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Dans une Amérique où le couple hétérosexuel est utilisé comme arme médiatique en politique, le cas d’Harris Wofford, homme blanc issu de l’élite américaine, ouvre une brèche dans le tabou que représente le changement d’orientation sexuelle.
Harris Wofford en compagnie de John Fitzgerald Kennedy.
Avec des mots simples, Harris Wofford évoque son histoire d’amour avec son épouse Clare, leur rencontre lors de la seconde guerre mondiale, son soutien pendant sa campagne pour le Sénat en 1991. À ce sujet, il ajoute même avec un brin de tendresse « Si elle avait été candidate à ma réélection, elle aurait gagné ». On apprend aussi comment Bill Clinton, alors Président des Etats-Unis, avait appelé le couple à l’hôpital peu avant le décès de Clare en 1996.
Au décès de son épouse, l'homme s’estime chanceux d’être encore très bien entouré par ses amis et sa famille (le couple avait eu trois enfants), d’avoir encore des responsabilités au sein de la maison blanche avec notamment une mission pour la promotion du service civique. Mais il se demande comment il allait aborder sa vie depuis la disparition de sa femme. Il avait perdu tout espoir de retrouver un jour l’amour à 70 ans.
Mais cinq ans plus tard, alors qu’il nage dans la baie de Fort Lauderdale en Floride pendant ses vacances, Harriss fait la rencontre de Matthew. Un homme beaucoup plus jeune que lui, avec qui le contact passe tout de suite très vite malgré les 50 ans qui les séparent. Très vite, les deux hommes apprennent à se connaître durant leurs longs voyages en Europe, lorsqu'un beau jour l’amitié naissante laisse place à l’amour.
Si l’annonce à ses enfants et à ses proches a été moins compliquée que prévue pour Harris, le nonagénaire raconte que les réactions quand à sa nouvelle union ont été mitigées au départ. « Pour certains, notre union est tout à fait naturel, pour d’autres, elle apparait comme une étrange surprise, mais la plupart ont pu voir la force de nos sentiments et notre dévotion l’un pour l’autre. »
À quelques jours de son mariage, Harris Wofford avoue dans cette tribune qu’il ne pensait pas un jour assister à la légalisation du mariage pour tous aux États-Unis ( autorisé depuis le 26 juin 2015 dans tout le pays ). Il concède d’ailleurs lui même son pessimisme injustifié à ce sujet. « Pendant longtemps je ne pensais pas que le mariage pour tous aurait été possible à notre époque. J’avais faux, et je n’aurais pas du être si pessimiste », lui qui a assisté en première ligne au combat pour les droits civiques.
Dans cette tribune accordée au New-York Times, le nonagénaire aborde avec simplicité et courage la question du changement public d’orientation sexuelle aux États-Unis. Il dénonce aussi l’inflexibilité ambiante qui rend, selon lui, tout questionnement ou potentiel changement impossible.
«Trop souvent, nos sociétés cherchent à étiqueter les gens en les plaçant dans des cases - hétérosexuels, homosexuels, ou entre les deux. Je ne m’estime pas appartenir aux genres de ceux que j’aime».Photographie à la Une ©Tom Gralish.