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Société

« On ne sépare pas les gens qui s’aiment » : l’écrivaine Faïza Guène raconte la possible expulsion de son compagnon

La romancière et scénariste Faïza Guène devait se marier le 1er octobre 2016. Deux jours avant la cérémonie, son compagnon, qui résidait en France sans papiers, a été contrôlé puis placé en détention provisoire au centre du Mesnil-Amelot. Il risque d'être expulsé du pays.

Pour raconter leur douleur et leur histoire, Faïza vient de mettre en ligne un texte poignant, « Le Bruit des Avions ». Nous en reproduisons ci-dessous quelques extraits.

Ne dit-on pas d’une menace qu’elle plane au-dessus de nos têtes ?
La menace plane en effet, elle plane comme un avion qui a l’arrogance de décoller.

Et le bruit des réacteurs qui ne cesse pas, devient obsédant.

Ce bruit, après 25 jours au centre de rétention, est devenu si familier qu’il pourrait presque reconnaître de quelle compagnie il s’agit, si familier qu’il pourrait dire exactement le nombre de passagers qui sont assis à l’intérieur, qu’il pourrait même savoir si l’un d’entre eux n’a pas attaché sa ceinture, qu’il pourrait deviner dans quelle rangée est le bébé qui pleure.
……
Le bruit des avions, je l’entends aussi, au téléphone, quand il essaie de me parler, s’il n’a pas la voix qui tremble, si le réseau nous le permet, s’il est d’humeur à me faire croire, à se faire croire, qu’il sera bientôt libre, et qu’il marchera dehors, à côté de moi, comme avant.
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Souvent ralentie par le poids d’un sac de vêtements propres, je marche le long de cette route bordée d’arbres aux feuilles rougissantes, comme pour me rappeler que l’automne arrive timidement. Car j’oublie que les jours passent, en ce moment ils se ressemblent, comme se ressemblent les visites, les fouilles, les palpations, les robes des avocats et les déceptions de voir tous nos recours rejetés. La musique des avions est entêtante.
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On pensait que c’était qu’une histoire de temps. On avait une date : le 1er octobre, ce devait être le 1er octobre à 15H00, le début du mois, le début de tout, d’une vie différente. On avait aussi acheté les alliances, le costume, la robe et la tenue de notre petite demoiselle d’honneur, qui a bientôt 6 ans et à qui ça ne convient pas comme réponse « il ne peut pas rentrer à la maison parce qu’il n’a pas de papiers ».
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L’intégralité du texte « Le Bruit des Avions » est à lire sur le Bondy Blog.

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