un numéro exceptionnel pour Canal + une fois, où vous avez fait découvrir plein de gens, ça va de Alban Ivanov à Malik Bentalha. Patients, je vous l’assure ça peut chémar et ça va chémar. Je vous raconte la fin du film, c’est IV my people de Kool Shen et il dit “Faire du fric, sans jamais tâcher l’image de ma clique”, et ils ont réussi.
GCM : Il est fort !
Mehdi : Il faut avouer, il est fort.

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