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Société

Le Barbs, cette danse saoudienne qui dérange

Placez vos deux pieds de profil, détournez légèrement votre tête et ondulez au rythme d’un son hip-hop remixé à la saoudienne. Vous savez à présent danser le Barbs, le pas qui, depuis quelques mois, ambiance toute l’Arabie Saoudite et se propage dans le monde arabe.

Ondulations et flegme oriental, les maîtres-mots du Barbs.

Barbs peut être traduit par fou, désordonné, en somme un pas qui est fait pour s’ambiancer. Cette danse est reprise par de nombreux saoudiens et saoudiennes qui postent leur Barbs depuis le mois de janvier sur tous les réseaux sociaux. Créé à l’origine par Majed Al-Esa, chanteur et réalisateur, le Barbs est devenu un phénomène de mode, à la manière du  Harlem Shake, ou du Dab propulsé par Migos aux États-Unis.

Si le Barbs connaît de nombreux adeptes, des voix s’élèvent au sein de la société saoudienne pour dénoncer ce phénomène. Certains voient dans cette danse une importation des codes occidentaux, et notamment américains en Arabie Saoudite où l’islam pratiqué est à tendance wahhabite (une des branches les plus rigoristes de l’Islam). Une partie de la société saoudienne reste très attachée à une morale religieuse stricte, dans un pays où les moins de 30 ans représentent plus de 75% de la population selon les chiffres du Ministère des Affaires étrangères.

Après avoir posté une vidéo de leur Barbs en uniforme deux soldats émiratis ont été poursuivis le 19 janvier dernier pour avoir manqué au respect de l’armée nationale. Selon le procureur en charge de l’affaire, la vidéo représenterait « un affront à l’honneur que celui de faire son service militaire » d’après le journal saoudien The National.

Selon Sudarsan Raghavan, journaliste au Washington Post, certains éditorialistes et conservateurs saoudiens n’ont pas hésité à appeler au boycott de cette danse. Parmi eux, quelques-uns ont exigé aux autorités l’arrestation pure et simple des adeptes du Barbs. D’autres critiques réprouvent la mise en avant d’un phénomène qu’ils jugent idiot, lançant même un hashtag que l’on peut traduire par « Ne rendez pas célèbres les personnes stupides ».

Cette controverse fait écho aux nombreuses difficultés que rencontrent les danseurs du Moyen-Orient pour pouvoir exprimer leur art librement. En Iran (à majorité chiite), dans une société qui est pourtant différente de l’Arabie-Saoudite on a pu observer les mêmes répressions. Récemment, des cours de tango en Iran ont été contraints à la clandestinité, pour échapper aux autorités. D’autres Iraniens s’étaient vus condamnés à des peines de prison et à des coups de fouet pour avoir repris le clip Happy de Pharrell Williams en 2014. Des histoires qui nous rappellent que dans certaines régions du monde, il n’est même pas simple de danser tranquillement.

Photographie à la Une – capture d’écran Youtube

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