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REPLAY – Le Gros Journal avec Monica Bellucci : “L’énergie n’a rien à voir avec l’âge, elle est seulement liée à l’âme”

Ce soir, Mouloud Achour accueille Monica Bellucci, maîtresse des Cérémonies d’ouverture et de clôture du Festival de Cannes 2017 qui se déroulera du 17 au 28 mai prochain. Pour l’occasion, on retrouvera aussi le réalisateur Gaspard Noé, qui a dirigé l’actrice en 2002 dans le film Irréversible, pour un « GrosGustin » avec Augustin Trapenard. Un peu plus tard, un deuxième « GrosGustin » se consacrera à Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes depuis dix ans.


Le Gros Journal avec Monica Bellucci, l… par legrosjournal

Mouloud : Salut, ce soir le Gros Journal a posé son plus dans les locaux de Canal+, on reçoit une légende qui sera la MC du 70ème festival de Cannes, Monica Bellucci. Ce n’est pas un épisode de Serge le Mytho, c’est le Gros Journal. Comment ça va Monica ?
Monica : Très bien.

Mouloud : Je suis tellement fier de toi.
Monica : Vraiment ?

Mouloud : Maîtresse de cérémonie du 70ème festival de Cannes, c’est toi la MC de Cannes, c’est quand même dingue pour quelqu’un qui part d’un village appelé Città Di Castello en Italie.
Monica : Je suis très heureuse de faire ça cette année, un peu peur bien sûr parce que je connais l’émotion que ça comporte de faire ça. En plus, j’ai une partie de ma personnalité qui peut dealer avec la lumière, et une autre partie qui aime bien être dans l’ombre. Mais en même temps, je me suis dit que Cannes est tellement important, c’est un festival qui donne la possibilité d’exister à toutes les voix, même les plus différentes.

Mouloud : Est-ce que tu as conscience de ce que tu représentes en terme de paradoxe ? C’est-à-dire que tu es quelqu’un qui vient d’un village lointain, reculé, et qui transfuge de classe, arrive à naviguer dans tous les milieux sociaux, qui a connu la réussite, qui est tout le temps exposé mais qui ne se montre jamais en même temps. Est-ce que tu arrives à vivre ce paradoxe ?
Monica : Tu m’as étudié ou quoi ?

La lumière peut parfois être très dangereuse, c’est comme les papillons qui sont attirés par la lumière, mais la lumière peut aussi te brûler si tu profites d’elle.

Mouloud : On a l’impression que des gens sont attirés par la lumière, et d’autres qui l’attirent. Toi, ça se voit que tu n’es pas attirée par la lumière, mais que tu l’attires.
Monica : Mon métier, être comédienne, dépend vraiment du désir des autres, en ce sens qu’il y a une partie qui est active, sur la possibilité de faire des choix, et c’est là que tu deviens active : lorsque tu as envie de travailler avec ce réalisateur ou pas. Mais après il y a toute une partie qui est vraiment d’abandon et du désir que tu provoques chez un réalisateur ou une réalisatrice qui font appel à toi pour un film.

Mouloud : Est-ce que plus jeune, tu avais une ultime confiance en toi qui t’a poussé à traverser, ou tu avais conscience d’avoir un destin ?
Monica : Tout ce que j’avais, c’est une passion. Les gens qui ont une passion sont des gens qui ont beaucoup de chance, la chance d’avoir l’envie de faire quelque chose qui les rend heureux.

Mouloud : C’était quoi ta première passion ? Le premier truc où tu t’es dit “Là, mon cœur vibre pour ça”.
Monica : Le cinéma. Depuis petite, je savais que ce que je voulais faire, c’était du cinéma. En tout cas j’étais attirée par tout ce qui est image, la parole à travers l’image. L’image n’a pas besoin de la parole pour pouvoir exister. Ça arrive droit au cœur, sans besoin de la parole comme intermédiaire de communication. Et ça revient un peu à ce que disait Saint-Exupéry : “L’essentiel n’est visible qu’à travers le cœur et pas à travers les yeux”.

Mouloud : L’une des premières personnes qui a capturé ton image, c’est Helmut Newton. C’est l’un des plus grand photographes qui a traversé l’humanité, comment ça s’est passé ?
Monica : Quand j’ai travaillé avec lui la première fois, il avait 80 ans, et moi, derrière la caméra j’avais une personne qui était l’une des personnes les plus vivantes que j’ai jamais rencontrées.

Mouloud : C’est-à-dire qu’il était là, à 80 piges…
Monica : Il était incroyable, l’excitation, la manière dont il regardait les choses à travers sa caméra… Tu étais pris, tu étais envoûté par cette capacité qu’il avait de représenter la vie à travers sa caméra. Et du coup là tu vois vraiment que l’énergie n’a rien à voir avec l’âge, que l’énergie est vraiment liée à l’âme. J’ai travaillé avec lui plusieurs fois, et c’était magnifique d’être la muse inspiratrice de grands talents comme ça.

