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Société
Par Inès Bouchareb

SOS MÉDITERRANÉE : rencontre avec Sophie Beau, co-fondatrice de l’ONG

Faire face à la détresse des réfugiés avant même leur arrivée en Europe, et pallier les naufrages de migrants incessants en mer Méditerranée : tel est l'objectif de cette jeune ONG, tout juste créée. La Française Sophie Beau et l'Allemand Klaus Vogel se sont alliés pour lutter contre le nombre de morts grandissant au large des côtes européennes.

Klaus Vogel, co-fondateur, avec vous de SOS Méditerranée, est un capitaine au long cours, familiarisé avec la situation des migrants durant ses voyages en mer. Comment l’avez-vous rencontré ?
Nous nous sommes rencontrés à travers une connaissance commune. Klaus, de nationalité allemande, était capitaine de porte-containers et moi j’avais déjà travailler au sein d’ONG, telles que Médecins Sans Frontières ou Médecins du Monde, en tant que responsable de programmes d’action sociale et humanitaire.

Comment avez-vous, tous deux, décidé de vous dédier à cette cause ?
En novembre 2014, à la fin de l’opération Mare Nostrum, Klaus a prédit une hécatombe en Méditerranée et a décidé d’agir. Il a quitté son poste de capitaine pour se dédier entièrement à la mise en place d’un dispositif de sauvetage en Méditerranée. Cette opération Mare Nostrum, militaire et humanitaire, visait à secourir en mer les immigrés clandestins. Elle était menée par la marine de guerre italienne depuis octobre 2013, suite au drame de Lampedusa : le naufrage d’une embarcation transportant environ 500 migrants clandestins africains. 

Et vous ?
Les phénomène de naufrages en Méditerranée attirent ma vigilance depuis 2005. Le problème, c’est qu’aucune ONG n’a les moyens ni l’expertise d’affréter des bateaux pour ces sauvetages. Depuis l’hiver dernier, Médecins du Monde -qui collabore avec nous- se pose la même question : que faire en Méditerranée ? Klaus et moi partageons la même éthique, les mêmes convictions. Nous avons tous les deux décidé de nous baser sur la société civile, et d’alerter les opinions publiques de nos pays respectifs, la France et l’Allemagne, sur le drame qui prend place en Méditerranée. Nous pensons que si les gens sont choqués, l’État agira différemment.

Que pensez-vous du manque de réactivité des autorités européennes ? Qu’il ait fallu une photo du petit Aylan Kurdi pour que les États agissent ?
Je n’ai pas de commentaire à faire là-dessus. Nous sommes une organisation apolitique qui cherche à mobiliser, tout court. Après le drame d’Aylan Kurdi, tout a démarré très vite. Je pense que nous avons nous-mêmes réagi trop tard.


Vidéo de présentation de SOS Méditerranée

Pouvez-vous nous décrire le déroulement d’un sauvetage ?
C’est un dispositif que l’on veut mettre en place entre l’Italie du Sud et la côte libyenne, une zone où il y a beaucoup de morts. Les embarcations quittent la Libye pour se retrouver sans fioul au large de la Méditerranée. Aujourd’hui, les migrants ont des téléphones satellite pour signaler aux autorités italiennes de secours leur position. Ces gardes-côtes italiens reçoivent ces appels et analysent ainsi la zone de l’imminent naufrage, repèrent les bateaux alentours et sollicitent leur assistance, obligatoire d’après le code international maritime.

Nous, nous aimerions pré-positionner des bateaux au plus près des zones de détresse, dans les eaux internationales. Frontex (l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’UE, NDLR) pré-positionne ses bateaux sur les côtes, et met donc 8 à 10 heures pour arriver sur place !

Évidemment, ils arrivent souvent trop tard, et toutes les morts ne peuvent être comptabilisées.

Quels sont les moyens nécessaires pour financer ces sauvetages ?
Pour mettre ce projet en oeuvre et assurer un dispositif pérenne, il nous faudrait 3 millions d’euros par an. Aujourd’hui, sur Ulule (le premier site de financement participatif européen, NDLR), nous avons récolté presque 100 000 euros en 5 jours, notre premier objectif ! En soutien à notre projet, Ulule ne prendra aucune commission sur le montant que nous récolterons. 100 000 euros, ça représente un mois de location d’un bateau vide. Nous avons déjà repéré un bateau qui conviendrait à nos missions. Il a une capacité de 400 personnes, dans un espace couvert. 

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Le Markab, un bateau pour les opérations de sauvetage. (Infographie SOS Méditerranée) 

Et après le sauvetage ?
Les bateaux accostent en Italie, aux ports indiqués par les autorités. Notre deuxième objectif, une fois arrivés sur la terre ferme, est de protéger et accompagner les migrants, en association avec Médecins du Monde. On ne sait cependant pas s’ils seront renvoyés dans leur pays d’origine.

NDLR : durant les 20 minutes de cette interview, SOS Méditerranée a reçu une quinzaine de chèques de donateurs.

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