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Société

La grosse version du Gros Journal : Oulaya Amamra

Chaque jour, juste après la diffusion du Gros Journal, retrouvez en exclusivité la suite de l’interview sur Clique. Mouloud Achour, son invité et un gros +. Place, ce soir, à Oulaya Amamra, l’actrice principale du film « Divines » :


Interview de Oulaya Amamra, version longue – Le… par legrosjournal

Mouloud : Salut Oulaya Amamra !
Oulaya Amamra : Salut Mouloud Achour.

Comment ça va ?
Ça va et toi ?

Le monde t’a découvert à Cannes, avec le film Divines, qui a obtenu la Caméra d’or. Film réalisé par ta sœur Houda. Il faut bien rappeler que c’est un rôle. Plein de gens pensent que – comme tu es la sœur de la réalisatrice et que tu viens aussi de banlieue et que le film se passe en banlieue – pour toi c’est normal, alors que toi tu veux être comédienne depuis toute petite.
Depuis tout petite, depuis que j’ai 12 ans. Même si c’est quand même elle qui m’a initiée… Elle m’a obligée à aller à son cours de théâtre, parce qu’elle avait personne. La révélation, ça a été à la Comédie-Française, quand j’ai été voir Le malade imaginaire de Molière, et là je savais que c’est ce que je voulais faire.

On est là parce que l’affiche du film est juste à côté, sur les Champs-Elysées, et l’affiche du film dit tout sur le film. Divines ce n’est pas un film sur le féminisme comme on l’a dit partout, ce n’est pas un film sur la banlieue. C’est un film sur la pauvreté et sur l’humiliation des pauvres.
Exactement, c’est un film sur les pauvres. À la base, Dounia habite dans un camp de Roms. Moi j’ai dormi là-bas, parce que j’étais en pleine identification au personnage, j’avais besoin de comprendre pourquoi Dounia avait la rage. Pourquoi elle avait envie d’arriver, pourquoi elle avait le besoin viscéral d’arriver tout en haut. Tu nourris ce besoin. Et en dormant dans le camp de Roms, j’ai compris… C’est vraiment la misère ! Il y a encore des gens qui vont chercher de l’eau dans des puits, qui n’ont pas accès à la scolarité, qui n’ont rien. Et ça ne concerne pas que les Roms. On a vu des blancs, on a vu des arabes. On a vu des gens qui sont tout simplement exclus. Et Divines, c’est ça. On raconte des gens qui sont mis au ban de la société.

Quand on pense aux films de banlieue, on pense forcément à La Haine de Mathieu Kassovitz. Moi je pense que Divines, c’est La Haine de la nouvelle génération. Sauf que La Haine, c’est trois gars qui galèrent et qui ont la haine. Et Divines, ce sont des meufs qui bougent et qui ont la rage.
Exactement, Dounia, c’est une fille qui a envie d’arriver tout en haut, c’est une fille qui a envie de grandir et qui va utiliser le « du-argent ». Mais en fait ce n’est pas que Dounia, je pense qu’il y a plein de jeunes qui vont se reconnaître en elle…

Est-ce que ce n’est pas symptomatique de cette génération ? « Money, money, money », quand on voit ça dans le film, ce n’est même plus : « on veut faire des choses associatives, on veut s’en sortir, on veut s’unifier ». C’est « on veut être riches ».
La plupart des jeunes de notre génération veulent faire de l’argent. Et Dounia a envie de devenir grande et de faire de l’argent. C’est pour ça que c’est un film politique, parce que c’est un film qui est de notre époque.

Toute la presse, la radio, la télé, était à fond sur vous pour Divines. Et ils étaient tous bloqués sur le côté féministe, comme si on ne pouvait pas être féministe et habiter en banlieue.
Je pense qu’ils ont une idée reçue de la banlieue. Moi, un journaliste m’a déjà demandé : « et vos frères, comment ils ont accepté le fait que vous fassiez du cinéma ? » Mais qu’est-ce que ça veut dire ? On est comme tout le monde, on vient d’une banlieue mais ça marche partout pareil. Je pense même que nous, les filles de « chez nous », sommes plutôt comme des Rebecca en puissance. On a un peu plus le droit de parole qu’ailleurs. Justement, on nous écoute. Et je pense que ça, les gens n’ont pas compris.

Malgré la Caméra d’or et le succès de Divines, tu veux quand même arriver à la Comédie-Française.
Mon premier amour, c’est le théâtre et je n’ai pas envie de lâcher ça. J’ai envie de faire partie des très grands. J’ai envie d’être une actrice hors du commun, d’emmener mon flow. J’ai envie d’arriver à la Comédie-Française, c’est un rêve de gamine et j’espère que je vais le réaliser.

Ça représente quoi, pour toi la Comédie-Française ?
Ça représente tout ce que je veux devenir, une technicité. On a envie de voir de la couleur à la Comédie-Française. Je viens apporter une petite touche de couleur.

Quand est-ce que tu vas passer le concours de la Comédie-Française ?
Je ne sais pas mais à ce qu’il paraît le directeur de la Comédie-Française regarde les interviews donc on ne sait jamais, si il regarde…

Tu n’es pas une bâtarde, tu es divine !
Ben ouais, je suis une divine, et plus jamais on ne m’appellera une bâtarde, parce que je suis divine !

Oulaya, c’est la fin du Gros Journal, on va aller sécher nos larmes, on va faire un tour à la Tour Eiffel, on peut aller voir Divines, parce qu’il est encore en salle.
Oui, j’ai envie de le revoir.

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