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Arts
Par Adeline Grais-Cernea

CLIQUE FICTION : « Une Folle Envie de vous revoir » – épisode 1

« Une Folle Envie de vous revoir » est un feuilleton littéraire co-signé par Claire Lamotte et Adeline Grais-Cernea. En voici le premier épisode…

Épisode 1 – LUNDI 13 MAI

Francis Lamoureux,  rédacteur en chef de Ce Matin
Dans mes rêves, on m’interroge. On me demande si je suis amoureux. Je réponds oui, bien sûr. Mais pas de ma femme. Pas de Natacha mais d’une autre. Qu’importe, on ne m’a pas demandé de préciser. La réponse est positive mais le complément d’objet direct est mauvais. À vrai dire, tout le monde s’en fout. Vous vous êtes trompé dans l’aiguillage ? Vos curseurs se sont inversés ? C’est votre problème, contentez-vous de faire bonne figure, de répondre oui aux questions qui demandent une réponse positive et l’affaire est pliée. Je m’en sors parfaitement. On m’a juste mis du poil à gratter sous mon costume. Ma peau est irritée. J’ai belle allure, je me tiens droit, je donne le change mais si je pouvais, ah si je pouvais…je gigoterais comme un prince, je me débarrasserais fissa de mes habits et de ma civilité, je crierai à tue-tête: « Oh mon Dieu, comme vous me faites tous chier ! »

J’avoue, je suis de mauvaise humeur ce matin. C’est lundi, il est 6h30, je suis bloqué dans ce foutu métro qui est aussi endormi que moi. Je vais arriver en retard à la rédaction et je déteste ça. Ne pas réussir à entrer dans la grille de l’emploi du temps, à respecter l’horaire. Immédiatement, je vois une mise en page ratée. Là, une colonne déborde, ici manque un paragraphe et les coquilles s’éparpillent sur toute la longueur de la feuille. Natacha a peut-être raison. Nous sommes tous déformés par nos tics professionnels. Pour moi, le monde n’est plus qu’un vaste ensemble de mots confinés à ranger dans des cases.

Quand j’écoute Natacha, j’ai toujours l’impression qu’elle me donne une leçon. Sa science et son assurance que j’admirais autrefois me renvoient désormais sur les bancs de l’école. Natacha est professeur, de philosophie certes, ça compense, mais prof tout de même. Il faut toujours qu’elle ait le dernier mot.
Je ne devrais pas penser des choses pareilles, ça m’infantilise. Il est 6h40, l’heure tourne, contrairement au métro.

Je m’isole davantage sous la musique de mes écouteurs. Je tripote la peau autour de mes ongles. Je n’ai pas vu Louis ce matin avant de partir et j’enrage. Je n’ai pas pu me plonger dans sa douceur duveteuse, passer mes mains dans les trois cheveux qui lui poussent sur le caillou et l’entendre rire à mes blagues de papa. Noir, le wagon tangue, les visages des passagers se crispent, la lumière revient, le métro redémarre. Soupirs et soulagement général. Ébranlement dans mon cerveau, j’en profite pour remettre mes idées en place. Dans trente minutes, je serai au bureau de Ce Matin. Rapide scanner dans mon ciboulot. Je ressasse les dossiers chauds du moment, entre affaires de mœurs, faux débats et conflits interminables. Je sors ma tablette et vérifie l’avancement des uns et des autres. Mon téléphone vibre, j’écoute le message. Emma, la nouvelle stagiaire, est coincée en bas et attend mon arrivée. L’ascenseur ne peut monter sans la clef passe-partout des journalistes. Qu’est-ce qu’elle fout là, celle-là ? Francis a dû encore oublier de me prévenir. Monsieur prend ses aises, monsieur le rédacteur en chef adjoint est totalement désorganisé, monsieur le fayot, à force de croche-pattes, voudrait bien ma place. Il s’appelle comme moi, l’abruti. J’en changerais presque de prénom. Et si je prenais mon deuxième ? Jean, c’est plus solide, c’est net et carré. Croix dans ma tête, mémorandum : y penser pour ma prochaine vie. Un jour peut-être. Avec Carolina. Nouvelle croix dans ma tête, non, ne pas penser à Carolina de si bonne heure. Carolina est notre jeune fille au pair, elle est chilienne et, à mon grand étonnement, j’en suis bêtement amoureux. Je déteste vivre les clichés. Dans notre rubrique people, j’en ramasse à la pelle de ces histoires toutes faites. On ne couche pas avec la baby-sitter de son fils, voyons, à moins d’aimer les rouli-roula dans la fange commune. Je souhaitais m’épargner cette vulgarité-là. On écrit ces choses-là, on ne les vit pas. Un minimum de décence tout de même. En plus, elle parle à peine le français. C’est pire. Nous n’avons accès qu’aux regards échangés, aux frôlements entre deux portes, aux caresses volées par-dessus le bébé. Je suis obligé d’être vrai, de laisser mon corps parler avec elle et je suis à nu. Carolina est en France pour devenir comédienne. C’est la fille d’amis argentins.  Elle est à la maison depuis quatre mois, ce qui a permis à Natacha de retravailler et faire sa rentrée. Nous lui offrons le gîte et le couvert, plus un salaire de 400 euros.
Elle s’occupe de Louis pendant la journée. Son week-end et ses soirées lui appartiennent. Elle prend des cours de comédie le soir. C’est un bon arrangement, je trouve.

