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Clique x Ernest Pignon-Ernest – Part. 2 : Le peintre

Revoir la première partie de notre entretien avec Ernest Pignon-Ernest.

Dans cette deuxième partie de son entretien avec Ernest Pignon-Ernest, Mouloud Achour l’interroge sur son oeuvre. L’artiste décrit son dernier travail, une grande image représentant Pier Paolo Pasolini, célèbre cinéaste et écrivain italien.

« (Pasolini) est un type essentiel. Je pense qu’il nous a alerté sur beaucoup de dérives. (…) Il annonce la déshumanisation à laquelle on assiste. (…) Il annonce Berlusconi. »

Interrogé par Mouloud sur son processus créatif, Ernest Pignon-Ernest parle d’un « malentendu » sur la notion de « street art » en général, label derrière lequel on trouve « tout et n’importe quoi » :  « Il y a beaucoup de merde aussi. Y’a des choses remarquables, inventives, des gens qui inventent une écriture avec le spray, avec la bombe. Et puis il y a des trucs un peu cons ».

« C’est pas parce que c’est dans la rue que c’est intéressant. »

Pour Ernest Pignon-Ernest, ses oeuvres sont avant tout les « lieux » dans lesquels il affiche ses dessins. Ces lieux, il dit les choisir selon une « appréhension plastique » du lieu. Il se documente et réfléchit à ces endroits d’exposition, allant jusqu’à étudier la matière des murs.

« L’inscription de mon image dans le lieu a pour objectif de le réactiver, d’exacerber tout son potentiel poétique et dramatique que j’ai étudié. »

Mouloud aborde ensuite la question du rapport entre hip-hop et street art. Si l’artiste dit ne pas très bien connaître la culture hip-hop, il affirme s’intéresser à ce qu’il voit sur les murs.

« Il y en a qui viennent poser des choses sur des murs comme s’ils allaient pisser dessus. Et d’autres pour lesquels on voit que leur façon de s’inscrire dans le lieu témoigne d’une compréhension de ce qu’il y a autour. »

Mouloud cite Azyle comme exemple de graffeur qui fait preuve d’une vraie démarche artistique, qu’Ernest Pignon-Ernest compare à celle de Claude Viallat et du mouvement Supports/Surfaces. « Et puis après c’est vrai qu’il y a des escroqueries, des banalités. C’est un phénomène de mode, donc les choses insignifiantes sont amenées à disparaître ».

À la question de la dernière « claque » prise en peinture, l’artiste évoque un classique : « Guernica », de Picasso, qu’il a vu pour la première fois l’année dernière. « Dans Guernica, on voit que Picasso se bat avec l’oeuvre, avec le sens, avec les problèmes plastiques que ça pose ».  C’est cette question du « processus » qui intéresse l’artiste, qui cite Eric Cantona dans « Looking For Eric« , film de Ken Loach dans lequel le footballeur dit que le meilleur moment de sa carrière était « une passe » et non un but.

« (Les responsables des arts plastiques) manquent d’ouverture. Ils sont alignés. Ils ont tendance à ne faire que conforter les choses reconnues par le marché. »

Ernest Pignon-Ernest n’est pas sur Instagram, à l’inverse d’un autre artiste qui travaille sur l’inscription d’images dans un lieu, JR. Ce dernier le cite d’ailleurs souvent comme inspiration. Mais Ernest Pignon-Ernest explique travailler différemment, « seul » dans son atelier, entouré de livres. Les deux plasticiens vont cependant probablement bientôt collaborer.

« Je suis d’un autre temps. Je n’ai une page Facebook que depuis cette histoire de censure. »

Pour la suite, Ernest Pignon-Ernest prévoit de travailler à Port-au-Prince, autour du syncrétisme entre chrétienté et vaudou, inspirés par les écrivains haïtiens. Il dit vouloir « aller coller dans une ville où les murs sont tombés ». En attendant, il souhaite surtout garder la santé nécessaire pour poursuivre ses projets les plus importants. Lesquels ? « Monter le Ventoux à vélo et continuer à travailler« .

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