Mouloud : Tu parles d’énergie, tu as travaillé avec des réalisateurs qui ont tous des personnalités toutes aussi particulières et avec des énergies hyper différentes. Quelle énergie t’a le plus marqué sur un tournage ? Quel est le réal ? Il y en a eu tellement, là il y a Emir Kusturica qui arrive… Spike Lee, Gaspar Noé.
Monica : On est en France, parlons des réalisateurs français. C’est sûr que Gaspar Noé, c’est quelqu’un de particulier, en ce sens que même lorsque tu fais un film porno comme Love, ça devient un film d’amour, et ça c’est magnifique non ? Avec Love, il arrivait à faire encore une fois une oeuvre tellement spéciale, unique. Ça va au-delà de la force de l’image, ça devient poétique. Le porno devient poétique avec Gaspar Noé, il faut le faire quand même.

Monica : Après bien sûr Emir Kusturica c’est un autre réalisateur très particulier, avec qui j’ai tourné pendant presque quatre ans, 2013 – 2014 – 2015, on a finit en 2016 le film, d’ailleurs ça sort maintenant. Et pour tourner quatre ans avec quelqu’un, c’est sûr qu’il faut que tu aies de l’estime, et moi j’ai beaucoup d’estime pour cet artiste extraordinaire et j’aime bien l’idée qu’il revient au cinéma après beaucoup d’années. Parce qu’Emir Kusturica est quelqu’un qui était présent dans les dernières années avec ses livres, avec des documentaires, avec la musique, mais avec un long-métrage, ça faisait longtemps. Et là il revient avec un film sur l’amour. L’amour et la sensualité sont des choses liées à l’énergie et pas à l’âge. Je trouve que ça c’est un beau message pour des gens comme nous, de notre génération qui j’espère auront une longue vie.

Mouloud : Est-ce que tu penses avoir un âge ? Parce que moi je n’arrive pas à te donner d’âge. La plupart des actrices aujourd’hui, sont soient retouchées sur photoshop, filtrées, instagramées. Et toi tu poses sans filtres, sans rien.
Monica Bellucci : Dans la plupart des photos il y a des retouches thanks God !
Moi j’adore les retouches, je vous le dis. Des fois tu as un kilo de plus, tu n’as pas trop dormi et avec les retouches, tu nettoies beaucoup de choses.

Mouloud : C’est ça le geste : “Thanks God !” ?
Monica Bellucci : Mais en même temps, je dois dire que…

Mouloud : Parce que la couverture de “Elle” sans retouches.
Monica Bellucci : Aujourd’hui on retouche beaucoup moins, c’est vrai. On commence à avoir envie de plus de vérité. Et après c’est la vérité. La vérité ne peut pas mentir.

Mouloud : Comment est-ce qu’on est une maman normale ? Quand on est Monica Bellucci ?
Monica Bellucci : Moi je suis surtout une maman.

Mouloud : Là, elle ne rigole plus.
Monica Bellucci : Non, finito. Là c’est tout « l’italianité » qui sort. Alors d’abord je suis une mère, j’ai des enfants, qui accompagne ses enfants à l’école le matin, va les chercher, fais les devoirs et les mets à dormir. Et après je suis une comédienne.

Mouloud : C’est donc juste un travail. Une passion devenue un travail.
Monica Bellucci : Voilà. Mais d’abord il y a mes enfants.

Mouloud : C’est pas mal.
Monica Bellucci : En tout cas je ne peux pas faire autrement. Je ne peux pas faire autrement parce que c’est ma nature.

Mouloud : J’ai une question très simple. Parce que c’est un mot qui te colle depuis le début. Il y a deux mots pour moi qui te définissent, “émancipation” et “liberté”. C’est quoi ta définition de la liberté. En quoi aujourd’hui, Monica Bellucci est une femme libre ?
Monica Bellucci : Ne pas être vraiment libre. Je ne sais pas si on peut être vraiment libre de tous.

Mouloud : En tout cas tu as toujours la liberté de faire tes choix, la liberté de faire de ce que tu voulais, de te montrer, de ne pas te montrer, de disparaître, de réapparaître. Là, c’est le seul plateau de télévision que tu fais alors que tout le monde te court après pour la 70ème édition du festival de Cannes. D’ailleurs merci. Mais c’est quoi ta définition de la liberté ?
Monica Bellucci : La liberté c’est arriver à sortir des codes qu’on nous met depuis qu’on est petit. C’est la lutte de nous tous. Ça veut dire qu’on est programmé depuis qu’on est petit. On est programmé envers l’école, la religion, la société où l’on vit, de ce que l’on fait de nous. Et il faut arriver à trier avec tout ça ce qui est bon ou pas bon. Il y a aussi des choses très très bonnes. J’aime bien savoir d’où je viens. Par exemple, j’adore que mes filles savent parler l’italien très bien. Parce que pour moi, le fait qu’elles parlent l’italien, ça veut dire qu’on communique avec l’amour maternelle.

Mouloud : Aujourd’hui le monde connaît plein de bouleversements. Tout est en train de se chambouler. Est-ce que tu as confiance dans le monde qu’on est en train de laisser à nos enfants ?
Monica Bellucci : Moi j’ai confiance dans l’humain sinon je n’aurais pas fait d’enfants. Et je pense que malgré l’horreur, on a une force de survie qui est plus puissant que la destruction. J’ai confiance dans l’humain.