Carolina est une belle fille bien bâtie, mais elle boîte légèrement. Lors de son entretien d’embauche, je lui ai demandé ce qu’elle avait, si ça ne la gênerait pas pour sa future carrière. Encore une déformation professionnelle, j’ai tendance à être un peu franco avec les gens. Je l’interrogeais en espagnol pour être sûr d’être bien compris. Cette fois-là, c’est elle qui m’a déstabilisé. Non, pas du tout, m’a-t-elle répondu, au contraire, cela me distingue des autres. Sur scène, on ne voit que moi. J’ai insisté (je ne lâche jamais mes interviewés) : « Qu’est-ce que vous avez exactement ? » Je la vouvoyais encore. Elle a fini par céder : « J’ai une luxure à la hanche. » Je suis tombé amoureux de cette luxure, de ce mot érotique utilisé à mauvais escient, du léger déhanché de Carolina qui bouscule mes sens et déplace légèrement ma vision du monde. Je l’ai aimée immédiatement pour ce défaut. Arts et métiers, déjà ? Merde, j’allais en oublier mon arrêt. Sonnerie de la fermeture des portes. Je me précipite au dehors avant que les portes ne me cisaillent. Je marche dans la rue, la ville est encore endormie et appartient aux camions des éboueurs qui la sillonnent. Amnésie, ils chassent loin de nous les traces de la veille.

Hier encore, j’étais au théâtre avec Carolina, humant son parfum à la vanille.
Elle m’a serré la main pendant toute la représentation. J’étais un homme heureux. Natacha était restée à la maison avec Louis. La pièce était délicatement ennuyeuse, suffisamment en tout cas pour ne penser à rien. Seulement au plaisir d’être là, assis à côté d’une jeune fille. Il n’y avait pas d’intrigue sur le plateau, juste un soupçon d’histoire et encore si peu. Un androïde accompagne un mourant en lui récitant des poèmes. Le mourant meurt, on envoie le robot réciter ses poèmes ailleurs, là où personne ne va. Si ce n’est la mort. À Fukushima. Le robot était une femme, sa voix était ténue et monotone. J’étais bercé par la fadeur de sa berceuse. Aux applaudissements, seulement, je me suis rendu compte qu’elle n’était pas en chair et en os mais en boulons et en vis. Un vrai non être humain donc. Contrairement au comédien bien vivant qui scrutait la salle. À la recherche sûrement de la spectatrice qui coucherait avec lui le soir même. J’ai été surpris par la vulgarité de ma pensée après un instant si doux. Puis son regard s’est posé sur ma voisine. J’ai vu l’étincelle dans ses yeux, la reconnaissance d’une femelle qui lui plaisait. Ai-je rêvé ? Carolina a maintenu son attention tout au long des saluts. D’un coup, je me suis senti très seul.

Je remonte mon col, j’ai froid. J’arrive aux bureaux. La stagiaire est là dans le hall, elle m’attend devant les ascenseurs. C’est la deuxième fois que je la rencontre. Sa beauté ronde m’agresse. Cette petite blonde aux grands yeux bleus, on la dirait, toute droite tombée d’un tableau de Vermeer. Il n’y a pas à tergiverser pour savoir pourquoi Francis l’a recrutée.

– Vous n’avez pas croisé les femmes de ménage, dommage. Elles auraient pu vous offrir un aller-retour au desk. Emma, c’est ça ?

– Oui.

– Désolé, je ne savais pas que vous veniez.

