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Arts
Par Laura Aronica

LA PHOTO DU JOUR : Notorious B.I.G dans un cimetière, par Michael Lavine

"Six semaines plus tard, Biggie était mort".

Fin janvier 1997, dans le cimetière Cypress Hill de Brooklyn, à New-York. Ce jour-là, Notorious B.I.G est mal en point.

« Il marchait lentement, d’un pas lourd, et il avait l’oeil gauche qui vrillait, ce qui infecte vraiment cette image ».

Blessé à la jambe dans un accident de voiture, le rappeur peine à tenir debout sans l’appui d’une canne. Mais il doit shooter la couverture de son prochain album, Life After Death. C’est Michael Lavine, alors tout jeune photographe, qui est chargé de la tâche. Et si la journée se révèle un enfer, la série photo est un succès :

biggie

Le photographe a raconté au Guardian l’histoire mouvementée de ce portrait en monochrome, devant une série de pierre tombales, de Notorious B.I.G – surnommé Biggie par ses fans. Aujourd’hui, il estime que c’est son meilleur cliché, même si à l’époque, la photo n’a pas été retenue pour l’album. Puff Daddy, le manager de B.I.G, lui a préféré une autre image de la série (elle aussi prise par Michael Lavine) où le rappeur, chapeau melon et costume de croque-mort, est adossé à un corbillard immatriculé à ses initiales :

life after death

« Biggie était populaire, mais il n’était pas encore une légende », se souvient Michael Lavine, pour qui, à l’époque, la commande est tout de même cruciale.« J’ai loué des tonnes d’appareils spéciaux et de zooms très chers » – Soit 15 000 dollars de matériel, qu’on lui vole dans la foulée. Presque impossible, par ailleurs, de se déplacer dans les allées du vaste cimetière. Le rappeur est entouré par sa clique et ses gardes du corps, et en premier lieu par Puff Daddy, « un véritable cerveau », mais surtout « un connard pas facile à gérer ».

Attiré par la scène musicale des États-Unis, Michael Lavine, est, à l’époque, plus inséré dans le milieu « grunge » que dans celui du Hip Hop… : « J’ai travaillé avec Nirvana, Sonic Youth et les Beastie Boys », dit-il. « Et les puis artistes Hip Hop ont commencé à m’engager – ils me voulaient parce que je les faisais ressembler à des rock stars ». Biggie, en revanche, lui laisse un excellent souvenir. “La première fois que je l’ai vu, je me suis dit : Il va m’arracher la tête ! Mais c’était le mec le plus sympa du monde ».

L’image est d’autant plus précieuse que cette série de photos n’aurait jamais dû exister. Au départ, la pochette de Life After Death (« La vie après la mort ») avait été imaginée dans les tons blancs, à base de nuages, de ciel bleu et d’herbe verte. « Ce titre devait signifier une renaissance spirituelle », raconte Ebon Eath, qui a finalisé la couverture de l’album, au site spécialisé EgoTripLand« La vie après les débuts plutôt mornes (à part les hits radio) de Ready To Die ; la vie après Bad Boy contre Death Row ; la vie après la mort de son ex-ami, devenu ennemi, Tupac Shakur ».

« Ça devait plus se focaliser sur les nuages, sur un grand ciel bleu, avec un costume blanc… « soyons vivants », quoi.  Quelque chose de positif ».

Finalement, la direction artistique de Notorious décide de donner un tour plus sombre à l’image du disque. Au lieu de s’en éloigner, elle souligne plutôt la guerre du Hip Hop qui déchire, alors, les deux côtes des États-Unis. Pour Michael Lavine, le fait que Biggie se détourne des tombes, sur la photographie qu’il a sélectionnée, est « un symbole de défiance : une posture puissante, qui affirme « Tu ne peux pas me toucher » ». Et pourtant…

Quelques semaines plus tard le 9 mars 1997, le rappeur est assassiné à Los Angeles. La pochette de Life After Death, qui sort le 25 mars, n’est pas modifiée. Elle devient légendaire. La photo préférée de Michael Lavine, elle, tombe dans l’oubli. À son grand regret :

« Avec toutes ces années, c’est toujours la photo la plus poignante que j’aie prise. Cette image d’un jeune homme noir dans un cimetière est très puissante, politiquement. C’était d’actualité chaque jour, à l’époque. Et ça l’est toujours aujourd’hui ».

> Lire le témoignage en entier (en anglais) sur le site du Guardian.

La première version de cet article a été publiée le 29 juin 2015.

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