Mouloud : Il y a une force de survie qui t’anime ?
Monica Bellucci : Très forte. Oui.

Mouloud : Il vient d’où, cet instinct de survie ?
Monica Bellucci : D’avoir passé des moments pas tout le temps faciles je crois. On a tous un bagage à porter, il faut faire face à l’existence et je pense que l’apprentissage ne finit jamais. C’est quand on dit « ça y est j’ai compris » que l’on retombe encore plus bas.

Mouloud : Tu penses qu’avec toute ton expérience, tu es encore une apprentie dans le cinéma ? Tu es encore une jeune actrice qui apprend ?
Monica Bellucci : Jeune actrice non, parce que j’ai 52 ans. Mais je trouve qu’aujourd’hui, il y a une manière magnifique de regarder les femmes et les comédiennes par rapport au passé. Je regarde les actrices magnifiques françaises comme Isabelle Huppert ou Catherine Deneuve. Les actrices anglais comme Judi Dench ou des actrices américaines magnifiques que j’admire énormément. Je vois comme le parcours est de plus en plus intéressant et comme la manière de représenter les femmes au cinéma est vraiment différent par rapport au passé. Avant les actrices de 40 ans ou 50 ans, même si elles avaient beaucoup de talents, elles finissaient leurs carrières alors que peut-être elles avaient des choses merveilleuses à donner. Et aujourd’hui, ça c’est possible. Du coup moi je pense que ceci est une manière différente que les femmes ont de se regarder elles-mêmes. Avec beaucoup plus de respect. Et à cause de ça, on est regardées avec plus de respect.

Mouloud : Il y a une question que je ne te poserai pas parce que je la déteste et que tous les relous vont te la poser, c’est celle de la pression à Cannes. On en a rien à faire. Par contre, moi j’ai un souvenir de toi à Cannes, j’étais là pendant la projection d’IrréversibleComment est-ce que tu as vécu ce moment là ? Moi j’ai vu des gens sortir de la salle en hurlant.
Monica : Alors qu’aujourd’hui le film est culte, et qu’on l’étudie dans les écoles de cinéma, et je ne sais pas combien de livres de cinéma il y a avec la couverture d’Irréversible encore aujourd’hui, des années après, on me parle de ce film. Mais disons que c’est un film tellement violent qu’il a provoqué un débat énorme. Et en même temps, comme dans tous les films de Gaspar Noé, il y a de l’amour et de la poésie. Et c’est ce contraste qu’il y a dans le film, qui a provoqué à l’extérieur la même chose : de l’amour et de la haine.

Mouloud : Comment on choisit à cette époque-là, un film comme ça ? Est-ce que tout le monde était contre toi quand tu l’as choisi ?
Monica : Non. Moi je trouvais ça novateur. On peut faire la comparaison avec un film de Godard. Qu’est-ce que ça devait être pour Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg de tourner avec Godard. Cette liberté absolue de jeu. Et je crois que ce qui est arrivé pour nous trois, quand on a tourné dans le film, c’était la même chose pour les acteurs parce que l’on était libre. Ça veut dire que ce film était né avec quelques lignes écrites par Gaspar Noé et on s’est retrouvé, les trois acteurs, devant l’idée du scénario et après tout s’est inventé sur le plateau. Du coup, improvisation du matin au soir et liberté absolue de jouer. On ne fait que ça au théâtre, et du coup même des manières différentes de tourner, c’était une école de cinéma pour nous tous.

Mouloud : Monica j’aimerais que tu me fasses un grand kiff.
Monica Bellucci : Un kiff c’est quoi ?

Mouloud : Un plaisir.
Monica Bellucci : De quoi ?

Mouloud : Que tu me parles de Twin Peaks.
Monica Bellucci : Oh mon dieu. Tout ce que je peux dire, c’est que je fais partie du casting. Et que moi je suis une comédienne comme je crois toutes les comédiennes, passionnée. Qui bouge par amour. Je tourne des fois pour quatre ans. Et je tourne des fois pour deux minutes. Mais c’est toujours de l’amour qui me fait vivre. Qui me fait sentir que dans les veines j’ai du sang.

Mouloud : C’est hyper David Lynch comme réponse.
Monica Bellucci : Ah bon ? Tu vois, je le mets là par hasard.

Mouloud : Comment ça s’est passé avec Twin Peaks ? On n’en dira pas plus ? Je ne bégaie pas.

Monica Belluci : …

Mouloud : Monica on va te laisser aller à Cannes. Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
Monica Bellucci : Que du bonheur.

Mouloud : Merci.
Monica Belluccci : Merci.

Mouloud : C’était une interview sous le signe de l’amour avec Monica Bellucci. Merci beaucoup pour tout l’amour que tu nous a donné.
Monica Bellucci : Merci pour tout l’amour que j’ai reçue.

Mouloud : On se retrouve demain à la même heure sur Canal + pour le Gros Journal et Monica Bellucci était avec nous. Gros big up, merci beaucoup.
Monica Bellucci : Merci

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