Comme un con, c’est moi qui m’excuse. Je ne vais pas non plus lui demander pardon pour mon retard. C’est qui le chef ici ? Elle esquisse un sourire. Il est 7h20. Elle voudrait monter. Au troisième étage, je l’abandonne à son poste, histoire de voir un peu ce qu’elle a dans le ventre. Sait-elle ce qu’elle a à faire ? Non, bien sûr, ce con de Francis m’a refilé le gros bébé entre les pattes sans rien dire. Merci. Putain, j’ai la rage, ce matin, j’ai la rage. Sur la plateforme, ils sont déjà tous plantés devant leur ordi. Je m’installe à ma place habituelle, celle du père, en bout de table. Personne ne moufte. A la vue de ma tête, ils savent qu’ils n’en ont pas intérêt et chacun replonge dans son écran. Monsieur Pierre oscille de la tête sous son casque. Boris finit son petit déjeuner. Constance est déjà pendue au téléphone. Il ne manque qu’Anna. Je demande où elle est. On me répond « aux toilettes ». Je n’insiste pas, elle doit être en train de se piquer. C’est son heure fixe. Je n’embauche pas une toxico mais une femme qui cherche à avoir un bébé à tout prix. C’est sa cinquième FIV. Elle tombe enceinte mais les bébés ne s’accrochent pas à son ventre. Chaque fois, Anna disparaît plusieurs jours pour se remettre de sa énième fausse couche avant de recommencer de plus belle.

Bon, inutile de l’attendre, je lance la réunion pour connaître les sujets des uns des autres. Boris travaille sur le journaliste qui s’est fait défoncer la gueule hier par un tennisman. Il s’est pris sa raquette, il n’avait pas posé la bonne question au perdant. C’est bon, ça. Constance enquête sur la fermeture d’une fameuse boîte de nuit parisienne. Une histoire d’autorisation et de tapage nocturne qui camoufle un trafic de drogue. Je valide. Monsieur Pierre écrit sur la fin de l’euro. Je lui ris au nez. Il se fout de ma gueule ? C’est carrément #oldlink, non ? Non, c’était une blague. Plus sérieusement, il vient de découvrir que l’État français a liquidé définitivement tout le stock d’or restant. Comme si c’était le moment ! Ça sent le scoop, la journée n’est peut-être pas si mauvaise. Anna, revenue des chiottes, fait son papier sur le dernier scandale médical au sujet des pilules contraceptives tueuses. Je lui concède de guerre lasse. Impossible de toute façon de sortir cette femme de son délire monomaniaque. J’interpelle la stagiaire : que va-t-elle nous pondre pour la matinale ? J’aimerais qu’elle balbutie mais, non, le vilain petit canard a l’audace de me répondre qu’elle n’est au courant de rien, qu’il faudrait au moins lui donner des directives, ne seraient-ce des directions. En plus, elle a de la répartie. La chienne, elle m’énerve. Je la rabroue illico. C’est évident, non, elle est dans un comité de rédaction au service culture, elle va nous planter des choux, peut-être ? Silence. Constance me regarde, consternée. Anna pouffe de rire. Boris, chevaleresque, m’envoie un mail avec les brèves culture du jour. Monsieur Pierre lance les paris sur Twitter pour savoir quand je vais réussir à faire pleurer la nouvelle stagiaire. Ce ne sera pas pour tout de suite. Je lui commande un billet sur le prochain Pinocchio de Tim Burton avec rétrospective sur le traitement de l’intelligence artificielle au cinéma. Avec ça, au moins, elle ne se sera pas levée aux aurores pour rien. L’affaire est classée. Moi, je prends la part du chef et décide de boucler mon dossier sur le Madoff du vin, un négociateur qui a réussi à arnaquer tout Hollywood en vendant de la piquette pour des millions de dollars. Sur ce, je déclare la réunion terminée et je me mets au travail.

Je me prends d’affection pour mon revendeur de rouges, le docteur Conti. Il appâtait ses clients en leur faisant boire des grands crus, leur en offrait quelques magnums et puis changeait les étiquettes au moment de l’achat. Il a fini par être condamné pour fraude et contrefaçon. Son système était pourtant imparable. Seulement, il n’avait pas imaginé que ses acheteurs étaient susceptibles d’ouvrir et de boire ses bouteilles. J’adore les escrocs, leur séduction, leur magie. Encore une fois, la déception des victimes ici n’est pas tant liée à l’argent perdu qu’à la chute de leur héros. À la révélation que les mensonges auxquels ils voulaient tant croire n’étaient au bout du compte que du vent. D’après moi, c’est comme l’amour. On ne demande qu’à être berné.

Le bureau se remplit peu à peu. Il est bientôt neuf heures et l’ensemble de l’équipe rejoint notre noyau de base. Ce con de Francis vient me saluer.

– Il paraît que tu maltraites ma stagiaire pendant mon absence ?

– Tu aurais pu me prévenir qu’elle remplaçait Jennifer.

– Je t’ai laissé hier un message sur ton répondeur, tu ne l’as pas eu ?

– Non, désolé, j’étais au théâtre.

– Ce n’est pas une raison pour tout oublier. Je te revaudrai ça.

– C’est ça. À charge de revanche.

