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Société
Par Eileen Mora

Yémen : le calvaire des migrants africains en détention

Un rapport de l’Organisation non-gouvernementale Human Rights Watch dénonce les exactions commises par des fonctionnaires du gouvernement yéménite sur des migrants et demandeurs d’asile, originaires de pays de la Corne de l’Afrique.

Le Yémen, fragilisé par les conflits, un blocus et une crise humanitaire sans précédent, fait face à un afflux massif de réfugiés. D’après un rapport du Haut-commissariat des Nations unies pour les Réfugiés datant de Janvier 2018, on estime que 5 000 personnes originaires de la Corne de l’Afrique arrivent chaque mois sur le territoire.

Retenues dans des centres de détention, ces personnes fuyant leurs pays d’origine sont, selon Human Rights Watch, privées de leurs droits et victimes d’abus. Les autorités, pourtant tenues de garantir aux demandeurs d’asile l’accès à une protection et aux procédures d’asile, auraient expulsé des migrants par voie maritime dans des conditions périlleuses.

L’ONG (dont nous parlions déjà en 2015) a rencontré d’anciens détenus du centre de détention d’Aden, principale ville du Sud du pays, qui déclarent également avoir été victimes de sévices commis par des fonctionnaires yéménites.

« Les gardiens du centre de détention pour migrants d’Aden s’en sont brutalement pris aux hommes, ont violé des femmes et des garçons, et renvoyé des centaines de personnes à bord d’embarcations surchargées »- Bill Frelick, directeur de la division Droits des réfugiés à Human Rights Watch.

De nombreuses photos et vidéos laissent découvrir un hangar en béton surpeuplé et des conditions d’hygiène précaires. Selon les témoignages recueillis, l’accès aux soins était « très limité », et les distributions de vivres (si tant est qu’elles soient assurées) étaient irrégulières. Les ex-détenus dénoncent les menaces de mort, les coups, la torture, les humiliations et les meurtres de deux détenus. Agressions sexuelles et viols à répétition sont également évoqués par les rescapés. Ils n’auraient épargné personne, et auraient été perpétrés par les gardiens du centre de détention.

« Chaque nuit, ils en prenaient un, pour le violer […] Pas tous. Les plus petits. Les garçonnets. J’en connais sept qui ont été agressés sexuellement… Vous pouviez entendre ce qui se passait. » – Un ex-détenu du centre de détention d’Aden.

Le ministère de l’Intérieur du Yémen a annoncé avoir relevé de ses fonctions le chef du centre, et entamé des procédures pour transférer les migrants dans un autre lieu, en promettant d’enquêter plus amplement. Pourtant, les mesures semblent insuffisantes pour Human Rights Watch qui appelle à la garantie de l’accès aux procédures d’asile aux migrants détenus au Yémen, ainsi qu’à la poursuite des auteurs d’abus.

« Les autorités yéménites et les Houthis doivent travailler avec l’agence des Nations Unies pour les réfugiés pour établir un processus permettant aux migrants africains de demander l’asile ou d’obtenir la protection nécessaire » – Bill Frelick

Image à la une : VICE News.

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