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Clique x Golshifteh Farahani

Actrice iranienne à la beauté solaire, Golshifteh Farahani est une icône qui a subjugué toute notre équipe. Première comédienne de son pays à tourner à Hollywood (Mensonges d’État avec Leonardo di Caprio et Pirates des Caraïbes 5 – la Revanche de Salazar en 2017), elle s’est attirée les foudres de son gouvernement pour s’être affranchie du voile et avoir milité pour les droits de la femme.

Désormais en exil, Golshifteh a passé plusieurs années à Paris avant de choisir de partir vivre ailleurs. Elle est à l’affiche de Go Home (sortie le 7 décembre) ; à cette occasion, elle s’est entretenue avec Mouloud Achour sur sa carrière, ses combats, la place des femmes en France, en Iran et même aux États-Unis. L’actrice a fait passer ses messages avec une intensité rare – et une touche d’humour désarmante. Subjugués, on vous dit.

 

Mouloud : Tu es la première actrice iranienne à avoir tourné à Hollywood avec Di Caprio. Maintenant, il y a une loi Golshifteh en Iran. C’est vrai ?
Golshifteh Farajani : Ce n’est pas à mon nom ! Ils ne disent que « Golshifteh ». C’est une loi dans le sens où si des artistes veulent travailler hors d’Iran, ils ont besoin d’une permission.

Tu aurais pu choisir d’aller aux Etats-Unis, tu vas jouer dans le prochain « Pirates des Caraïbes », mais tu décides de venir ici.
Quand j’ai quitté l’Iran, j’ai cherché un peu partout. Je suis allée en Californie, en Egypte,  à Berlin…Partout. Je suis restée quelques mois aux Etats-Unis, mais je sais que je ne peux pas vivre là-bas. La consommation, la société et le capitalisme dépassent mes limites. De toutes les façons, je pense que je vais finir par vivre dans la nature, avec un jardin et une chèvre.

Quand tu vas aux États-Unis, as-tu l’impression d’être dans un pays libre ?
Pas du tout. Aux États-Unis, c’est une blague. Regardez l’élection de Trump. Des fois, je me demande quelle est la différence entre les Etats-Unis et l’Iran. Ils parlent de l’avortement de la même façon.

Il y a un truc que j’aime beaucoup chez toi. Quand tu rigoles, c’est toujours triste dans le fond. Il y a toujours du sens. Et quand tu fais des choses également. Par exemple, on est dans une époque où il suffit d’aller sur Internet ou de regarder un clip à la télévision, pour voir des femmes nues. Toi, quand tu prends une photo nue, ça a un sens. Est-ce que tu peux nous expliquer cette photo de toi nue et les conséquences ?
C’est drôle, parce que si j’étais une femme française, née en France, j’aurais pu tout faire, sans que ça résonne. Je ne serais pas devenue un symbole ou une rebelle. J’aurais juste été une actrice qui fait un truc. Des fois, je me demande quel est le problème d’humanité avec les femmes, leurs corps et leur apparence, leur existence. Pour moi, l’histoire du burkini, c’est la même chose.

C’est quoi ?
On a des problèmes avec Daech : on attaque les femmes sur la plage. Quel est le rapport ? Pourquoi quand on est furieux, on a peur ? Pourquoi attaque-t-on toujours les femmes ? Pourquoi n’attaque-t-on pas les hommes ?

Tu as grandi en Iran. Le voile, c’est quelque chose que tu as vu chez les femmes. Comment est-ce que tu vois la façon dont on parle des femmes voilées en France ?
C’est triste, parce que je suis en exil à cause de ça. Si j’étais un homme, j’aurais pu vivre en Iran, sans problèmes. Mon équivalent, un acteur homme, n’aurait pas eu les mêmes problèmes que moi. Le voile, c’est vraiment l’un des gros problèmes de ma vie. C’est vrai que j’ai vécu avec en Iran, mais je ne suis pas née avec, je n’aime pas être voilée. Parce que c’est imposé. Notre problème en France, ce n’est pas une femme voilée dans la rue. C’est pareil en Iran. Le problème, ce ne sont pas mes seins et mon corps. Mais ça devient un problème. Et je me demande pourquoi.

Quand tu feras la promotion de « Pirates des Caraïbes 5 », pourras-tu toujours parler de ça ?
Ils ne me demandent pas d’en parler. Ils me demandent plutôt de parler de la copine de Johnny Depp. Ici on me demande mon avis sur Daech, les femmes et tout ça, là-bas, on me demande de parler des gossip.

Là, tu joues dans un film qui s’appelle « Go Home », j’ai une question très stupide : ça veut dire quoi « Home » pour toi ?
« Home », c’est la grande recherche de ma vie. Où est ma maison ? C’est très drôle parce qu’on a l’impression que la maison, ce sont les murs. La maison, c’est tout ce qu’il y a à l’intérieur. J’ai perdu ces murs-là. Mais j’essaye de retrouver l’espace, à l’intérieur. Cet espace perdu, mais sans les murs. Les murs peuvent être bombardés comme en Syrie. J’essaye de construire une maison invisible, sans murs. Comme ça, personne ne peut me la reprendre.

Dernière question, c’est quand la dernière fois que tu as pleuré au cinéma ?
Vous allez rigoler, je regarde des dessins-animés et je pleure. Je les regarde peut-être 100 fois. Et je pleure 100 fois. Et à chaque fois j’espère que ce personnage ne va pas mourir. Chaque fois je me dis que ce sera différent.

Moi, tu m’as fait pleurer dans « Go Home ».
Vraiment ?

Oui, c’est un très beau film.
Merci. Oh, c’est bien.

-Je suis content de t’avoir vu.
Et moi aussi.

Vous n’êtes pas Libanais ?
Non, Algérien. On n’est pas parfait.

Ah, dommage !

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