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Société
Par Jalal Kahlioui

Après le drame d’Orlando, elle quitte la NRA, le lobby pro-armes américain

Sarah Boyle est américaine, bisexuelle et faisait partie de la NRA - principal lobby en faveur du port d’armes aux États-Unis. Jusqu’au drame d’Orlando de dimanche dernier. Dans une tribune publiée sur le site du média américain Fusion, la jeune femme explique comment elle a décidé de quitter l’association la plus influente du pays.

Sarah a grandi à Richmond, en Virginie. Toute sa jeunesse, elle a été au contact des armes à feu, dans cette région où se côtoient fermiers et chasseurs de cerfs. C’est tout naturellement qu’elle a appris, dès son plus jeune âge, à manier un fusil. « J’ai d’abord appris à tirer avec des carabines à air comprimé, puis avec des fusils et des pistolets. Pour mes 21 ans, mon père m’a offert un pistolet Ruger Mark II 22/45. »

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Sarah Boyle a décidé de quitter la NRA après l’attentat d’Orlando. 

Dans cette tribune, l’américaine explique son rapport à la National Rifle Association, ou NRA. Son amour des armes et sa fréquentation assidue du stand de tir situé près de chez elle l’ont amené à travailler en 2008 et ce pendant deux ans, de 2008 à 2010, pour l’association la plus puissante d’Amérique.

Plus qu’une association, la NRA est un acteur à part entière de la vie politique américaine. Son cheval de bataille : la préservation du deuxième amendement de la Constitution, qui autorise ses citoyens à porter des armes presque en toutes circonstances. La NRA défend un droit mais aussi et surtout un business : dans son article pour Les Échos, la journaliste Lucie Roquebain indique que l’on dénombre près de 357 millions d’armes à feu sur le territoire américain pour une population de 320 millions. Au-delà de ces chiffres, le premier lobby d’Amérique est capable de faire perdre une élection aux candidats, généralement démocrates, qui se montreraient trop réfractaires à la libre circulation des armes à feu.

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Dans sa campagne électorale de Donald Trump n’a pas hésité à prêter allégeance à la NRA. 

Sarah ne regrette pas sa période à la NRA. « C’était un environnement de travail aussi professionnel qu’inhabituel. Pratiquement tous les jours, les gens apportaient des armes au bureau et les montraient à tout le monde (…) J’aimais travailler pour la NRA ».

Même si elle était employée et « encartée » au sein du lobby, Sarah confie ne pas avoir été toujours très à l’aise avec le discours de la NRA selon lequel il faudrait « plus de gens bien avec des armes ». Les doutes au sujet de la NRA émergent chez Sarah en 2012, lors de la tuerie de l’école primaire de Sandy Moon à Newton (Connecticut) qui a causé 28 morts dont 20 mineurs.

« J’ai commencé à croire qu’il y avait des endroits où les armes n’avaient pas leur place, que certaines personnes ne devraient pas pouvoir acheter et posséder des armes, que certaines armes ne devraient pas être à la vente ».

Quelques heures avant le drame d’Orlando, qui a fait 49 victimes parmi la communauté LGBT, venues se divertir au Pulse, une boîte emblématique de la ville, Sarah battait le pavé à la gay-pride de Washington – même si elle avoue ne pas avoir, au cours de sa vie, affirmé sa bisexualité autant qu’elle l’aurait voulu. Et alors que le monde apprenait avec effroi la tuerie des 50 personnes, les tentatives d’explications se sont succédées. Celles de la NRA étaient attendues par Sarah :

« La NRA, une organisation que j’ai supportée financièrement, politiquement, émotionnellement a attendu trois jours pour réagir à la tuerie et sa déclaration n’a porté que sur le danger de ‘l’islam radical’ ».

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Chris Cox est le directeur exécutif de la NRA.

Dans sa tribune publiée dans USA Today, Chris Cox – directeur exécutif de la NRA – n’a pas évoqué une seule fois l’appartenance des victimes à la communauté LGBT :

« En omettant cela, il a supprimé une part importante de leur identité. C’est un coup de gomme facile, qui fait l’impasse sur la haine que notre communauté endure ».

Dans son discours, aucun doute ni remise en question de la part de la NRA, sur le thème du libre port d’armes. Cette position n’a pas laissé le choix à Sarah Boyle, qui a décidé de quitter le navire après de nombreuses années de cotisation. Le choix et le texte de cette femme incitera peut-être d’autres membres à réfléchir sur leur engagement auprès de la NRA. Le lobby compte, aujourd’hui, près de 5 millions de membres.

La tribune est disponible en intégralité et en anglais sur le site de Fusion.

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