La Grosse Version du Gros Journal : Rayan, 17 ans, militaire volontaire pour la France

Le Gros Journal avec Rayan, l’intégrale du 21… par legrosjournal

Mouloud : Salut Rayan !
Rayan : Salut Mouloud !

Ça va ?
Très bien et toi ?

Tu as 17 ans, tu viens de Montpellier, tu fais partie des 2000 jeunes qui ont pris une décision très spéciale au lendemain des attentats tragiques du 14 Juillet à Nice. Quelle décision as-tu prise ?
J’ai pris la décision de m’engager dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie.

Et tu t’es dit ça parce que tu t’appelles Rayan et que tu voulais être soldat Rayan ou rien à voir ?
Non, rien à voir !

Rayan’b’fever ? Rayan Gosling ?
M’engager me tenait à coeur. Avec tout ce qui s’est passé, je me suis demandé ce que je pouvais faire à mon niveau, moi citoyen lambda, pour essayer d’arranger les choses. La démarche est venue tout naturellement.

Quel a été le déclic ? Le truc où tu t’es dit : « là il faut que je fasse quelque chose » ?
Charlie Hebdo pour commencer, les attentats de Paris, l’Hyper Cacher également… tous ces attentats. Disons que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ça a été l’attentat de Nice.

À quoi sert une réserve ?
À défendre le pays.

Si il y a un conflit quelque part, tu prends ton sac et tu y vas ?
Non, pas du tout ! Mais on assure la sécurité des citoyens par notre surveillance. On est armés durant les patrouilles, on a une arme à feu et un bâton télescopique.

Donc tu as le droit de porter une arme à feu, à 17 ans ?
Bien sûr.

À 17 ans, tu fais quoi normalement dans la vie ?
Normalement, tu es lycéen, tu sors avec tes amis, tu fais du sport, tu vas au cinéma.

Tu es censé être au lycée ?
Bien sûr !

Est-ce que tu as le droit de faire des contrôles d’identité ?
Oui !

Ça veut dire quoi, pour toi, l’identité française ? Toi qui t’es engagé dans la réserve opérationnelle et qui est prêt à aller au front pour défendre la France.
Se battre pour les valeurs de la France. Que la liberté, la laïcité, l’égalité et la fraternité se battent pour les valeurs républicaines.

Pourquoi est-ce que tu mets la laïcité avant l’égalité et la fraternité ?
C’était instinctif.

Pourquoi ? C’est un truc qui te tient à cœur ?
La laïcité, oui.

Quelles sont tes convictions personnelles en termes de religion ?
Ma confession ?

Oui.
Je suis musulman. C’est pour ça que je vis les attentats sous un angle assez particulier.

Pourquoi ?
Je suis en quelque sorte révolté parce qu’en plus de s’attaquer à mon pays, ils le font au nom de ma religion. Cet engagement dans la réserve, c’est aussi une manière de se désolidariser.

J’ai toujours du mal quand on dit, « il faut se désolidariser ». C’est-à-dire qu’à un moment, on pourrait croire que les musulmans sont solidaires des terroristes, alors que c’est faux. La majorité des musulmans en France ne sont pas solidaires des gens qui font partie de l’Etat prétendu islamique.
C’est aussi une manière, je pense, de rassurer. De se dire, « tiens un jeune musulman s’engage dans la réserve, ça existe ».

En fait, il faut se désolidariser des gens qui pensent que les musulmans ont quelque chose à voir avec les attentats plutôt…
En quelque sorte.

Et comment ça se passe au lycée avec tes potes ?
Pour tout te dire, je n’en ai pas encore parlé à mes amis du civil.

Bon les amis du civil, sachez que l’individu en face de moi surnommé Rayan, est potentiellement un gendarme de la réserve opérationnelle. Et qu’il peut à tout moment vous demander vos papiers d’identité et sortir son gun. C’est ça ?
C’est ça !

Ici, on est dans un endroit très symbolique. On est à Paris, devant l’École militaire. Tu veux faire quoi plus tard ?
J’aimerais bien être avocat spécialisé dans le droit pénal.

Rayan, que tu sois réserviste, gendarme, pas gendarme, avocat, militaire plus tard… Il n’y a qu’une seule chose qui compte. C’est que tu retournes à l’école, tu n’es pas censé être sur le plateau du Gros Journal… Le Gros Journal c’est terminé !