Ce tas plein de soupe retourne à son bureau écrire sur ce qu’il appelle culture, autrement dit un ramassis de merde en boîte télévisuelle pour cerveau disponible. Je suis coincé, c’est peut-être bien grâce à ces articles que le journal se vend encore. Ca attire la pub et le fric. Je profite d’un tour à la machine à café pour vérifier mon portable. Vois alors son message. Comment ai-je pu le louper ? Je ne tourne vraiment pas rond. Je vais pisser un coup. Je renverse mon café dans le lavabo. Triple crottes ! Il y a des matins où il vaudrait mieux rester couché. La peau de mon cou me pique. J’aurais dû me raser. Si seulement je n’avais pas été si à la bourre. J’ai mal dormi. Après le théâtre, nous nous sommes disputés avec Carolina sur les strapontins de la ligne 13.

– Non mais t’as vu comme il te regardait !

– Qui ?

– Le mec sur scène.

– Tu rigoles ? Impossible, il est japonais.

– Et alors ?

– T’as déjà vu un Japonais draguer ?

– Non. Mais ne sois pas raciste, il est comédien, ça compense.

– Ah t’es trop drôle, il suffit qu’un type croise mon regard et tu es jaloux.

En trois mois, Carolina a fait des progrès fulgurants en français. Il n’y a plus d’excuse du barrage de la langue entre nous,  plus de malentendu possible et ça m’énerve.

– Je ne suis pas jaloux, c’est faux. Fais ce que tu veux. Tu apprends ton métier, je comprends très bien que pour percer il faut que tu fasses la pute.

– Parfois, t’es vraiment con, Francis.

Je l’ai blessée. Nous n’avons plus rien dit jusqu’à la maison. Carolina est montée dans sa chambre de bonne, j’ai retrouvé Natacha et Louis. Je me suis molletonné le soir dans la tiédeur confortable de mon foyer. Ma femme m’a félicité pour accompagner notre jeune fille au pair au théâtre. « C’est sympa de s’occuper de son initiation. » J’ai préféré changer de sujet. On a regardé ensemble un Bergman. J’ai essayé de lui faire l’amour, avant la fin du film. Ça n’a pas marché. Treize mois après son accouchement, ça lui fait encore mal. Je le soupçonne de se planquer derrière ce prétexte. Quand on a eu un accident de voiture, plus vite on reprend le volant et mieux c’est, non ? À moins de vouloir se créer un bon traumatisme bien pourri pour toujours et ne plus avoir envie de baiser. Ça m’a fait débander. Elle est revenue à la charge pour s’excuser. J’ai débandé davantage. Je n’en avais que faire de sa pitié. Elle s’est endormie. Désolée, je suis crevée, m’a-t-elle dit avant de glisser dans sa nuit. Moi, je suis allé pioncer sur le canapé. Au moment où je commençais à fermer l’œil, Louis s’est mis à hurler. 4 heures du mat. C’était mon tour de biberon. Je me suis levé, je l’ai pris dans mes bras. Tout ira bien, mon bébé. Sa boule chaude m’a rassuré. Je l’ai bercé. Il a mis un temps fou à boire ce foutu lait. De toute façon, j’avais renoncé à l’idée d’un possible sommeil. Demain, je serai d’humeur exécrable, tant pis. Demain, c’est maintenant et mon pronostic est confirmé. Je suis aussi détendu qu’un bouledogue affamé. Je pars m’excuser auprès de Francis.

– Désolé, vieux, je viens seulement de voir ton message.

– Pas de problème. Je comprends, t’as l’air un peu surmené en ce moment.

– C’est bon, arrête de baver sur ma place. Tu finiras par l’avoir à force de lécher les bottes de la direction.

– T’énerves. Allez, tu connais ton gage ? C’est toi qui fais la petite annonce du cœur du jour, on n’en a pas aujourd’hui. Et on est quitte.

Au journal, sur la page des petites annonces, nous avons une rubrique personnelle. Parfois, quand je suis désespéré, je me demande si ce n’est pas ce qui est le plus suivi. La plupart du temps, nous les inventons. « La lune est presque pleine ce soir, c’est mieux que rien, mais pas assez pour voir ce que tu caches. » Ou bien encore : « Concert Dionysos, théâtre antique. Vous, pantalon bleu, haut bleu, blanc, rouge, cheveux longs, merveilleuse…Folle envie de vous revoir…Le mec des lilas ».
J’ai joué le bon perdant, j’ai serré la main à ce connard et j’ai accepté ce job de bas étage. En ce moment, j’ai l’impression de passer ma vie à tromper les uns les autres et à m’excuser. Je ne dirige plus rien. Je me suis coltiné le message personnel. Je n’ai pas eu à chercher bien loin. Il est sorti tout seul, aussi fulgurant qu’une vengeance :

« Clappement des mains, ton regard contre le mien, un éclair puis la nuit. Toi surélevé sur scène, moi au troisième rang. Vertige des sens. Rendez-vous au square des papillons, demain, 13h. Me reconnaîtras-tu ?»

 

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