L'ALBUM DU JOUR : The Jackson 5, "Christmas Album"
Pour beaucoup, les fêtes de fin d’années signifient retrouvailles en famille. Et en prison alors ? C’est une période particulièrement difficile pour les détenus, même si des efforts sont faits… Peut-on parler de fête en prison ?
"Les colis permettent de se mettre dans un monde un peu festif, on reçoit des chocolats ou du saucisson. Les familles essaient de marquer le coup", confie Christophe de La Condamine, aujourd’hui membre du Conseil d’administration de l’O.I.P.Le risque ? "Se faire racketter, car en détention, n’importe quel objet suscite l’envie". Un air de Noël La plupart des maisons d’arrêt améliorent quelque peu les repas du midi des 25 décembre et 1er janvier, mais il faudra le manger dans sa cellule. "On recevait une petite pâtisserie avec la gamelle. Mais on le payait immédiatement, puisque le soir on avait juste une tranche de jambon et une macédoine de légumes", se souvient l'ex-détenu de la maison d'arrêt de Saintes. L’administration pénitentiaire fait aussi quelques efforts, elle augmente le nombre de produits "cantinables" (ceux que les détenus peuvent acheter à l’aide d’un catalogue appelé "la cantine") et installe quelques sapins à l’entrée des quartiers. Au mois de décembre, le Secours catholique apporte les traditionnelles boîtes de chocolats et un peu de papiers à lettre pour que les détenus écrivent à leurs proches. Il peut aussi parfois offrir des colis de Noël aux détenus n’ayant plus de famille. "Cette année, le Secours Catholique va par exemple distribuer 80 colis ici", explique Paul Genoulaz, l’aumônier catholique de la maison d’arrêt de Varces (Isère). Période à risque Les associations essaient d’organiser plusieurs animations : concerts, spectacles pour les enfants dans les Unités de visites familiales (des appartements réservés aux familles pour 6 à 72 heures que l’on trouve dans les centres pénitentiaires, pour ceux qui ont écopé de très longues peines). La Croix-Rouge achète aussi des cadeaux pour que les pères puissent les donner à leurs enfants au parloir. Les aumôniers mettent en place plusieurs événements comme la messe de Noël, et prend le soin d’être un peu plus présent pour les détenus. "C’est une période très sensible pour les détenus, surtout quand c’est leur premier Noël en prison, tous les souvenirs remontent à la surface. En tant qu’aumônier, on essaie d’apporter un peu d’humanité", assure Paul Genoulaz. L’aumônier rend alors visite aux détenus qui le demandent, et devient souvent un confident pour eux.
"Nous veillons aussi à détecter si certains prisonniers vont vraiment mal, dans un but de prévention des suicides", confie l’aumônier.Cette année en tout cas, Christophe de La Condamine, ex-détenu, passera Noël en famille, loin des barreaux de la maison d’arrêt de Saintes, et autour d’un grand repas. "Mais bien sûr, j’aurais une pensée pour ceux qui ne sont pas encore sorti, et qui passerons les fêtes en cellule". "Journal de Taule", de Christophe de La Condamine (Éd. L'Harmattan, 2011)