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Société

Verona, le « Tinder » qui veut matcher Israéliens et Palestiniens

La paix dans le monde peut-elle passer par une application de rencontres ? C’est le pari de Verona, une application mobile (repérée par le quotidien israélien Haaretz) dédiée aux rencontres entre Palestiniens et Israéliens, qu’ils soient à la recherche du grand amour ou d’un simple contact pacifié avec l’Autre.

L’utilisateur, qui s’inscrit via Facebook, fait défiler les profils devant ses yeux et balaye l’écran vers la gauche ou vers la droite, selon son intérêt pour la personne. Presque intégralement comme Tinder… Sauf qu’auparavant, il aura indiqué s’il est Palestinien ou Israélien, et n’aura accès qu’aux profils différents du sien.

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Le concepteur de Verona, Matthew Nolan, 31 ans, vient de New-York. L’idée lui est venue, dit-t-il, en observant un couple d’amis. Pour l’instant, il revendique plus d’un millier de téléchargements.
“Je parlais à un ami Palestinien, qui avait une nouvelle petite amie Israélienne, » explique-t-il au site Refinery29. “On plaisantait à propos de JDate (un très célèbre site de rencontres pour les membres de la communauté juive, NDLR). J’ai dit, ‘On devrait faire un J-P Date, Juif-Palestinien Date’”.
Quant au nom, il a été choisi en référence à Vérone, la ville de Roméo et Juliette.

Ronald Hatto, profeseur de relations internales au CERI-Sciences Po, ne cache pas son scepticisme. « C’est une idée originale », nous dit-il, « Mais les deux positions sont tellement radicalisées que je vois mal comment une jolie application faite par un New-yorkais pourrait réconcilier les gens.

Vous avez vu les élections en Israël récemment. Tout le monde croyait que Netanyahu allait perdre, et en fait il est passé. C’est mauvais signe pour le processus de paix. Et du côté palestinien, il n’y a pas de quoi être beaucoup plus optimiste ». Disons que si ça le fait, il faut lui donner le prix Nobel de la Paix ».

Il est vrai que le projet est pour le moins ambitieux, notamment si l’on se souvient de l’expérience Palestinder : en juillet dernier, en plein regain de conflit israélo-palestinien, un groupe de jeunes Américains séjourne à Ramallah, en Cisjordanie. En voyage humanitaire, ils viennent enseigner l’anglais. Le groupe décide de s’inscrire sur Tinder et d’initier la conversation avec des Israéliens.
Les jeunes gens postent ensuite des captures d’écran sur un Tumblr, Palestinder.
Les messages, alors repérés par ForeignPolicy, en disent long sur l’entreprise délicate qu’est la drague entre côtés opposés du mur…

Le plus souvent, les échanges tournent court :

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– Et où se trouve la Palestine je n’en ai jamais entendu parler ?
– C’est une blague ?
– Je vis en Israël et ce n’est pas une blague, cet endroit n’existe plus. Il y des villes en Israël où vivent des Arabes, c’est la raison pour laquelle la Palestine n’existe pas.

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– Hey ! Qu’est-ce que tu fais à Ramallah pour l’été ? À part essayer de rester en vie ?

Mais heureusement, de temps à autres l’ « Amour » est plus fort que tout… :

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– Je ne parle pas l’hébreu
– Pas de souci. Je peux lire les chiffres. Envoie ton numéro.

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– Donc tu es Arabe et je suis Juif, ça ne te pose pas problème ?
– Ben… Il y a eu Roméo et Juliette…
– Hahaha. Tu as plus de photos ?

Reste à régler un petit détail. Admettant que Verona, plus que Tinder, parvienne à créer l’amour entre Palestiniens et Israéliens : pour que les heureux élus puissent se rejoindre, il leur faudra encore traverser les checkpoints… Et ça, c’est une autre paire de manches.

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