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Arts
Par Laura Aronica

Bill Gates : multimilliardaire, philanthrope et… critique littéraire influent

Longtemps, pour partager ses coups de coeurs littéraires, Bills Gates s’est cantonné aux mails. Il envoyait de courtes recommandations, de temps en temps, à ses proches et à ses collègues. Et puis en 2010, le co-fondateur de Microsoft a ouvert son blog, « Gates Notes ». Depuis bientôt six ans, il y commente l’actualité, rend compte de l’activité de sa fondation Bill & Melinda Gates à laquelle il consacre désormais le plus clair de son temps, et diffuse ses conseils littéraires aux internautes.

Grand lecteur (il lirait 50 livres par an), Bill Gates a toujours annoté ses livres. Plus ils l’agacent, raconte-t-il, plus il noircit leurs marges. Mais sur son blog, il ne parle que des ouvrages qu’il apprécie. Il privilégie les essais, comme « Pourquoi l’université coûte-t-elle si cher ? » de Robert Archibald et David Felman, ou « Faut-il manger de la viande ? » de Vaclav Smil, mais chronique également des romans et ses lectures de plage. Récemment, il recensait ses meilleurs livres de l’année 2015.

Parfois enrichies de vidéos où il se met lui-même en scène, d’interviews d’auteurs, voire de graphiques, ses chroniques sont courtes et didactiques. « Je sais que la plupart des gens ne liront pas leurs livres en entier, mais iront parcourir plus volontiers une recension de 800 mots » écrit-t-il à Katherine Rosman, journaliste du New York Times qui n’espérait pas de réponse à son long mail, envoyé comme une bouteille à la mer.

« Gates Notes » est bien sûr une vitrine, reflet de l’image de grand philanthrope que l’homme s’est construit au fil des années, mais aussi un espace (relativement) intime où Bill Gates célèbre les 90 ans de son père avec un montage vidéo et partage les photographies de 24 ans d’amitié avec le célèbre milliardaire Warren Buffet, qui lui dispute depuis des années le titre de personnalité la plus riche du monde. Pour autant, la section « Livres » reste la plus populaire du site.

Evan Thomas a pu en faire l’expérience. Grâce à sa demi-douzaine de livres à succès, ce biographe des Présidents américains est déjà dans le giron des prestigieux New Yorker, Washington Post et consorts. Mais lorsqu’en décembre dernier, Bill Gates a publié un élogieux billet à propos de sa dernière biographie qui retrace le parcours du Président Nixon, l’effet a été immédiat : « Les ventes du livre ont bondi », raconte l’écrivain au New York Times.

Alors que l’animatrice-star de télévision Oprah Winfrey a mis un terme à son « Club littéraire » en 2011, certains voient en Bill Gates le renouveau d’une critique en mal de prescripteurs « mainstream ». Les éditeurs, désormais conscients du phénomène, se bousculent à sa porte. En vain, car il n’en fait qu’à sa tête. « On laisse les livres sur le bureau et il pioche ce qu’il veut », expliquait un collaborateur à une attachée de presse, mandatée par une maison d’édition. Elle aura peut-être plus de chance avec Mark Zuckerberg. Depuis un an, le fondateur de Facebook distille lui aussi des conseils bi-mensuels, qu’il publie directement sur son profil.

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